Les âmes du Purgatoire 

selon :
l'abbé Schouppe/le dogme du Purgatoire.
http://jesusmarie.free.fr/purgatoire_schouppe_le_dogme_du_purgatoire.html
et
http://jesusmarie.free.fr/purgatoire.html
et
l'abbé Rossignoli /les merveilles divines dans les
âmes du purgatoire.
http://jesusmarie.free.fr/purgatoire_rossignoli_les_merveilles_divines.html
et 
l'abbé Louvet /le Purgatoire d'après ,les révélations des saints.
http://jesusmarie.free.fr/purgatoire_louvet_les_revelations_des_saints.html





Ste Thérèse avait coutume de dire que tout ce qu’elle demandait à Dieu par l’intermédiaire des fidèles trépassés, elle l’obtenait.

31550C

 « Quand je veux obtenir sûrement une grâce, 
disait Ste Catherine de Bologne, j’ai recours à ces âmes souffrantes, afin qu’elles présentent ma requête au Seigneur, et la grâce est toujours accordée. »

Elle assurait même qu’elle avait reçu par leur entremise bien des faveurs qui ne lui avaient pas été accordées par l’intercession des Saints.


Il y a notamment certaines faveurs temporelles qui semblent être plus particulièrement réservées à ces âmes :

la guérison d’une maladie grave, la préservation d’un danger physique, moral ou spirituel, le mariage et l’entente dans les foyers, trouver un travail…


Dieu, sachant combien les hommes attachent de prix à ces biens de second ordre, les a mis, pour ainsi dire, à la disposition des âmes souffrantes, afin de nous inciter par là à leur procurer les plus abondants suffrages.

Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi nos prières contre celles de nos frères les morts. Admirable don de la Providence et mystère de la Communion des Saints ! En même temps que nous les soulageons par nos prières et que nous les délivrons du purgatoire, ils offrent à Dieu pour nous, leurs mérites acquis sur la terre et nous recevons ainsi, des bénédictions spirituelles et temporelles.

Le mois de novembre : le mois des morts



Vous pouvez commencer ces lectures et prières
 début novembre pour le mois qui leur est concerné
Soit : le 25 novembre pour terminer le plus grand jour de la libération des âmes du purgatoire : NOËL
Soit : au décès d’une personne aimée
Soit : lorsque vous vous y sentirez appelé…

L’origine du mois des morts remonte jusqu’à la loi ancienne, jusqu’au peuple d’Israël. Ce peuple, en effet, qui seul possédait alors le véritable esprit de Dieu, ne se contentait pas de proclamer dans ses livres inspirés que c’était une simple et salutaire pensée de prier pour les morts, mais il voulut encore régler le temps et la durée de cette prière.

C’est pourquoi il fut établi que le deuil ne serait achevé, dans chaque famille, que lorsque chaque mort aurait été pleuré pendant un mois entier. Ainsi, après le trépas du patriarche Jacob, ses fils le pleurèrent et firent des prières pendant trente jours

. Novembre; C’est par excellence le mois de la charité et de la reconnaissance, le mois des vivants et des morts, le mois véritablement libérateur ! Enthousiasmée par ces motifs, une Sainte s’écriait en commençant les exercices du mois de novembre : « vidons le purgatoire ! » Ayez à cœur de soulager beaucoup d’âmes du purgatoire pendant ce mois de bénédictions qui leur est consacré ! N’oubliez pas ce devoir.

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DIALOGUES EN VERT
JUGEMENT DE DIEU EN BLEU
PAROLES DE COLERE ET AUTRES


Le jugement de Dieu



  J’ai lu, dans la vie des Pères du désert, qu’un religieux nommé Etienne, fut transporté en esprit au jugement de Dieu ;

 il était sur son lit de mort, réduit à l’agonie, lorsqu’on le vit se troubler et répondre à un interlocuteur invisible ; ses frères en religion qui l’environnaient en priant, entendaient avec terreur ses réponses.- >>

J’ai fait telle action, c’est vrai, mais je me suis imposé tant d’années de jeûne. 

Je ne conteste pas ce fait, mais j’ai pleuré cette faute pendant tant d’années. 


Ceci est vrai encore, mais en expiation j’ai servi le prochain trois ans.



Puis après un moment de silence :>>
Oh ! pour ceci, je n’ai rien à répondre ; vous m’accusez à juste titre, et je n’ai rien à dire pour ma défense, que de me recommander à la miséricorde infinie de Dieu. >>

Saint Jean Climaque, qui rapporte ce fait, comme témoin oculaire, nous apprend que ce religieux avait passé quarante ans dans son monastère, qu’il avait le don des langues et plusieurs autres grands privilèges ;

 qu’il se distinguait entre tous par la régularité de sa vie et les rigueurs de sa pénitence, et, après cela, il conclut en ces termes : <<malheur à moi !que deviendrai-je et que puis-je espérer, misérable que je suis, si l’enfant du désert et de la pénitence reste sans défense devant quelques fautes légères ? 


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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Le tableau maudit




Un peintre de grand talent, d¹une vie exemplaire d¹ailleurs, avait cédé sur ce point à l¹entraînement du mauvais exemple ; depuis, il avait complètement renoncé à ces malheureuses représentations, et ne faisait plus que des images de sainteté. 

En dernier lieu, il venait de peindre un grand tableau dans un couvent de Carmes déchaussés, quand il fut atteint d¹une maladie mortelle ; 

il demanda au Père Prieur la faveur d¹être enterré dans l¹église du monastère, 
et légua à la Communauté le prix assez élevé de son travail, à la charge pour les religieux d¹acquitter des messes pour lui.

   Il y avait quelques jours qu¹il était mort dans la paix du Seigneur 
lorsqu¹un religieux qui était resté au choeur après les matines, le vit apparaître tout éploré, et se débattant au milieu des flammes :
" Eh quoi ! c¹est vous qui êtes ainsi punis pour avoir vécu en si bon renom de vertu ? "

"  Lorsque j¹eus rendu l¹âme, répondit le patient, je fus présenté au tribunal du Juge, et aussitôt je vis déposer contre moi plusieurs personnes qui avaient été excitées à de mauvaises pensées et à de mauvais désirs, par une peinture immodeste que j¹ai faites autrefois. A cause de des fautes, elles étaient condamnées au Purgatoire, 

mais ce qui était bien pis, j¹en vis d¹autres sortir de l¹enfer, pour déposer contre moi, à la même occasion ;
 elles déclaraient que, puisque j¹étais la cause de leur perte éternelle, j¹étais digne au moins de mêmes châtiments ;

 alors sont descendus du ciel plusieurs saints qui ont pris ma défense ;

 ils ont présenté au Juge que cette malheureuse peinture était une oe¦uvre de jeunesse, que j¹avais expiée depuis lors par une foule d¹autres travaux à la gloire de Dieu et de ses saints, ce qui avait été pour beaucoup d¹âmes une source de grande édification

Le souverain Juge, après avoir pesé les raisons de part et d¹autre déclara qu¹à cause de mon repentir et de mes autres bonnes ¦oeuvres,

 je serais exempt de la peine éternelle mais, suis condamné à souffrir dans ces flammes, jusqu¹à ce que la maudite peinture soit brûlée de manière à ne plus scandaliser personne. 

Allez donc de ma part, chez le propriétaire du tableau, dites-lui en quel état je me trouve, pour avoir cédé à ses instances, et conjurez
-le d¹en faire le sacrifice. 

S¹il refuse, malheur a lui ! en preuve que tout ceci n¹est pas une illusion, et pour le punir lui-même de sa faute,

 sachez, mon père, qu¹avant peu, il perdra ses deux enfants, et s¹il refuse d¹obéir aux ordres de celui qui nous a créés l¹un et l¹autre, il ne tardera pas à le payer d¹une mort prématurée. "

 Le possesseur du tableau, en apprenant ces choses, le saisit et le jeta au feu : 

néanmoins selon la parole su Seigneur, il perdit en moins d¹un mois ses deux enfants, et le reste de ses jours, il s¹appliqua à faire pénitence de la faute qu¹il avait commise tant en commandant qu¹en conservant chez lui cette maudite peinture.

   Cette histoire est tirée de Rossignoli. Les merveilles du Purgatoire, XXVe merveille ; il l¹avait trouvée lui-même dans le P. Joachim de Jésus-Marie, de la Chasteté, liv. IV, ch. IX.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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La religieuse qui se martyrisait.





Voici l’histoire authentique d’une âme rappelée du jugement de Dieu, par une faveur toute spéciale, pour recommencer son épreuve terrestre ;

 il s’agit de la vénérable Angèle Tholoméi, religieuse dominicaine, et sœur du Bienheureux de ce nom.

Elle avait grandi dans la vertu, et par sa fidélité à correspondre à la grâce, elle était parvenue à un degré de perfection remarquable, lorsqu’elle tomba dangereusement malade ; 

son frère l B. Jean-Baptiste Tholoméi, qui était déjà puissant en œuvres devant Dieu, ne put, malgré ses instantes prières obtenir se guérison ; 

elle reçut donc avec piété les derniers sacrements et un peu avant d’expirer elle eut une vision : 

elle vit la place qui lui était réservée en Purgatoire, en punition de certains défauts qu’elle n’avait pas assez corrigés pendant sa vie ;

en même temps elle eut une vue d’ensemble du Purgatoire, et des différents supplices que les âmes y endurent ;après cela elle mourut en se recommandant aux prières de son saint frère.

Pendant que l’on portait son cadavre pour l’enterrer, le B. Jean-Baptiste s’approcha du cercueil, et au nom de N.-S. Jésus-Christ, commanda à sa sœur d’en sortir ; aussitôt elle s’éveilla comme d’un profond sommeil, et revint à la vie.

Cette âme sainte racontait du jugement de Dieu des choses qui font frémir ;mais ce qui, plus que tout le reste, prouvait la vérité de ses paroles, ce fut la vie qu’elle mena depuis ; sa pénitence était vraiment effrayante ; 

non contente des industries ordinaires aux austérités des saints, des veilles, des cilices, des jeûnes, des disciplines, 


elle avait inventé des secrets pour martyriser son corps ;pendant l’hiver, elle se plongeait jusqu’au cou dans un étang glacé, et y demeurait de longues heures à réciter le psautier, 

d’autre fois elle se jetait dans les flammes, et s’y roulait jusqu’à ce que sa chair fût toute brûlée ; son pauvre corps était devenu objet d’horreur et de pitié ; on la blâmait hautement, mais comme elle ne s’en inquiétait guère, et se contentait de répondre à ceux qui trouvaient qu’elle en faisait trop :

<< Ah ! si vous connaissiez la rigueur des jugements de Dieu, vous ne parleriez pas ainsi !qu’est ce que cela ? Qu’est-ce que cela ? Je voudrais en faire cent fois davantage. >>

Après quelques années passées dans ces terribles pénitences, elle fut appelée pour la seconde fois devant son Juge, et nous pouvons espérer qu ‘elle le trouva moins sévère, puisque l’Église, en la proclamant vénérable, a déclaré qu’elle avait pratiqué les vertus chrétiennes à un degré héroïque.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints



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l'empereur iconoclaste



. Nous lisons dans Gennade(Defensio concilii Florentini, sect. V) que l’empereur de Constantinople Théophile, iconoclaste et hérétique endurci, obtint ainsi un jugement favorable, grâce aux prières réunies de la pieuse impératrice Théodora et du patriarche saint Méthode ; ce trait est trop consolant pour que je ne le rapporte pas ici.


L’Empereur Théophile fut un des iconoclastes les plus acharnés, et des persécuteurs les plus odieux de l'Église catholique. 

Sa femme l'impératrice Théodora, se consumait en jeûnes et en prières pour obtenir sa conversion; 
elle fut exaucée; sur la fin de sa vie l'empereur détesta ses erreurs, et mourut dans de vrais et profonds sentiments de pénitence. Après sa mort Théodora pria et fit prier beaucoup pour le repos de son âme.

L’Empereur Théophile lui apparut couvert de chaînes, et traîné par une troupe de démons, 
au tribunal de Dieu ; tous avaient à la main des instruments de torture ; en même temps, il lui semblait qu’elle même suivait ce triste cortège, en essayant, mais en vain, d’arrêter la rage de ces mauvais esprits.

On arriva ainsi devant le tribunal du Juge ;
 celui-ci avait un visage irrité et les démons lui présentèrent le malheureux, en demandant à grands cris une sentence de condamnation contre le persécuteur qui avait versé le sang des saints. 

Alors Théodora, s’approchant du trône à son tour, se jeta aux pieds du Christ, lui représentant humblement la pénitence de son mari à l’heure de la mort, les prières qu’elle ne cessait d’offrir et de faire offrir chaque jour pour le repos de cette âme ; 

soudain le regard du juge s’adoucit : << Femme, répondit-il, votre foi est grande : mulier, magna est fides tua ;votre époux avait mérité d’être condamné, mais, à cause de vous, en considération des prières de mes prêtres, je lui accorde sa grâce. >>
Puis s’adressant aux exécuteurs de sa justice ;

<< Déliez-le commanda-t-il, et rendez-le à sa femme. >>

Le lendemain matin ,l’impératrice raconta ce songe au saint patriarche Méthode, qui avait beaucoup souffert de l’empereur à cause de sa foi, et qui s’en vengeait en évêque, multipliant ses prières et ses bonnes œuvres pour Théophile. 

Or, cette même nuit, il avait eu un songe, lui aussi ; il lui semblait être dans l’église de Sainte-Sophie, lorsqu’un ange lui apparût et lui dit : 
>> Tes prières, ô pontife, ont été exaucées, et Théophile a obtenu sa grâce. >>

Le lendemain matin, il s’était rendu à l’église et y avait trouvé la confirmation de sa vision ;il avait la pieuse coutume d’écrire sur un petit livret les noms des principaux iconoclastes, et de déposer ce livre sur l’autel, pour les recommander à Dieu en offrant le divin sacrifice ;

 l’empereur était naturellement en tête de cette liste ; or, ce jour-là, son nom se trouva miraculeusement effacé ;on eut ainsi la plus grande assurance possible que l’empereur Théophile, malgré ses fautes, avait trouvé un jugement miséricordieux, grâce aux prières que l’on avait offertes pour lui.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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Le soldat et le tribunal de Dieu



Les révélations des saints, d'accord en cela avec les sculpteurs de nos vieilles cathédrales, sont pleines de récits qui nous montrent ces deux esprits en présence au Tribunal de Dieu. Je choisis, parmi ces révélations, celle qui fut accordée à sainte Brigitte (Révél., liv. VI, ch. Xxxv).

Il s'agit d'un soldat dont elle vit l'âme comparaître devant son juge, au moment de la mort.  
Cet homme avait pratiqué plusieurs vertus pendant sa vie ; il était charitable, priait souvent et avec ferveur, et, au milieu de la licence des camps, il s'adonnait au jeûne et à la mortification ; néanmoins, il avait aussi bien des fautes à se reprocher, comme on va voir.

  La sainte aperçut son âme au tribunal de Dieu, ayant à sa droite son ange gardien qui lui servait d'avocat, et, à sa gauche, le démon qui faisait la fonction d'accusateur, accusator fratrum, comme l'appelle saint Jean dans l'Apocalypse ; celui-ci lui reprochait particulièrement trois fautes :

 premièrement, d'avoir péché par les yeux, en regardant avec complaisance des nudités et autres objets dangereux ; deuxièmement, d'avoir péché par la langue, en prononçant des paroles obscènes, des jurements et des malédictions ; troisièmement, de s'être souillé de toutes sortes de luxure et de larcins.

  L'ange gardien rapportait, pour sa défense, les actes de vertu qu'il avait accomplis pendant sa vie, et particulièrement sa tendre dévotion à la très sainte Vierge, dévotion qui lui avait valu, à l'heure de la mort, la grâce de la contrition.

La cause ainsi entendue, le souverain juge prononça la sentence ; il fit grâce à cet homme de l'enfer ; mais il le condamna à un long et douloureux purgatoire, 
et déclara que l'expiation serait conforme aux fautes commises. 

Alors, la Mère des miséricordes se présenta, demandant à son Fils un adoucissement à tant de supplices ; elle rappelait que ce soldat s'était toujours montré son dévot serviteur, et qu'il jeûnait régulièrement la veille de ses fêtes.

 Notre Seigneur, à la prière de sa mère, adoucit la rigueur de sa sentence,
et il ajouta que, pour obtenir la délivrance complète de cette âme, il faudrait beaucoup de prières, d'aumônes et de pénitences

. Cette histoire m'a paru digne d'être rapportée ici tout au long. On la trouve dans le benedictin Aymon (Histoire des Français, liv. IV, ch. XXIV).

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Le pieux ermite

Un évêque de Poitiers, nommé Ansoald, avait fait le voyage en Sicile pour s'occuper des affaires de son église ; à son retour, une tempête furieuse l'assaillit dans la Méditerranée, et le jeta dans une petite île à moitié déserte ;


 il y trouva un pieux ermite, avec qui il s'entretint longtemps des choses de Dieu et de la félicité des saints ; à la fin, la conversation tomba sur le pays d'où il venait, et sur le roi de France, Dagobert, dont le prélat fit le plus magnifique éloge ; l'ermite l'interrompant :  " Vous paraissez ignorer, dit-il, que depuis votre départ de France, ce prince est passé à une vie meilleure. "


L'évêque paraissant tout surpris de cette nouvelle, le solitaire, pour le convaincre, lui rapporta une vision qu'il avait eue, quelque temps auparavant. " Un matin, fatigué d'une longue veille passée en prières, je m'étais endormi, lui dit il ; soudain, je vois paraître devant mes yeux un vénérable vieillard qui me prend par le bras, me secoue et m'éveille en me criant :
vite, debout, levez-vous et mettez-vous en oraison afin d'implorer la divine miséricorde pou le roi Dagobert, dont l'âme a paru aujourd'hui devant Dieu ; je me lève, je commence à prier, 

lorsque j'aperçois tout à coup, sur les flots de la Méditerranée, une troupe de démons conduisant le roi dans une barque et se dirigeant vers le volcan de Stromboli, d'où s'élancent continuellement des flammes et de la lava ; en même temps ils le poussaient, le frappaient, le torturaient de toutes les manières ; 
le malheureux prince invoquait avec des gémissements, les saints patrons de France, saint Denys, saint Maurice et saint Martin, les suppliant de se souvenir des magnifiques églises qu'il leur avait bâties de son vivant et de le secourir en cette extrémité.

  Un moment après, le ciel se couvre de nuages, la foudre éclate, les démons sont renversés, et l'on voit apparaître tout brillants de la gloire des bienheureux les trois saints que le roi avait invoqués
: Oh ! qui êtes-vous, s'écrie-t-il d'une voix suppliante, venez-vous enfin à mon secours ? —  Nous sommes les martyrs, Denys et Maurice, et celui-ci est l'évêque Martin de Tours : parce que tu nous as invoqués, et que de ton vivant tu t'es montré notre fidèle serviteur, nous venons, à ton appel, te tirer des mains des démons et te conduire à l'éternité bienheureuse.  

Aussitôt, malgré les cris de rage des esprits infernaux, ils leur arrachent leur victime encore toute tremblante, et, plaçant le prince au milieu d'eux, ils l'emportent au ciel en chantant : Beatus quem elegisti et assumpsisti, Domine ; inhabitabit in atriis tuis, replebitur in bonis domus tuæ. "

Tel fut le récit du solitaire ; l'évêque, étant rentré dans son diocèse, fit connaître cette vision ; on remarqua qu'elle correspondait justement à la mort de Dagobert ; c'est pourquoi on grava toute cette histoire sur le marbre de son tombeau où je l'ai vue et où chacun peut la voir aussi.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints



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La pêcheresse abandonnée.

Une sainte religieuse, nommée sœur Catherine de Saint-Augustin, avait l'excellente dévotion de prier pour tous les défunts qu'elle avait connus sur la terre ; or, en son pays, vivait une femme de mauvaise vie, nommée Marie ; les scandales de cette malheureuse étaient tels que les habitants de l'endroit, indignés de sa conduite, la chassèrent du pays.

 Elle se retira dans les bois, et au bout de quelques mois mourut sans assistance et sans sacrements dans une grotte abandonnée ; on traita son cadavre comme celui d'une bête morte, et on l'enterra dans un champ sans aucune prière ; personne ne doutait que la vieille pécheresse, après une pareille fin, ne fût irrémédiablement damnée, aussi on ne pensa pas à prier pour elle, et la sœur Catherine pas plus que les autres ; quatre ans se passèrent ; au bout de ce temps, la sœur aperçut un jour une âme du Purgatoire qui lui dit en gémissant :

  " Sœur Catherine, je suis bien malheureuse ; vous avez la charité de recommander à Dieu tous ceux de votre connaissance qui viennent à mourir, il n'y a que moi pour qui vous ne priez pas ! "  —  

" Eh ! qui êtes-vous donc ? "  —  " Je
suis cette pauvre Marie, qui mourut seule dans la grotte. "
— " Eh ! quoi, Marie, vous êtes sauvée ! "  —

  " Je suis sauvée par l'intercession de la vierge Marie.  Qui me vis près de la mort, seule, sans aucun secours spirituel ni corporel, considérant en même temps le nombre et l'énormité de mes péchés,

 je me tournai avec confiance vers la mère de Dieu, et je lui dis :  ô ma reine, vous êtes le refuge des pécheurs et des délaissés ; vous voyez qu'en ce moment suprême, je suis abandonnée de tout le monde, vous êtes mon unique espoir ; 
vous seule pouvez me secourir ; ayez pitié de moi, je vous prie. 

La bienheureuse Vierge exauça ma prière, et m'obtint la grâce de la contrition parfaite, 

c'est ainsi que je mourus et que je fus sauvée.  Cette divine Mère ne borna pas là ses miséricordes ; quand je comparus au jugement devant Dieu, elle obtint de son Fils que ma peine dans le Purgatoire serait considérablement abrégée ; 

mais comme la justice de Dieu ne peut plus rien relâcher de ses droits, j'ai souffert en intensité ce que j'aurais dû souffrir en durée ; présentement, je n'ai plus besoin que de quelques messes, et aussitôt qu'on les aura dites,

 je serai délivrée de toutes mes peines ; soyez assez charitable pour les faire célébrer pour moi, et je vous promets, quand je serai au ciel, de prier sans cesse Dieu et Marie pour vous. " 

 Sœur Catherine s'empressa de faire dire les messes demandées, et quelques jours après, cette âme bienheureuse lui apparut montant au ciel, et la remercia de sa charité.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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la rigueur des châtiments

. On lit dans la vie de la vénérable Agnès de Jésus, 
religieuse dominicaine, que pendant plus d'une année elle s'imposa de grandes pénitences et adressa à Dieu beaucoup de ferventes prières pour le repos de l'âme du père de son confesseur, le Père Panassière.

 Cet homme lui apparaissait souvent, sollicitant instamment ses suffrages ; 


un jour il lui appliqua simplement la main sur l'épaule, et c'en fut assez pour qu'elle ressentît pendant plus de six heures les ardeurs intolérables du Purgatoire.

 Il fut enfin délivré après treize mois de tortures ; sur quoi les auteurs des mémoires sur la vie de la Mère Agnès font remarquer la rigueur des jugements de Dieu : c'est homme avait vécu saintement dans le siècle ; c'était un confesseur de la foi, car il avait été rudement éprouvé par les protestants de Nîmes, jusque-là qu'on s'était emparé de ses biens, qu'on l'avait jeté en prison et vexé de toutes manières ; 

avant de mourir il avait supporté avec patience une longue et douloureuse maladie, et nonobstant tant de mérites acquis, nonobstant les jeûnes, les prières, les disciplines de la charitable Agnès, nonobstant les messes nombreuses célébrées par le Père Panssière, son fils, il resta ainsi plus d'un an livré à d'effroyables tortures


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints

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" Maudit soit celui qui fait l'œuvre de Dieu négligemment".


. Voici un exemple plus remarquable encore. Pendant
que cette même Mère Agnès était Prieure de son couvent, une de ses religieuses, nommée sœur Angélique, vint à mourir, et le lendemain, le confesseur de la communauté ordonna à la Mère d'aller prier sur son tombeau ;

 elle y fut aussitôt, et se trouvant là, seule, à genoux, pendant la nuit, elle fut saisie d'une frayeur subite ; c'était vraisemblablement l'ennemi des âmes qui voulait détourner la Prieure de son charitable office ;

 mais habituée depuis longtemps à ses ruses, elle tint ferme, et offrit à Dieu cet effroi comme expiation, lui représentant, en même temps, que ce n'était pas la curiosité mais l'obéissance qui la portait à s'enquérir de l'état de cette âme et que, puisqu'il lui avait plu de la faire bergère de cette pauvre brebis, il était naturel qu'elle s'en mît en peine après sa mort.

 A l'instant elle vit devant elle la défunte, en habit de religieuse, et elle sentit comme une flamme ardente qu'on lui portait au visage. Alors la sœur, avec une grande humilité, lui demanda pardon des peines qu'elle lui avait causées pendant la vie, et à la mort, la remerciant de l'assistance qu'elle avait bien voulu lui donner.

 La Mère Agnès, de son côté, lui demandait pardon, toute confuse, prétendant dans son humilité ne lui avoir pas rendu tous les offices auxquels elle était tenue, par sa charge de supérieure. Cependant la sœur Angélique la remerciait en particulier de ce que souvent, pendant sa vie, elle lui avait répété cette parole des saints livres : " Maudit soit celui qui fait l'œuvre de Dieu négligemment".

Elle l'invitait en même temps à continuer de former les sœurs à servir Dieu avec diligence, et à l'aimer de tout leur cœur. "Si on pouvait comprendre, lui dit-elle, combien grands sont les tourments du Purgatoire, on serait toujours sur ses gardes".
(Vie de la V. Mère Agnès de Jésus, IIIè part., chap. X)


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints

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"Secourez-moi, ma sœur, secourez-moi dans les affreux supplices que j'endure 

Une religieuse dominicaine, nommée sœur Paule était morte à Mantoue,
après une longue vie sanctifiée par les plus excellentes vertus. Le corps avait été porté à l'église et placé à découvert dans le chœur, au milieu de religieuses ; or, pendant que l'on chantait le Libera pour l'absoute, selon les rites de la sainte Église, la bienheureuse Etiennette Quinzana, qui était liée d'une étroite amitié avec la défunte, s'agenouilla auprès de la bière, et se mit à recommander à Dieu son amie, avec toute la ferveur dont elle était capable. 

Mais voici que, tout à coup, la défunte laissant tomber le crucifix qu'on lui avait mis entre les mains, étende la main gauche, et saisissant la main droite de la bienheureuse, la serre avec tant de force qu'on ne peut lui faire lâcher prise. Pendant plus d'une heure, ces deux mains restèrent étroitement serrées ; en même temps, la sœur Etiennette entendait au fond de son cœur une parole non articulée qui disait :

"Secourez-moi, ma sœur, secourez-moi dans les affreux supplices que j'endure ; oh ! si vous saviez la rage de nos ennemis invisibles à l'heure de la mort, et la sévérité du Juge qui veut notre amour, avec quel soin les moindres fautes sont discutées, et quelle expiation on est condamné à en faire avant d'arriver à la récompense ! si vous saviez comme il faut

être pur pour obtenir la couronne immortelle ! priez bien pour moi maintenant ; placez-vous entre la justice de Dieu et les fautes de sa servente : priez, priez et faites pénitence pour moi qui ne peux plus m'aider".

Toute la communauté voyait avec stupéfaction cette étreinte des deux mains, bien que personne n'entendit les plaintes de la défunte ; enfin le supérieur intervient et, au nom de l'obéissance, commanda à sœur Paule de lâcher Etiennette. Aussitôt la morte obéit, et sa main retomba inanimée dans son cercueil.

 L'histoire de la bienheureuse rapporte qu'elle fut fidèle à la prière de son amie ; elle se livra à toutes sortes de pénitences, d'œuvres satisfactoires, jusqu'à ce qu'une nouvelle révélation vînt lui apprendre que sœur Paule était enfin délivrée de ses supplices et admise dans la gloire.



Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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La vigne du Seigneur

Cornélie Lamprognana était une sainte femme 
qui vécut à Milan, à l'imitation de sainte Françoise Romaine, dans la profession parfaite des trois états de vierge, d'épouse et de veuve ;
 elle était très étroitement unie par une amitié surnaturelle, avec une religieuse du tiers-ordre de Saint-dominique ; un jour qu'elles s'entretenaient ensemble des choses de l'autre vie, elles se promirent que, si Dieu l'agréait, la première qui mourrait apparaîtrait à l'autre.

 Cinq ans après cette promesse, Cornélie fut appelée au tribunal de Dieu, et au bout de trois jours elle apparut à sa compagne agenouillée dans sa cellule au pied d'un crucifix. - "O Madame Cornélie, que je suis heureuse de vous revoir ! dites-moi bien vite où vous êtes placée ? sans doute vous êtes déjà dans le sein de ce Dieu que vous serviez avec tant de zèle et d'amour ?" - 

"Pas encore, répondit l'âme ; oh ! combien les jugements de Dieu sont différents de ceux des hommes ! je suis retenue dans le lieu de souffrances, et j'y dois rester encore quelque temps, en expiation des fautes de ma vie, qui aurait pu être plus fidèle et plus fervente".

 Puis prenant son amie par la main, elle ajouté : "Venez avec moi ; vous verrez des choses surprenantes". Elles arrivèrent dans un vaste jardin tout rempli de vignes en fleurs ; des caractères étaient gravés sur chaque feuille. "Lisez, dit l'apparition".

 La sœur se pencha et à sa grande surprise, elle lut sur ces feuilles ses propres fautes, ces imperfections de chaque jour. Stupéfaite, elle demandait ce que cela signifiait.
"Il n'y a point, ma sœur, à vous étonner ainsi, reprit la défunte ; n'avez-vous pas lu bien des fois les paroles de Notre Seigneur à la Cène : Je suis le cep et vous êtes les branches ?

 Chacune de nos actions bonnes ou mauvaises est une feuille de cette vigne mystique ; pour entrer au ciel, il faut de toute nécessité que les feuilles du mal soient effacées ou consumées par le feu : mais, ma chère sœur, consolez-vous ; en y regardant de près, vous verrez qu'il vous reste peu à effacer, car vous avez fidèlement persévéré dans vos promesses virginales, et vous avez servi votre bon Maître de votre mieux : 

vos manquements sont encore nombreux cependant, mais pas autant que les miens, parce que j'ai parcouru sur la terre des états bien différents : vous allez vous en convaincre de suite".

Elles firent quelques pas en avant, et se trouvèrent de nouveau dans un endroit rempli de vignes qui serpentaient de toutes parts, en sorte que les feuilles couvraient le sol ; la sœur s'approchait avec empressement pour voir ce qui était écrit sur ces feuilles.

 "Arrêtez, lui dit son amie, mon divin Sauveur ne veut pas que vous connaissiez à cette heure toutes mes offenses ; il m'épargne cette confusion. Lisez seulement ce qui est tout de près de vous". 

Elle regarde, et voit les manquements dans le saint lieu, les irrévérences, les distractions, les discours inutiles tenus à l'église. - "O bon Jésus, s'écria la religieuse, comment faire pour anéantir tout cela ? Pourquoi, après vos communions, vos confessions si fréquentes, les indulgences que vous avez dû gagner, vous reste-t-il encore à expier tant de fautes ,"

 - "Votre réflexion est juste, mais il faut savoir que, par tiédeur et par routine, je n'ai pas tiré tout le fruit que je devais de mes communions et de mes confessions : 

quant aux indulgences, j'en ai gagné très peu, trois ou quatre au plus, par suite de mes distractions habituelles et de mes manques de ferveur. 
Il faut donc que je fasse maintenant la pénitence que je n'ai pas faite alors que cela m'était si facile."



Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints

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 "depuis un an, je suis retenue dans le lieu des expiations "

Deux saintes vierges, la vénérable Catherine Paluzzi,
fondatrice d'un couvent de dominicaine dans le diocèse de Nerpi (Etats Romains), et une religieuse nommée Bernardine, très avancée, elle aussi, dans les voies intérieurs, étaient liées l'une à l'autre d'une de ces amitiés surnaturelles qui prennent racine au fond des âmes chrétiennes, et qui, dans les desseins de Dieu, servent si merveilleusement à faire progresser dans la piété ceux qui sont appelés. L'historien de la vénérable compare ces deux

belles âmes à deux charbons enflammés qui se communiquent leurs ardeurs, et encore à deux lyres accordées pour résonner ensemble et faire entendre un hymne d'amour perpétuel en l'honneur du Seigneur ; ainsi ces deux excellentes religieuses s'excitaient l'une l'autre à servir leur divin Époux, et, comme ces amitiés toutes célestes ne sauraient être brisées par la mort, 

elles s'étaient promis de diminuer à s'aimer et à s'assister mutuellement après la vie, 
ajoutant qu'avec la permission de Dieu, celle qui serait entrée la première dans son éternité apparaîtrait à l'autre, pour lui faire connaître son sort et l'instruire des mystères d'outre-tombe.

 Ce fut Bernardine qui fut appelée devant Dieu la première ; après une douloureuse maladie, chrétiennement supportée, elle mourut, en promettant à Catherine de venir l'instruire de ce qu'elle serait devenue après son jugement.

 Les mois se passèrent, les semaines s'accumulèrent, rien n'annonçait que la défunte se souvint de sa promesse. Cependant Catherine redoublait de prières, conjurant nuit et jour Notre Seigneur d'avoir pitié de son amie, et de lui permettre de venir la visiter, comme Bernardin le lui demandait sans doute, car elle était trop fidèle pour oublier sa promesse.

 Un an s'écoula ainsi. Le jour anniversaire de la mort de Bernardin, Catherine était recueillie dans l'oraison, lorsqu'elle aperçut un puits, d'où s'échappaient des torrents de fumée et de flammes, puis elle vit sortir de ce puits une personne d'abord tout environnée de ténèbres : peu à peu l'apparition se dégagea de ces nuages, s'éclaira, et enfin parut brillante d'un éclat extraordinaire. Dans cette personne, Catherine reconnut alors son amie, et courant à elle : - Comment êtes-vous restée si longtemps sans m'apparaître, lui demanda-t-elle ? 
D'où sortez-vous ? Que signifie ce puits, cette fumée enflammée ? Est-ce que vous achevez seulement aujourd'hui votre Purgatoire ?" - "Il est vrai : depuis un an, je suis retenue dans le lieu des expiations ; répondit l'âme, et ce n'est qu'à cette heure que je vais être introduite dans la céleste Jérusalem ; pour vous, persévérez dans vos saints exercices, et sachez que vous êtes très agréable à Dieu, et qu'il a sur vous de grands desseins".


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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La Vénérable au Purgatoire



L'an 1208 de N.-S. vivait, dans un village de la province de Liège, une sainte veuve très aimée de la vénérable Marie d'Oignies.

Cette femme tomba malade et fut bientôt à la mort. La vénérable accourut à son chevet pour l'assister et l'encourager à bien mourir. O prodige ! en entrant dans la chambre de la malade,

elle aperçut la Mère de Dieu, assise à côté du lit, et prodiguant à la mourante les soins les plus empressés, jusque-là qu'avec un éventail elle rafraîchissait son front embrasé des ardeurs de la fièvre. 

Les démons se tenaient à la porte, armés de tous leurs pièges pour assaillir cette âme d'élite, et tâcher de la faire tomber ; pais l'apôtre saint Pierre les mit tous en fuite, et la malade mourut dans le baiser du Seigneur.
 Après sa mort, les merveilles continuèrent ; pendant la

cérémonie des funérailles, la vénérable Marie d'Oignies vit la très sainte Vierge, accompagnée d'une troupe de vierges qui, partagées en deux chœurs, chantaient l'office des défunts auprès du saint corps ; elle vit Notre Seigneur lui-même présider à la cérémonie des funérailles et faire officiant à la place du prêtre.
 Qui n'aurait cru après cela qu'une âme ainsi favorisée était déjà entrée dans la béatitude ?

 Mais, ô jugements de Dieu, qui vous êtes redoutables ! La vénérable s'étant retirée dans son oratoire, après ces glorieuses funérailles, pour remercier Dieu des grâces qu'il avait accordées à sa servante, fut ravie en extase ; elle vit l'âme de la pieuse veuve portée en Purgatoire, et condamnée à de dures expiations, pour être purifiée de plusieurs imperfections. 

Épouvantée, elle se hâta d'avertir les deux filles de la défunte, vierges pleines de vertus ; toutes trois s'unirent pour satisfaire à la justice divine par de ferventes prières, des aumônes, des jeûnes et de grandes mortifications ; ce ne fut qu'au bout d'un temps assez long que cette sainte âme apparut de nouveau à Marie d'Oignies, et lui apprit qu'elle était enfin délivrée de ses souffrances, et qu'elle allait entrer dans les joies de la Béatitude sans fin. Après cet exemple qui ne tremblerait pour lui-même ?


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints



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3 MESSES MANQUANTES


Dans le couvent des frères Mineurs de Paris, mourut un saint religieux, que sa piété éminente avait fait surnommer angélique ; un de ses confrères, docteur en théologie, très versé dans la spiritualité, omit de célébrer les trois messes d'obligation que l'on doit dire pour chacun des frères défunts.

 Il lui semblait que c'était faire injure à la miséricorde et à la justice de Dieu que de prier pour un religieux si saint, qui devait être, pensait-il, au plus haut degré dans la gloire. Mais voilà qu'au bout de quelques jours, comme il se promenait en méditant dans une allée du jardin, le défunt se présente à lui tout environné de flammes, et lui crie d'une voix lamentable : 

"Cher maître, je vous en conjure, ayez pitié de moi." - "Eh quoi ! âme sainte, quel besoin avez-vous de mon secours ?" - "Je suis retenu dans les feux du Purgatoire, dans l'attente de trois messes que vous deviez célébrer pour moi ; si vous vous étiez acquitté de cette obligation, je serais déjà dans la Jérusalem céleste". 

"Je l'aurais fait avec bonheur, si j'avais pu penser que vous en eussiez besoin ; mais en songeant à la vie sainte que vous meniez parmi nous, je m'imaginais que vous étiez déjà en possession de la couronne de vie.

 N'étiez-vous pas le premier et le plus édifiant au chœur, au chapitre, à l'oraison ? Y avait-il un seul point de la règle auquel vous ne fussiez pas scrupuleusement fidèle ? Chacun vous admirait et vous prenait pour modèle, 

estimant que s'il pouvait vous imiter, il arriverait d'emblée à la perfection de la vie religieuse. Mais en outre de vos obligations, ne vous imposiez-vous pas des prières, des pénitences sans nombre qui faisaient de votre vie un acte de vertu continuel ? non, je n'aurais

pu m'imaginer qu'il y eût encore à s'inquiéter de vous".
"Hélas, hélas, reprit le défunt, personne ne croit, personne ne comprend avec quelle sévérité Dieu juge et punit sa créature. 

Son infinie sainteté découvre dans nos meilleures actions des côtés défectueux, par où elles lui déplaisent. Les cieux mêmes ne sont pas exempts d'imperfections devant lui ; comment l'homme le serait-il ? Il faut lui rendre compte jusqu'au dernier denier, (usque ad novissimum quadrantem).

"Au reste cette justice rigoureuse n'est encore que de la miséricorde, puisqu'elle nous assurer la possession de cette éternité de délices, qu'on ne saurait acheter au prix de trop de sacrifices et de trop de souffrances. 

Nous ne nous plaignons que de nous-mêmes dans le Purgatoire ; si avec toute votre science, vous aviez mieux compris la sainteté infinie de Dieu, vous ne m'auriez pas traité avec tant de rigueur".

Le bon religieux se mit aussitôt en devoir de célébrer les trois messes demandées, et le troisième jour, cette âme bienheureuse lui apparut pour le remercier ; l'épreuve était finie, la récompense allait commencer.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints



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" Un ecclésiastique fut puni plus rigoureusement encore ;


il est vrai que sa faute était beaucoup plus grave (Voir Hortus pastorum, tract. VI ,cap. ii.) qu’il ne voulût pas connaître sa position (par une illusion trop commune aux ministres du sanctuaire), soit qu’il fut sous l’empire de ce fatal préjugé qui fait redouter à tant de malades la réception des derniers sacrements, retarda si bien qu’il mourut sans recevoir les derniers secours que l’Église réserve à ses enfants pour cette heure suprême. Or, pendant qu’on se préparait à l’ensevelir, ses yeux s’ouvrirent, et il fit entendre ces paroles :

" Pour me punir de mes retards à recevoir la grâces de purification dernière, je suis condamné à cent ans de Purgatoire ; si j’avais reçu le sacrement des mourants, comme je le devais d’ailleurs, j’aurais échappé à la mort, grâce à la vertu qui lui est propre, et j’aurais eu le temps de faire pénitence. 

"Cela dit, le mort referma les yeux, rentra dans son repos, laissant tous les assistants consternés.

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LA PAROLE INJURIEUSE


Saint Louis Bertrand, priant une nuit dans le chœur après matines, selon sa sainte habitude, vit venir è lui un religieux, tout enveloppé de flammes, qui se jeta à ses pieds, le supplia de lui pardonner une parole injurieuse qu’il avait prononcée contre lui bien des années auparavant : 

" Car, disait ce malheureux, c’est à cause de cela seulement que je Juge suprême me retient en Purgatoire. Je vous supplie encore, mon Père, au nom de la sainte charité, de dire pour moi une seule messe, et j’espère que je serai aussitôt délivré de mes peines. " 

- " Quant à la parole que vous me rappelez, reprit le saint, je vous la pardonne bien volontiers, et dès demain, je dirai la messe que vous me demandez. " La nuit suivante, le défunt lui apparut radieux et glorifié, il montait au ciel. (Vita sancti Ludovici, in diario Dominicano, 10 octobre.)

Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints



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Jours de fête

Au rapport de sainte Madeleine de Pazzi, une religieuse fut détenue pendant seize jours dans le Purgatoire, pour trois fautes qui nous paraîtraient bien légères :


1/ Elle avait travaillé sans nécessiter à de petits ouvrages de femme, pendant trois jours de fête; 2 /elle avait omis, par respect humain(crainte d'être raillé), de faire connaître à ses supérieurs certaines inspirations que Dieu lui avait données, pour le bien de la communauté; 3 ? elle aimait un peu trop les siens. 

Ces fautes l’auraient même retenue plus longtemps dans le Purgatoire, mais ses peines avaient été abrégées à raison de sa fidélité à garder la règle, de sa pureté d’intention et de sa charité envers ses sœurs.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints


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LA PUNITION SPECIALE


Voici d’abord une histoire curieuse que j’ai tirée des annales des Pères Capucins, tome III, année 1618 : Le P. Hippolyte de Scalvo, ayant été nommé Père Gardien et Maître des Novices d’une maison de son Ordre dans les Flandres, s’efforçait, par tous les moyens en son pouvoir, de développer dans les âmes dont il avait la charge, les vertus de leur saint état; or, 

il arriva qu’un de ses novices, qui avait déjà fait de très grands progrès dans la vertu, vint à mourir en son absence, ce qui lui causa une grande douleur, car, aimant beaucoup ce jeune homme,

 il aurait voulu lui donner une dernière bénédiction. Le soir de la mort du défunt, étant de retour au noviciat, comme il faisait oraison dans le chœur après matines, il vit tout d’un coup paraître devant lui un fantôme tout enveloppé de flammes.

" O Père très charitable, disait le novice avec de  profonds gémissements, donnez-moi votre bénédiction; hélas ! j’ai commis un manquement léger à la règle, manquement qui n’est pas même un péché en soi, et c’est à cause de cela seulement que je satisfais à la justice divine dans le Purgatoire; mais la bonté du Sauveur m’autorise, par une faveur toute spéciale, à m’adresser à vous. Vous-même, imposez-moi la punition convenable, ce sera celle que je ferai. "

Le Père Gardien restait terrifié, en présence de cette apparition et de ces flammes; à la fin, il répondit : " Autant que je le puis, mon fils, je vous absous et vous bénis; et quant à la pénitence de votre faute, puisque vous m’assurez que je puis vous la marquer, vous resterez en Purgatoire, jusqu’à l’heure de prime " (environ huit heures du matin).

A ces mots le novice, comme pris de désespoir, se mit à courir par toute l’église en criant : " Ô Père sans miséricorde, ô cœur impitoyable pour votre fils affligé ! eh quoi ! punir de la sorte une faute que pendant ma vie vous eussiez à peine jugée digne d’une légère discipline ! Vous ignorez donc l’atrocité des supplices du Purgatoire, ô pénitence sans charité! " puis il disparut, la vision avait cessé.

Le pauvre Père Gardien, qui avait cru se montrer bien indulgent en limitant à quelques heures la pénitence demandée, sentait ses cheveux se dresser sur la tête de terreur et de regrets. Il aurait bien voulu revenir sur sa sentence, mais que faire ?

 Tout à coup une bonne pensée l’illumine; il court à la cloche, réveille tous les frères et les réunit dans le chœur; alors il leur expose ce qui vient de se passer et demande que l’on commence aussitôt l’office de prime, ce que l’on fit. 

Mais il garda toute la vie l’impression de cette terrible scène, et on l’entendit dire, plus d’une fois, que jusque-là il n’avait eu qu’une idée très imparfaite des supplices de l’autre vie, et qu’il n’aurait jamais pensé que quelques heures de Purgatoire formassent une expiation si épouvantable.


Abbé Louvet
Le Purgatoire d'après les Révélations des Saints

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Qu’est – ce - que le purgatoire ?

La foi nous apprend que le purgatoire, comme l’étymologie de ce mot l’indique, est un lieu de douleur et d’expiation, où la Justice divine achève de purifier les âmes pas assez pures pour être admises au Ciel. Ce n’est pas le Paradis, où rien de souillé ne peut pénétrer ; ce n’est pas l’Enfer où il n’y a plus de Rédemption ; c’est un lieu intermédiaire entre le séjour des joies infinies et le séjour des infinies douleurs. Il tient de l’enfer par la rigueur de ses supplices, il tient du Ciel par la sainteté de ceux qui y gémissent. C’est un feu dévorant mais qui purifie ; c’est un séjour de larmes, mais ce n’est pas le lieu des « pleurs éternels » dont parle l’Evangile. Le travail de purification terminé, Dieu appellera près de Lui, ces âmes affranchies par la souffrance, pour les associer à son propre bonheur. Le purgatoire est donc une peine temporaire, et il n’existera plus après le Jugement dernier


Abbé Berlioux  Un Mois avec nos amies : les âmes du Purgatoire

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. Les Juifs étaient tellement convaincus de cette vérité qu’ils avaient dans leur rituel une prière spéciale, que le chef de famille devait faire, pour la délivrance des trépassés, avant de se mettre à table. Jésus – Christ lui – même enseignait : « Réglez vos comptes avec votre adversaire pendant que vous êtes dans la vie ; car autrement votre adversaire vous remettra entre les mains du juge, et le juge vous livrera à son ministre qui vous jettera dans une prison, d’où vous ne sortirez que lorsque vous aurez payé votre dette jusqu’à la dernière obole ». Or cet adversaire, disait St Augustin, c’est Dieu lui – même, l’ennemi irréconciliable du péché. Ce juge inexorable, c’est Jésus – Christ qui s’appelle dans l’Ecriture, le juge des vivants et des morts. Enfin, cette prison redoutable, c’est le purgatoire d’où l’on ne peut sortir qu’après avoir entièrement satisfait à la Justice divine, après avoir éliminé tous les ténèbres qui nous obscurcissent.






« J’étais depuis plusieurs années, atteinte d’une cruelle maladie qui faisait de mon corps un squelette, de ma vie un martyre, et me conduisait vers la tombe. J’avais consulté plusieurs médecins spécialistes ; mais tous les remèdes qu’ils me prescrivaient, après quelques rares instants de soulagement, me laissaient plus faible et plus oppressée.

Ne pouvant rien obtenir des ressources de la médecine, j’ai laissé de côté tous les médicaments et j’ai eu recours aux âmes du purgatoire qui comprennent bien le mystère de la souffrance. Le mois de novembre, qui leur est spécialement consacré, allait commencer. Je pris la résolution de le célébrer avec toute la ferveur possible. Mes parents et les personnes ferventes de ma connaissance unirent leurs prières aux miennes. 

Chaque soir, assemblés dans ma chambre au pied d’une statue de St Joseph, nous demandions avec confiance deux choses : la délivrance des âmes du purgatoire et ma guérison. Vers la fin de la première semaine, j’éprouvais une amélioration sensible, et chose admirable, le jour de la clôture du mois, j’étais à l’église. 

Ma guérison était complète. Il ne restait plus trace de la maladie qui m’avait torturée si longtemps et qui, au dire même des médecins, était incurable. Ils ont été singulièrement surpris d’apprendre que j’avais échappé à la mort. Grâces soient rendues aux saintes âmes du purgatoire dont la protection s’est manifestée d’une manière si visible à mon égard ! »




Dîtes ensuite chaque jour –
- une dizaine de chapelet
- les litanies des fidèles défunts
- le Credo
- le Salve Regina
- la prière pour les âmes du purgatoire
- le De Profundis
( prières ci-dessous en fin de livret p. 40-41 )

Chaque semaine, consacrez un jour plus spécial aux âmes du purgatoire, le mercredi par ex, et assistez à la Messe à cette intention. Dans le courant du mois, faites célébrer des messes, confessez vous et communiez avec ferveur.


la peine du feu.
. Exemples
Le vénérable Stanislas Kostka, Jésuite polonais, vit apparaître une âme du purgatoire, toute enveloppée de flammes et poussant des cris lamentables. Il lui demanda si ce feu était comparable à celui de la terre. L’âme lui répondit que le feu de la terre, à côté de celui du purgatoire, était un doux zéphir. Mais le bon religieux, ayant de la peine à le croire, lui dit qu’il voudrait bien en sentir l’ardeur, si cela était possible. 

« Ah ! lui répondit l’âme du purgatoire, un homme encore vivant n’est pas capable d’en sentir même une petite partie. Cependant, pour vous convaincre, étendez la main vers moi et vous en aurez une idée. »

Stanislas étendit la main sur laquelle le défunt laissa tomber une goutte de sueur. La douleur fut si vive que le vénérable Stanislas poussa un grand cri et tomba sans connaissance, comme s’il allait mourir. Aussitôt les religieux accoururent ; quand il fut revenu à lui, ils s’informèrent de la cause de ce mal subit et du cri…
Au récit de l’évènement, ils furent tous remplis de crainte, et prirent la résolution de multiplier leurs pénitences, de fuir les plaisirs du monde et de raconter partout ce prodige, afin d’éviter aux fidèles le terrible feu du purgatoire !
Saint Stanislas Kostka vécut encore un an, toujours en proie aux plus vives douleurs de sa plaie qui ne se ferma pas…


Abbé Berlioux  Un Mois avec nos amies : les âmes du Purgatoire


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Le Père Ferdinand de Castille rapporte cet autre fait qui se réalisa dans le couvent St Dominique, à Zamora, en Espagne. Dans ce couvent vivait un Dominicain très vertueux, uni d’amitié avec père Franciscain non moins saint. S’entretenant souvent des mystères de l’au – delà, ils s’étaient promis de ne pas s’oublier après la mort. Ce fut le Franciscain qui mourut le premier. Peu de temps après sa mort, il apparut au Dominicain. Après l’avoir salué affectueusement, il lui apprit qu’il lui restait beaucoup à souffrir pour des choses légères qu’il n’avait pas expiées… Pour exciter son ami à travailler à sa délivrance, il lui fit voir les flammes dont il était dévoré. « Rien sur la terre, lui dit – il, ne peut vous donner une idée de l’ardeur de ce feu. En voulez – vous une preuve ? » Il posa sa main sur une table et elle s’y enfonça profondément. Cette table, témoin du feu du purgatoire, est toujours conservée à Zamora, province de Léon en Espagne.


Abbé Berlioux  Un Mois avec nos amies : les âmes du Purgatoire




Un fait presque semblable arriva à la bienheureuse Catherine de Racconigi. - (V. Diario Dominicano, vie de la Bienheureuse, 4 sept.).

 Un soir qu'elle était étendue dans son lit, avec une grosse fièvre, elle se mit à penser aux ardeurs du Purgatoire.

 Bientôt, selon son habitude, elle s'éleva de la méditation à l'extase, et elle fut conduite par Notre Seigneur dans le Purgatoire. Elle vit ces brasiers ardents, ces flammes dévorantes, au milieu desquelles sont retenues les âmes à qui il reste quelque expiation après la mort ; pendant qu'elle contemplait ce lamentable spectacle, elle entendit une voix qui lui dit : "Catherine, afin que tu puisses procurer avec plus de ferveur la délivrance de ces âmes, tu vas ressentir tout cela pour un moment"

A l'instant une étincelle se détache et vient la frapper à la joue gauche ; ses compagnes qui se tenaient auprès d'elle pour la soigner, virent très bien cette étincelle, et elles virent en même temps avec terreur son visage enfler d'une manière prodigieuse ; il demeura plusieurs jours dans cet état, et la Bienheureuse racontait à ses Sœurs que les souffrances qu'elle avait endurées, et elle avait beaucoup souffert jusqu'à ce jour, n'étaient rien en comparaison de ce que cette simple étincelle lui faisait éprouver. Jusque-là, elle s'était occupée d'une manière toute spéciale de soulager les âmes du Purgatoire, mais à partir de ce moment, elle

redoubla de ferveur et d'austérités pour accélérer leur délivrance, car elle savait par expérience le grand besoin qu'elles ont d'être délivrées de leurs supplices






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Vincent de Beauvais, dans son Speculum historicum, Lib. VII, cap. CIX, nous apprend qu’un moine bénédictin, au moment de mourir, eut une vision du Purgatoire des religieux : les uns étaient en proie à des flammes dévorantes qui les pénétraient comme autant de dards; d’autres étaient couchés sur des grils ardents, dont la seule vue faisait frémir. Son Ange lui dit alors : 

" Ceux que tu vois livrés à des tourments si atroces sont des religieux de tous les ordres; ils n’ont jamais commis de fautes graves, mais ils se sont rendus coupables de plusieurs négligences qu’ils doivent expier sévèrement, avant d’être admis devant Dieu. Les uns n’ont pas observé assez exactement le silence, les autres ne se sont pas appliqués avec assez de ferveur au chant de l’office divin :

 les autres ont cédé à la paresse, à la somnolence ou à la curiosité; d’autres enfin ont trop aimé la plaisanterie et ont montré dans leur extérieur une légèreté pardonnable à peine dans un laïc. A cause de ces fautes, relativement légères, tu les vois livrés à ces affreux supplices, jusqu’à ce qu’ils aient entièrement satisfait à la justice de Dieu pour tous leurs manquements. "



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vision du purgatoire


Voici encore un trait que j'ai trouvé dans la vie de saint Nicolas Tolentino, et qui est bien intéressant pour le sujet que je traite dans ce chapitre. (V. Vie de saint Nicolas Tolentino, Surius, 10 sept.).
Un samedi qu'il reposait pendant la nuit, il vit en songe une pauvre âme en peine, qui le suppliait de dire, le lendemain matin, la sainte messe pour elle, et pour plusieurs autres âmes qui souffraient de manière affreuse dans le Purgatoire ; Nicolas reconnaissait très bien la voix, bien qu'il ne pût se rappeler celui à qui elle appartenait. "Qui êtes-vous donc, demanda-t-il ?" - "Je suis répondit l'âme, votre défunt ami, le frère Pellegrino d'Osimo ; j'avais mérité, par mes fautes, les châtiments éternels de l'Enfer ; je leur ai échappé par la miséricorde de Dieu, mais je n'ai pu éviter l'expiation douloureuse qui me reste à faire pour un long temps. Je viens, en mon nom et en celui d'âmes malheureuses, vous supplier de dire demain la sainte messe ; nous en attendons notre délivrance, ou au moins un grand soulagement."
"Que le Seigneur, répondit le saint, vous applique lui-même les mérites de son sang, mais pour moi je ne puis vous secourir en vous disant demain cette messe de Requiem, car je suis l'officiant de semaine, et demain dimanche je ne puis célébrer au chœur la messe des défunts". - "Ah ! venez au moins avec moi, s'écria le défunt, avec des gémissements et des larmes, je vous en conjure par l'amour de Dieu, venez contempler nos souffrances et vous ne me laisserez pas plus longtemps dans de pareilles angoisses.
Alors, il lui sembla qu'il était transporté dans le Pur-
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gatoire. Il vit une plaine immense où une grande multitude d'âmes de tout âge, de toute condition, étaient livrées à des tortures diverses et épouvantables. Il faudrait la plume du change de l'Enfer et du Purgatoire pour redire les tourments indicibles de ces pauvres âmes, et encore l'imagination du Dante paraît pâle pour rendre de pareils tableaux. Je n'essayerai donc pas de le faire. Qu'il me suffise de dire que toutes ces pauvres âmes imploraient tristement le bienheureux Nicolas. Voilà, lui dit le frère Pellegrino, la situation de ceux qui m'ont envoyé vers vous ; or comme vous êtes agréable à Dieu, nous avons la confiance qu'il ne refuserait rien à l'oblation du saint sacrifice faite par vous, et nous sommes sûrs que la divine miséricorde nous délivrerait. A ce lamentable spectacle, le saint, dont la bonté était grande, ne pouvait retenir ses larmes : il se mit aussitôt en prière pour soulager tant le malheureux, et le lendemain matin, il alla trouver son prieur pour lui raconter ce qui s'était passé. Celui-ci, partageant son émotion, le dispensa, pour ce jour-là et pour toute la semaine, de sa fonction d'hebdomadaire, afin qu'il pût offrir le saint sacrifice, et se consacrer tout entier au soulagement de ces pauvres âmes ; le saint se rendit à la sacristie, et célébra avec une extraordinaire dévotion la messe demandée. Pendant toute la semaine, il continua d'offrir le saint sacrifice à cette intention, s'occupant en outre, jour et nuit, à toutes sortes de bonnes œuvres et de macérations ; il prolongeait ses oraisons, jeûnant au pain et à l'eau, se donnait de sanglantes disciplines, et portait autour des reins une chaîne de fer étroitement serrée. Plusieurs fois, pendant cette semaine, le démon essaya de le trouver dans ces saints exercices, mais il tint bon avec courage, et à la fin de la semaine, le frère Pellegrino lui apparut de nouveau, mais non plus
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livré à d'effroyables tortures ; il était revêtu d'une robe blanche, et tout environné d'une splendeur céleste dans laquelle se jouaient une quantité d'âmes bienheureuses ; toutes le saluèrent en l'appelant leur libérateur, et en s'élevant au ciel, elles chantaient le verset du psalmiste, (Salvasti nos de affligentibus, nos,, et odientes nos confudisti;) Vous nous avez délivrés de ceux qui nous……



A la fin du dixième siècle, vivait à Cluny un saint abbé nommé Odilon, c’est à lui que l’on doit la touchante institution de la fête des morts, qui depuis lors se célèbre chaque année dans l’Église le 2 novembre, au lendemain du jour où l’Église a célébré dans la fête de tous les saints les joies de l’Église triomphante; voici à quelle occasion cette fête fut instituée.
   Un religieux du pays de Rouergue ayant visité les saints lieux de Jérusalem, s’embarqua sur mer pour revenir en son pays, et fut jeté par la tempête dans une île déserte, près des côtes de la Sicile, si connues par leurs volcans, il y rencontra un pieux solitaire qui l’entretint longuement des choses de Dieu. A la fin, l’hermite, s’informa de son pays, et apprenant qu’il était d’Aquitaine, il lui demanda si le monastère de Cluny était dans cette contrée, et s’il en connaissait l’abbé, nommé Odilon.  Le religieux lui ayant répondu qu’il connaissait parfaitement  l’abbé Cluny et son monastère, voulut savoir à son tour pourquoi il lui faisait  cette demande : "Il y a près d’ici, répondit l’hermite, des lieux souterrains, d’où s’échappent à chaque instant du jour et de la nuit des flammes et des torrents de fumée, on y entend gémir, au milieu de ces embrasements épouvantables, les âmes de ceux qui n’ont pas encore satisfait entièrement pour leurs péchés.
Or dernièrement j’entendis les démons, qui sont les exécuteurs de la justice de Dieu en ces lieux, se plaindre et se lamenter, disant qu’Odilon par ses prières et ses bonnes oeuvres leur ravissait  un grand nombre de ces âmes;  c’est pourquoi, quand vous serez de retour dans votre pays, je vous prie d’aller voir Odilon de ma part, et de lui raconter fidèlement tout ce que je vous dis, afin que lui et ses amis frères continuent  de plus en plus leurs prières, leurs jeûnes, leurs aumônes pour ces malheureuses âmes, pour qu’elles soient bientôt délivrées de telles peines.
   Le religieux, de retour à Cluny, ne manqua pas de raconter, en plein chapitre, à Odilon, ce qu’il avait appris dans son voyage.
-  L’abbé, frappé de cette vision, fit un décret général pour tous les Monastères relevant de Cluny, par lequel le 2 novembre était consacré à la mémoire et au soulagement des fidèles défunts retenus dans le Purgatoire ; des Monastères de Cluny ce pieux usage passa peu à peu dans l’Église, et le pape Jean XVI l’étendit à l’Église universelle par décret apostolique


Durée des peines du purgatoire

Le cardinal Bellarmin disait que pour certaines âmes, la durée des peines du purgatoire, d’après des révélations très dignes de foi, pourrait se prolonger jusqu’au Jour du Jugement Dernier, si l’Eglise ne venait pas à leur secours.

Dans un monastère, deux Pères étaient d’un très grand zèle pour leur sanctification et pour le soulagement des âmes du purgatoire. Ils s’étaient promis qu’après la mort du premier d’entre eux, l’autre dirait la messe du lendemain pour le défunt… L’un des deux Pères mourut. Son confrère ne manqua pas de dire la messe promise, dès le matin suivant. Sa messe terminée, pendant son action de grâce, le Père vit soudain apparaître son ami défunt, rayonnant de bonheur et de gloire… Puis l’âme glorieuse prit un visage sévère pour dire à son ami :

« Mon frère, où donc est votre promesse ? Vous mériteriez que Dieu n’ait pas beaucoup de pitié de vous ! Ne m’avez – vous pas laissé en purgatoire plus d’une année, sans dire la messe promise ? » -

«  Vous me surprenez ! s’écria le moine, votre corps n’est pas encore enseveli ! Vous avez quitté notre monde il y a quelques heures et je viens juste de terminer la Messe promise !?... » Alors, l’âme du défunt dit avec un douloureux soupir : « Oh !!! qu’ elles sont épouvantables les souffrances du purgatoire… Je vole au Ciel où je supplierai le bon Dieu de vous rendre ce que vous venez de faire pour moi. Car cette Messe m’était nécessaire pour quitter le purgatoire, dans les délais les plus courts. »

Abbé Berlioux  Un Mois avec nos amies : les âmes du Purgatoire

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Deux religieux s’aimaient comme deux frères, et s’excitaient l’un l’autre à mener la vie la plus sainte dans leur monastère. L’un d’eux ayant été attaqué d’une maladie mortelle, eut une vision, quelques heures avant de mourir. Son ange lui apparut pour lui dire qu’il était sauvé, et qu’il resterait seulement en Purgatoire, jusqu’à ce qu’on eût célébré pour lui une seule messe. Aussitôt, tout joyeux, le mourant appelle son ami, et au nom de la tendre

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charité qui les avait unis pendant la vie, il le conjure de ne pas le laisser languir loin du Ciel, et de célébrer, aussitôt qu’il aura expiré, cette bienheureuse messe, qui doit lui ouvrir les portes de la patrie.

Le bon religieux le lui promet en pleurant; le malade expire le lendemain matin, aussitôt, sans perdre un instant, son ami court à la sacristie, se revêt de ses ornements sacrés, et célèbre la messe de la délivrance, avec toute la dévotion dont il était capable.

Il venait à peine de déposer ses ornements que son ami défunt lui apparut tout rayonnant de gloire, mais avec un air de mécontentement encore empreint sur le visage. – " Cher frère, lui dit-il, qu’est devenue votre charité ? avez-vous oublié votre promesse, ou n’avez-vous pas la foi ? Vous mériteriez que Dieu vous traitât avec la même rigueur dont vous avez usé envers moi. " - "  Comment cela ? répond l’autre tout surpris. " - "  Eh ! ne m’avez-vous pas laissé plus d’une année au milieu du feu vengeur, sans que ni vous, ni aucun de mes frères prît la peine de dire pour moi une seule messe, alors qu’il vous était si facile de me délivrer, n’est-ce pas là un oubli bien cruel ? " - "  En vérité, vous me surprenez : aussitôt que vous eûtes fermé les yeux, je courus m’acquitter de ma promesse, et je viens à peine de descendre de l’autel, il n’y a pas encore une heure que vous avez quitté la terre, vos funérailles ne sont pas encore faites, mais voulez-vous vous en assurer par vous-même, venez avec moi; votre cadavre est encore chaud. ".

Alors le défunt s’éveillant comme d’un profond sommeil; - " Quelles sont donc épouvantables les souffrances du Purgatoire, puisqu’une heure y paraît plus longue qu’une année ! Béni soit Dieu qui a abrégé l’épreuve ! je vous remercie de votre charitable empressement, ô frère bien-

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aimé; je vole au Ciel, où je prierai Dieu qu’il nous réunisse un jour dans le bonheur de la gloire comme nous l’avons été sur la terre. "


Le religieux dont je vais parler ne fut pas si prudent; aussi il eut lieu de s’en repentir bien amèrement. J’ai tiré cette histoire des annales des frères Mineurs, à l’année 1185.

Il s’agit d’un religieux franciscain, qui souffrait depuis longtemps d’une douloureuse maladie; à la fin, la patience lui échappa, et il se prit à désirer la mort afin d’être délivré de ses maux. Alors, son Ange lui fut envoyé pour lui proposer de choisir. – "  Puisque vous êtes fatigué de souffrir en cette vie, Dieu a résolu d’exaucer votre prière; choisissez de sortir immédiatement de ce monde et de subir trois jours de Purgatoire, ou de vivre encore un an

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dans vos souffrances et alors vous irez directement au Ciel. "  Le choix fut bientôt fait : - " J’aime mieux mourir tout de suite, répondit le pauvre religieux, au risque de souffrir au Purgatoire non pas seulement trois jours, mais tant qu’il plaira à Dieu. Ma vie présente est une mort continuelle, et je ne pense pas que je puisse jamais éprouver rien de pareil. " - " Eh bien! Il sera fait comme vous le souhaitez, vous allez mourir aujourd’hui, préparez-vous donc à recevoir au plus tôt les derniers sacrements. "  raconta la vision, reçut les derniers sacrements et expira.

Au bout d’un jour, son ange vint le visiter dans le Purgatoire : - " Eh bien ! que vous semble de l’épreuve que vous avez choisie, la préférez-vous encore aux souffrances de la terre ? " - " Oh ! Combien j’ai été aveugle, répondit l’âme, mais vous vous avez été bien cruel; vous me parliez de trois jours, et voici plusieurs siècles que je suis dans les flammes ! oh ! Quelles sont les longues années dont je vois se dérouler devant moi l’interminable série ! et encore, rien ne m’annonce ma délivrance prochaine ! " - " Est-ce ainsi qu’une âme infortunée peut tomber dans l’erreur ? Eh quoi ? vous vous lamentez de la sorte, et vous m’accusez de vous avoir trompé ! mais, il n’y a pas encore vingt-quatre heures que vous êtes mort ! ce n’est pas le temps, c’est la rigueur de la peine qui vous trompe; un instant vous paraît une année, une heure vous semble un siècle; mais je vous l’affirme, il n’y a pas encore un jour que vous souffrez, et votre corps n’a pas reçu la sépulture; c’est pourquoi, si vous vous repentez de votre choix, Dieu vous permet de retourner sur la terre, afin d’y subir l’année de maladie qui vous était destinée. " - " Oh ! Oui, je préfère ce parti, je le demande en grâce. L’expérience a

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bien changé mes idées. Plutôt deux, trois, dix années de maladies affreuses qu’une seule heure dans ce séjour d’inexprimables angoisses. "

Alors à la vue de toute la communauté stupéfaite, l’âme rentra dans le corps qu’elle avait quitté, et le défunt ressuscita. Dès qu’il put parler, il raconta tout ce qui lui était arrivé, en exhortant ses frères à faire une rigoureuse pénitence de leurs moindres fautes, afin d’éviter la rigueur des expiations de l’autre vie. Pendant l’année qu’il vécut, il supporta avec patience les douleurs les plus aiguës, qui ne lui paraissaient plus rien; puis au bout de l’année, il mourut, et on a lieu de croire qu’il alla au ciel tout droit, selon la promesse qui lui en avait été faite.



Quelles en sont les causes ?

- la véritable pureté que l’âme doit avoir avant de posséder Dieu
- la multitude de nos péchés véniels
- le peu de regret que nous avons et le peu de pénitence que nous faisons pour nos péchés confessés
- l’impuissance absolue où sont les âmes des défunts de se soulager elles – mêmes
- l’oubli, l’étrange oubli des morts, notre coupable négligence à les soulager.


Impuissance des âmes du purgatoire



Impuissance de leurs prières

Mais si les prières n’ont aucun crédit pour eux, les nôtres sont toutes puissantes sur le cœur de Dieu. A mesure qu’elles montent vers le Ciel, la miséricorde descend dans le purgatoire en torrents de grâces, de pardon, de liberté et de gloire. C’est par la prière que Marthe et Marie obtinrent la résurrection de Lazare. C’est par elle aussi que nous obtiendrons la délivrance de nos parents défunts.



Les deux chemins qui conduisent en purgatoire


Le chemin des fautes mortelles

Il reste la peine faite au Bon Dieu qu’il faut expier : ou en ce monde par la pénitence, la prière, les messes… ou dans l’autre, par les souffrances du purgatoire. 






Le chemin des fautes vénielles

L¹exemple suivant est bien propre à faire réfléchir ces plaisants de profession qui tiennent le haut bout des conversations, et qui sont toujours prêts à faire rire les autres ; je le rapporte sur la foi de Vincent de Beauvais. (Speculum hist., lib. XXVI, cap. V.) 
   L'abbé Durand, d'abord prieur d¹un monastère de Bénédictins, puis évêque de Toulouse, était un religieux d¹une 
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rare piété, d’une mortification singulière, et plein de zèle pour son avancement spirituel ; avec tout cela, il aimait un peu trop le mot pour rire, et ne veillait pas assez sur sa langue. Alors qu’il était simple religieux, Hugues, son abbé, lui avait fait des représentations à cet égard, lui prédisant même que s’il ne se corrigeait pas, il aurait certainement à souffrir dans le Purgatoire pour ces jovialités qui ne conviennent pas à un moine et surtout à un prêtre dont les lèvres sont les gardiennes de la science sacrée. Durand n’attacha pas assez d’importance à cet avis, et continua, étant abbé, et plus tard évêque, à s’abandonner sans beaucoup de retenue, aux facéties enjouées. 
Après sa mort, la prédiction de l’abbé Hugues se réalisa ; Durand apparut à un religieux de ses amis, le priant d’intercéder pour lui, car il était cruellement puni pour son intempérance de langage. On assembla les religieux, et on convint de garder, pendant huit jours, rigoureux silence pour cette âme en peine. Mais voilà qu’au bout de huit jours, le défunt apparaît de nouveau et se plain qu’un des frères ayant manqué au silence, cette infraction l’avait privé du fruit de la bonne œuvre. On recommença et la semaine suivante, Durand apparut, revêtu de ses ornements pontificaux et le sourire sur les lèvres ; son expiation était finie. 

 La tiédeur est aussi punie sévèrement dans le Purgatoire, et on ne saurait s’en étonner, quand on se rappelle l’horreur que Dieu en témoigne dans la Sainte Écriture. Voici comment, au récit de sainte Madeleine de Pazzi, fut punie, après sa mort, une bonne religieuse, qui n’avait guère d’autres fautes à se reprocher qu’une certaine négligence à communier , aux jours marqués par la règle.(Vie de sainte Madel.,ch. v.) 
  Un jour que la sainte priait devant le très saint Sacrement, elle vit sortir de terre l ‘âme de cette sœur ; elle était couverte d’un manteau de feu, qui cachait une robe d’une éblouissante blancheur ; elle s’approcha de l’autel avec un respect indicible, fit une profonde génuflexion, en passant devant le saint Tabernacle, et demeura une heure dans l’acte d’une adoration recueillie. Madeleine, ayant désiré savoir ce que tout cela signifiait, connut par révélation que cette âme, en punition de sa tiédeur à recevoir la sainte Eucharistie, était condamnée à venir chaque jour rendre ses devoirs à l’adorable hostie, sous un manteau de feu, afin de compenser ainsi ses froideurs passées ; quant à la robe blanche qui la garantissait en partie du châtiment, c’était la récompense de sa parfaite virginité. Elle persévéra dans un certain temps, jusqu’à ce qu’enfin les prières de Madeleine, jointes à sa propre expiation, eussent amené sa délivrance. 
Sainteté des âmes du purgatoire

Toute âme, disait Ste Catherine de Gênes, dès qu’elle est en purgatoire, se trouve élevée à un état de perfection et d’union divine qui pourrait servir de modèle aux plus grands saints d’ici – bas. » Il y a là, en effet, une multitude d’âmes prédestinées qui ont triomphé de leurs passions, qui ont vaincu le monde et le démon, qui ont pratiqué les vertus les plus héroïques et sont sorties de ce lieu d’exil chargées de mérites. Elles brilleraient comme des étoiles aux firmaments,


Elles aiment leur Dieu, souverainement, totalement. Cet amour leur fait aimer leurs souffrances et la justice qui les retient dans le lieu de l’expiation. Leur ouvrirait – on les portes du Ciel, qu’elles préféreraient rester dans les flammes purificatrices plutôt que de rentrer dans la gloire avec de légères imperfections.

Ste Gertrude, dans un ravissement, vit l’âme d’une religieuse qui avait passé sa vie dans l’exercice des plus grandes vertus. Elle se tenait en présence de Notre – Seigneur, revêtue des insignes de la charité, mais n’osant porter ses regards sur la face adorable du Sauveur. Elle demeurait les yeux baissés, dans l’attitude d’un criminel, témoignant par ses gestes, l’envie de s’éloigner du divin Maître. Gertrude, étonnée d’une conduite aussi étrange voulut en connaître la raison : « Dieu de bonté, dit –elle, pourquoi ne recevez – vous pas cette âme auprès de vous ? » A ces mots, Notre – Seigneur étendit les bras avec amour, comme pour attirer cette âme vers Lui ; mais celle – ci s’en alla dans une respectueuse humilité. La Sainte, de plus en plus surprise, demanda à l’âme de la religieuse pourquoi elle fuyait ainsi les embrassements d’un aussi tendre époux : « Parce – que je ne suis pas encore purifiée des souillures que mes fautes m’ont laissées et si Dieu m’accordait dans l’état où je suis, la libre entrée du Ciel, je n’y consentirais pas, quelque brillante que je paraisse à ses yeux, je sais que je ne suis point encore une épouse digne de mon Sauveur. »


Elles sont aimées de Dieu


Etat des âmes du purgatoire vis-à-vis de nous

. Elles nous sont unies par les liens de la charité



Exemple
En 1864, un artiste juif, converti pendant un sermon sur l’Eucharistie, avait quitté le monde après avoir reçu le baptême et s’était retiré dans un ordre religieux très austère ; il passait chaque jour plusieurs heures à adorer le Saint – Sacrement, et dans ses effusions de ferveur, il demandait à Jésus – Christ surtout la conversion de sa mère qu’il entourait de la plus filiale tendresse. Il ne l’obtint point cependant, sa mère mourut. Pénétré d’une amère douleur, ce bon fils va se prosterner devant le Tabernacle, et donnant libre cours à ses plaintes : « Seigneur, disait – il, je vous dois tout il est vrai, mais que vous ai – je refusé ? Ma jeunesse, mes espérances dans le monde, le bien – être, les joies de la famille, un repos peut – être légitime, j’ai tout sacrifié dès que vous m’avez appelé. Mon sang, je l’eusse donné de même. Et Vous, Seigneur, Vous l’Eternelle Bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de ma mère ! Mon Dieu, je succombe à ce martyre, le murmure va s’exhaler de mes lèvres. » Les sanglots étouffaient ce pauvre cœur. Tout à coup une voix mystérieuse frappe ses oreilles et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée. Sache que la prière a tout pouvoir auprès de Moi, j’ai recueilli toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère, et ma Providence lui en a tenu compte, à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle, et à ma vue elle s’est écriée : Mon Seigneur et mon Dieu ! Relève donc ton courage : ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du purgatoire. »
Le père Hermann  Cohen apprit bientôt, par une seconde apparition, que sa mère montait au ciel. Prions beaucoup pour nos parents défunts !

Les âmes délaissées

 Délaissées par leurs amis


Dans une extase, pendant laquelle sainte Brigitte fut ravie dans le Purgatoire, elle aperçut, parmi beaucoup d¹autres, une jeune demoiselle de haute naissance, qui lui fit connaître combien elle souffrait, pour expier ses péchés de vanité : " Maintenant, disait-elle, en gémissant, cette tête qui se plaisait aux parures, et qui cherchait à attirer les regards, est dévorée de flammes à l¹intérieur et à l¹extérieur, et ces flammes à l¹intérieur et à l¹extérieur, et ces flammes sont si cuisantes qu¹il me semble que je suis le point de mire de toutes les flèches décochées par la colère de Dieu ; ces épaules, ces bras, que j¹aimais à découvrir sont cruellement étreints dans des chaînes de fer ; ces pieds, si légers à la danse sont entourés de vipères qui les mordent et les souillent des leur lave immonde ; tous ces membres que je chargeais de colliers, de bracelets, de fleurs, de joyaux, sont livrés à des tortures épouvantables, qui leur font éprouver à la fois la consomption du feu et les rigueurs de la glace.
Ah ! ma mère, ajoutait la malheureuse condamnée, ma mère, que vous avez été coupable à mon endroit ! votre indulgence, pire que la haine, en m¹abandonnant à mes goûts de parures et de vaines dépenses m¹a bien été fatale. C¹était vous qui me conduisiez aux spectacles, aux festins, aux bals, à toutes ces réunions mondaines qui sont la ruine des âmes. Il est vrai, disait à la Sainte l¹infortunée, que ma mère me conseillait de temps en temps quelques actes de vertu, et plusieurs dévotions utiles ; mais comme, d¹autre part, elle consentait à mes égarements, ce bien se
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trouvait mêlé et comme perdu dans le mal qu¹elle me permettait.
Toutefois, je dois rendre grâce à l¹infinie miséricorde de mon Sauveur, qui n¹a pas permis ma damnation éternelle, que je méritais si bien par mes fautes. Avant de mourir, touchée de repentir, je me confessai, et quoique cette conversion, étant l¹effet de la crainte, fût insuffisante, au moment d¹entrer en agonie, je me souvins de la douloureuse passion du Sauveur, et j¹arrivai ainsi à une vrai contrition ; ne pouvant déjà plus parler, je m¹écriai de peur : Seigneur Jésus, je crois que vous êtes mon Dieu ; ayez pitié de moi, ô fils de la Vierge Marie, au nom de vos douleurs sur le Calvaire. J¹ai un vif regret de mes péchés et je souhaiterais les réparer, si j¹avais le temps. En achevant ces mots, j¹expirai. J¹ai été ainsi délivrée de l¹enfer, mais pour me voir précipiter dans les plus graves tourments du Purgatoire. "


   L¹autre exemple est non moins certain, puisqu¹il est tiré de la vie de la bienheureuse Marie Villani, dont personne ne récusera, je l¹espère, le témoignage. (Vita Mariæ Villani. P. Marchi, lib. II, cap. V.)
   Comme la bienheureuse priait un jour pour les âmes du Purgatoire, elle fut conduite en esprit au lieu des expiations et parmi tous les malheureux qui y souffraient, elle vit une personne plus tourmentée que les autres, à cause des flammes horribles qu'il¹enveloppaient de la tête aux pieds. "
Amen infortunée, s¹écria-t-elle, pourquoi êtes-
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vous si cruellement traitée ?
Est-ce que vous n¹éprouvez jamais de soulagement au milieu de supplices si rigoureux ? " "  Je suis ici, répond l¹âme, depuis un temps bien long, effroyablement punie pour mes vanités passées et mon luxe scandaleux. Jusqu¹à cette heure, je n¹ai pas obtenu le moindre soulagement ; le Seigneur a permis dans sa justice que je fusse oubliée de mes parents, de mes enfants, de mes amis. Quand j¹étais sur la terre livrée aux toilettes inutiles, aux pompes mondaines, aux fêtes et aux plaisirs, je pensais bien rarement à Dieu et à mes devoirs ; ma seule préoccupation sérieuse était d¹accroître le renom et la richesse des miens ; vous voyez
comme j¹en suis punie, puisqu¹ils ne m¹accordent pas un souvenir. "


oubli et restitution

Le baron Jean Sturton, noble anglais, était catholique au fond du cœur, bien que, pour garder ses charges à la cour, il assistât régulièrement au service protestant. Il cachait même chez lui un prêtre catholique, au prix des plus grand dangers, se promettant bien d’user se son ministère pour se réconcilier avec Dieu, à l’heure de la mort ; mais il fut surpris par un accident, et comme cela arrive souvent, par un juste décret de Dieu, il n ‘eut pas le temps de réaliser son vœu de conversion tardive. Cependant la divine miséricorde, tenant compte de ce qu’il avait fait pour la sainte Église persécutée, lui avait obtenu la grâce de la contrition parfaite, et par suite le salut, mais devait payer bien plus cher sa coupable négligence.
  De longues années se passèrent ; sa veuve de remaria ; eut des enfants, et c’est une de ses filles, lady Arundell, qui raconte ce fait, comme témoin oculaire.
  " Un jour, ma mère pria le P.Corneille, jésuite de beaucoup de mérites, qui devait mourir plus tard martyr de la foi catholique, de célébrer la messe pour le repos de l’âme de Jean Sturton, son premier mari ; il accepta l’invitation, et étant à l’autel, entre la consécration et le mémento des morts, il resta longtemps en oraison ; après la messe, il fit une exhortation dans laquelle il raconta qu’il venait d’avoir une vision : devant lui s’étendait une forêt immense, qui n’était qu’un vaste brasier ; au milieu s’agitait le baron, poussant des cris lamentables, pleurant et s’accusant de la vie coupable qu’il avait menée dans le monde et à la cour ? Après avoir fait l’aveu détaillé de ses fautes, le malheureux avait terminé par les paroles que l’Écriture met dans la bouche de Job. Pitié, pitié !vous au moins qui êtes mes amis, car la main du Seigneur m’a frappé ! Et il avait disparu.
  Pendant que le Père Corneille racontait ces choses, il pleurait beaucoup, et toute la famille qui l’écoutait, au nombre de quatre-vingts personnes, nous pleurions tous de même ; tout à coup pendant que le père parlait, nous aperçûmes sur le mur auquel était adossé l’autel comme un reflet de charbons ardents. "
  Tel est le récit de Lady Arundell, que l’on peut lire dans Daniel (Histoire d’Angleterre, liv. V, chap.vii).

Un homme riche était mort sans mettre ordre à ses affaires ; quelques temps après, il apparut au P.Augustin d’Espinoza, religieux de la Compagnie de Jésus, dont la sainte vie a été un acte de dévouement continuel aux âmes du Purgatoire. " Me reconnaissez-vous, demanda le défunt ? " -" Sans doute, répond le père, je me souviens de vous avoir administré le sacrement de pénitence, peu de jours avant que vous fussiez appelé devant Dieu. " -" C’est cela en effet ; or, sachez que je viens ici, par permission du Sauveur, vous conjurer d’apaiser sa justice, et de faire pour moi ce que je ne puis plus faire maintenant. Suivez-moi un instant. " Le religieux va trouver son Supérieur, lui raconte l’affaire, et lui demande la permission d’accompagner son étrange guide. La permission obtenue, il sort et suit l’apparition qui, sans prononcer une parole, le mène sur un des points de la ville, puis elle disparaît un moment, revient avec un sac d’argent dont elle donne une partie à porter au père, et tous deux rentrent à la cellule du religieux.
  Dès qu’ils sont de retour, le mort met dans la mai du père le reste de l’argent, avec un billet écrit, en lui disant.-" Ce billet vous indiquera à qui je dois, et dans quelle proportion : vous distribuerez cette somme à mes créanciers, et vous emploierez le reste en bonnes œuvres pour le repos de mon âme. " A ces mots l’apparition disparut, et le bon père se mit en devoir de remplir aussitôt ses intentions.
  Huit jours s’étaient à peine écoulés, que le défunt se fait voir de nouveau au Père et le remercie avec effusion de son empressement à remplir ses intentions. Grâce à cette exactitude à payer les dettes qu’il avait laissées sur la terre, grâce aussi aux messes que le père avait célébrées pour lui, il était délivré de toutes ses peines, et admis dans l’éternelle béatitude. (Voir Rossignoli : les Merveilles du Purgatoire, xciv merveille

Le second exemple est tiré de la vie de sainte Marguerite de Cortone (voir les Bolland., 22 février).
  Cette illustre pénitent se faisait particulièrement remarquer par sa charité envers les défunts ; aussi ils lui apparaissaient en grand nombre pour implorer le secours de ses prières.
  Deux marchands avaient été assassinés en chemin par des brigands.-" Nous n’avons pu, lui dirent-ils, recevoir l’absolution de nos péchés, mais par la bonté du Sauveur, et la clémence de sa divine Mère, nous eûmes le temps de faire un acte de contrition parfaite, ce qui nous sauva ; néanmoins dans l’exercice de notre profession, nous avons commis bien des injustices, aussi nos tourments sont affreux, c’est pourquoi nous vous supplions, servante de Dieu, d’avertir nos parents(et ils les nommèrent) de restituer au plus tôt tout l’argent que nous avons mal acquis, car avant cela nous ne pourrons reposer en paix. "


Le père François Gonzague, depuis évêque de Mantoue, rapporte un fait du même genre dans son livre de l'origine de la religion Séraphique (IVè partie, n 7).
94 :
 Frère Jean de Via, franciscain d'un grand mérite, tomba malade et mourut dans ni) couvent des îles Canaries. Son infirmier, frère Ascension, fort avancé, lui aussi, dans la perfection religieuse, priait pour le repos de son âme, quand il aperçut devant lui un religieux de son ordre, tout baigné de rayons lumineux, qui remplissaient la cellule d'une douce clarté; le frère tout hors de lui, ne le connut pas pour lors l'apparition et n'osa lui demander son nom; elle se renouvela ainsi, une seconde et une troisième fois. A la fin, le frère Ascension s'enhardit :
- " Qui êtes-vous donc, demande-t-il ? Pourquoi venez-vous si souvent en ce lieu ? Je vous conjure, au nom de Dieu, de me répondre. " - " Je suis, répond l'esprit, l'âme du frère Jean de Via, qui vous suis bien reconnaissant pour les prières que vous faites monter au ciel en ma faveur.
Je viens vous apprendre que, grâce à la divine miséricorde, je suis dans le lieu de salut parmi les prédestinés à la gloire, et ces rayons vous en sont une preuve, cependant je n'ai pas encore été jugé digne de voir la face du Seigneur, à cause d'un manquement qu'il me faut expier. Durant ma vie terrestre, j'ai oublié, par ma faute, la récitation de certains offices pour les défunts, à quoi j'étais obligé par la règle. Je vous conjure, au nom de l'amour que vous avez pour Jésus-Christ, faites en sorte que ces offices soient acquittés pour moi, afin que je puisse jouir de la vue de mon Dieu. " Frère Ascension courut raconter sa vision au père gardien ; on s'empressa d'acquitter les offices de mandés, et, dès que cette obligation fat remplie, l'âme du frère Jean de Via, se fit voir de nouveau, mais bien plus brillante encore; elle était en possession de la félicité complète.




Soulagement des âmes du purgatoire

 Nous pouvons les soulager


Catherine de Cortone était issue d’une famille ducale. Petite enfant, sa piété et sa ferveur étaient celles d’un ange. Elle n’avait pas encore atteint sa huitième année lorsqu’elle perdit son père. Un jour, il lui apparut tout enveloppé des flammes du purgatoire. « Ma fille, lui dit – il, je serai dans le feu jusqu’à ce que tu aies fait pénitence pour moi. » Le cœur empli de compassion, Catherine s’éleva avec un courage viril au-dessus de la faiblesse de son âge. Elle préluda dès ce jour à ces austérités étonnantes qui ont fait d’elle un prodige de pénitence. Ses larmes, ses prières, ses mortifications eurent bientôt désarmé la Justice Divine et acquitté la dette paternelle. Son père, rayonnant de l’éclat des bienheureux, lui apparut de nouveau et lui adressa ces paroles : « Dieu a accepté tes actes d’amour, tes prières, ma fille ; je vais jouir de la Gloire. Continue toute ta vie de t’immoler en victime pour le salut des âmes souffrantes, c’est la Volonté Divine. » L’héroïque vierge fut fidèle à sa mission sublime. Toute sa vie, elle pria et pratiqua des austérités effrayantes pour le soulagement des morts. Ses pieuses compagnes voulurent l’engager à diminuer un peu ses pénitences. Elle répondit par ses remarquables paroles qui trahissent tout le secret de sa vie : « Quand on a vu comme moi ce que sont le purgatoire et l’enfer, on n’en fera jamais trop pour tirer les âmes de l’un et les préserver de l’autre. Je ne dois donc pas m’épargner, parce – que je me suis offerte en sacrifice pour elles. »



L’oubli des morts

1. Il dénote une grande insensibilité

Evangile selon Luc - Chapitre 16

19 Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie.
20 Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères,
21 et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères.
22 Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli.
23 Dans le séjour des morts, il leva les yeux; et, tandis qu'il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
24 Il s'écria: Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la langue; car je souffre cruellement dans cette flamme.
25 Abraham répondit: Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres.
26 D'ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.
27 Le riche dit: Je te prie donc, père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père; car j'ai cinq frères.
28 C'est pour qu'il leur atteste ces choses, afin qu'ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments.
29 Abraham répondit: Ils ont Moïse et les prophètes; qu'ils les écoutent.
30 Et il dit: Non, père Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils se repentiront.
31 Et Abraham lui dit: S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait.


Chaganus, ayant mis en fuite l’armée de Maurice, exigea de l’empereur une somme d’argent considérable pour le rachat des nombreux prisonniers qu’il avait faits. Maurice refusa. Le vainqueur demanda alors une somme moins forte qui ne lui fut pas accordée. Après avoir réduit à bien peu de choses la rançon qu’il désirait sans pouvoir l’obtenir, le barbare irrité fit couper la tête à tous les soldats impériaux qu’il avait eus en son pouvoir. Peu de jours après, Maurice eut une épouvantable vision. Il vit une multitude d’esclaves qui portaient des chaînes pesantes. Ces infortunés, avec des accents horribles, criaient vengeance contre lui. Le Juge Souverain, irrité, lui disait : « Aimes – tu mieux être puni en monde ou en l’autre ? » « Ah Seigneur ! Je préfère être châtié en ce monde. » répondit l’empereur consterné. « Et bien, en punition de ta cruauté envers ces pauvres soldats, dont tu n’as pas voulu sauver la vie, lorsque tu le pouvais à si peu de frais, l’un d’eux t’enlèvera ta couronne, ta réputation et ta vie, et toute ta famille te suivra dans ta chute ! » En effet, peu de jours après, l’armée s’insurgea et proclama Phocas empereur. Maurice, fugitif, s’enfuit sur un petit navire ; mais ce fut en vain. Les partisans de Phocas se saisirent de lui, et le chargèrent de chaînes. Ce malheureux père eut la douleur de voir massacrer ses cinq fils et il mourut lui – même ignominieusement




Premier motif de soulager les âmes du purgatoire : la gloire de Dieu

1. Cette dévotion glorifie Dieu

. « Il n’est rien de plus agréable à Dieu, disait Saint Augustin, que le soulagement et la délivrance des fidèles trépassés. » « C’est, ajoutait Bourdaloue, un apostolat plus beau, plus grand et plus méritoire, que la conversion des pécheurs, des infidèles, des païens. »


Deuxième motif : l’amour de Notre – Seigneur

1. Combien Il aime les âmes du purgatoire

Dans une lettre écrite à une dame du monde, le Père Lacordaire racontait qu’un paysan de Pologne venant à mourir, fut placé par la Justice Divine dans les flammes de l’expiation. Sa pieuse épouse ne cessait de prier pour le repos de son âme. Ne croyant pas ses prières assez efficaces, elle désira s’adresser au Cœur de NSJC et faire célébrer le Saint Sacrifice de la Messe en son honneur, pour la délivrance de celui qu’elle pleurait. Mais elle était pauvre et ne possédait pas le modeste honoraire qu’il est d’usage d’offrir pour la célébration de l’office divin. Elle se présenta devant un riche personnage qui était philosophe, incrédule, et lui exposa humblement l’objet de sa demande. Celui – ci se laissant attendrir lui donna l’offrande qu’elle sollicitait. La veuve aussitôt fit célébrer la Sainte Messe, à la Chapelle du Sacré – Cœur, pour la délivrance de son cher époux, et y assista avec toute la ferveur possible. Dieu permit que quelques jours après, le paysan défunt apparut au riche bienfaiteur : « Je vous remercie, lui dit – il, de l’aumône que vous avez faite pour l’offrande du Divin Sacrifice : cette oblation a délivré mon âme du purgatoire où elle était détenue, et maintenant en reconnaissance de votre charité, je viens de la part du Seigneur vous annoncer que votre mort est prochaine, et que vous devez vous réconcilier avec Lui. »  Et ce riche incrédule se convertit et mourut en effet dans les sentiments les plus chrétiens. Amour, reconnaissance au Cœur de NSJC !

l’amour de Marie

1. Elle console les âmes du purgatoire

La Ste Vierge disait à Ste Brigitte : « Je suis la mère de tous ceux qui sont au purgatoire, et toutes les peines qui sont infligées aux morts, pour l’expiation de leurs fautes, sont allégées par mes prières. »


La Très Ste Vierge ne se borne pas à visiter, à soulager les âmes captives, elle les délivre par son intercession. Pour hâter la fin de leurs peines, elle inspire aux vivants de les aider de leurs suffrages, et elle supplie son Divin Fils de les admettre dans le séjour de la Paix.


Une sainte religieuse avait donné pendant quelques temps ses soins à une pauvre fille qui était dans un état déplorable tant pour l’âme que pour le corps. Après avoir menée une vie scandaleuse, elle avait été frappée d’une maladie honteuse qui la rendait un objet de dégoût et de mépris pour tout le monde. L’infection qu’elle répandait autour d’elle était telle que ses voisines l’avait contrainte de chercher un gîte dans une vieille masure isolée. Son caractère était si acariâtre que, seule notre religieuse, surmontant le dégoût qu’elle lui inspirait, venait comme un ange du Ciel de quoi supporter sa malheureuse existence. Toutefois, ses services n’étaient payés que par des injures. Lorsque la Sœur lui parlait de Dieu, cette créature ne répondait que par des blasphèmes.
Un jour, survint une crise épouvantable, et l’infortunée malade mourut presque subitement. Sur le point de paraître devant le Souverain Juge, elle se souvint des miséricordes de Marie, qu’elle avait quelquefois invoquée dans sa jeunesse, et elle lui dit : « O vous qui n’abandonnez pas ceux que tout le monde repousse, Mère pleine de tendresse, venez à mon secours ! Si vous mes laissez, je suis perdue ! » Et Marie vint au secours de la pécheresse, lui inspira des actes de repentir et la préserva de l’enfer.
Le lendemain, on trouva le cadavre hideux étendu par terre, et chacun de s’écrier que l’âme était réprouvée. La sœur en était elle – même si convaincue, qu’elle l’effaça de son souvenir. Cependant, un jour, celle qu’elle croyait damnée, lui apparut par la permission de Dieu, et lui dit : « Vous qui priez pour tout le monde, m’oubliez – vous ? » « Quoi ? s’écria la sainte religieuse, vous ? en purgatoire ??? »  La pauvre pécheresse lui raconta le miracle de salut qui s’était opéré en elle, à son agonie, la suppliant de prier la Ste Vierge de la délivrer du purgatoire comme elle l’avait préservée de l’enfer. La Sœur pria Marie de tout cœur et bientôt, elle apprit par une seconde apparition que ses supplications étaient exaucées, que la Bonne Mère avait ouvert la porte du Ciel à cette âme pénitente.
Merci Marie, pour votre bonté



A Dôle, en Franche-Comté, l'an 1629, une âme du Purgatoire apparaît à une personne malade, et se met à son service pendant quarante jours ; elle vient la visiter régulièrement, deux fois par jour pendant tout ce temps, et lui rend tous les services qu'une domestique dévouée rend à ses maîtres. — " Qui donc êtes-vous ? Lui demande un jour la malade reconnaissante. " — " Je suis, répond l'apparition, votre défunte tante Léonarde Colin, qui mourut il y a dix-sept ans, en vous laissant héritière de son petit bien. Par la miséricorde de Dieu, je suis sauvée ; c'est la très sainte Vierge Marie, à qui j'ai eu toute ma vie une tendre dévotion, qui m'a obtenu cette faveur ; j'étais perdue sans cela, car je fus frappée subitement en péché mortel, mais la très miséricordieuse Vierge m'obtint à ce moment un mouvement de contrition parfaite, qui ferma l'enfer sous mes pas. Notre Seigneur me permet aujourd'hui de venir me mettre à votre service, pendant quarante jours, et au bout de ce temps, je serai délivrée de mes peines, si vous faites pour moi trois pèlerinages à trois sanctuaires de la très sainte Vierge. "
La malade doutait de la réalité de l'apparition, craignant les pièges de Satan ; après avoir consulté son confesseur, et essayé sans résultat des exorcismes de l'Église, elle s'avisa de faire à la défunte cette objection : " Comment pourriez-vous être ma tante Léonarde ? celle-ci de son vivant était quinteuse et désagréable, ne voulant supporter aucune contrariété, et vous, vous êtes douce, prévenante et pleine de patience. "
— " Ah ! ma nièce, répondit l'apparition, que dix-sept ans de Purgatoire sont propres à enseigner la patience, la douceur et le support du prochain ! Sachez, d'ailleurs, que nous sommes confirmées en grâce, et qu'une fois marquées du sceau des élus, nous ne saurions plus avoir de vice. "

la reconnaissance des défunts

1. Dans le purgatoire

C’est une opinion bien reçue parmi les théologiens, que les âmes souffrantes intercèdent même dans le purgatoire pour ceux qui les assistent. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles – même et leurs prières sont sans fruit, quand elles demandent la fin de leurs tourments ; mais il n’en n’est pas de même des prières qu’elles font pour leurs bienfaiteurs. Ces supplications sont dans l’ordre de la Providence, elles touchent le Cœur de Dieu, et ne sont point accompagnées des défauts qui rendent les nôtres trop souvent infructueuses. Ces bonnes âmes sont pures et saintes,

Une personne pieuse et digne de foi a écrit les lignes suivantes, qui sont une preuve de l’efficacité des prières des âmes du purgatoire : « Je désirais le rétablissement de ma pauvre santé bien compromise, et je m’étais adressée à Notre – Dame de Lourdes, à L’Enfant Jésus, à St Joseph, sans rien obtenir. Ce n’est qu’après avoir supplié les saintes âmes du purgatoire de prier pour moi, que j’ai été exaucée. Je leur avais donné jusqu’à Noël, leur promettant des prières et des messes, si à cette époque je pouvais remplir mes devoirs religieux et reprendre mes occupations. Bénies et remerciées soient ces chères protectrices : je suis radicalement guérie ! Aussi, me suis – je empressée d’accomplir ce que je leur avais promis. Vous voyez combien le Bon Dieu désire la délivrance des âmes captives du purgatoire, puisqu’Il force pour ainsi dire à recourir à elles, à prier pour elles, pour obtenir une foule de grâces qu’Il veut faire passer par leurs mains. Quant à moi, je suis convaincue de cette vérité car j’affirme que toutes les faveurs que Dieu m’accorde, je les dois à la prière de mes bonnes amies du purgatoire. Avec elles, je ne désespère de rien, j’espère même contre toute espérance. »
Instruisez – vous par cet exemple, et soyez convaincus que vous pourrez tout obtenir par l’entremise de vos frères les morts.


Baronius rapporte qu'une personne, à son lit de mort, se vit assaillie des plus fâcheuses tentations ; déjà elle se croyait perdue, mais comme, pendant sa vie, elle avait été dévouée aux âmes du Purgatoire, quelle fut sa surprise et sa consolation de les voir descendre du Ciel, en grand nombre, et voler à son secours. " Nous sommes, lui dirent-elles, les âmes que vos suffrages ont tirées du Purgatoire, nous venons vous rendre la pareille, en vous conduisant directement au Ciel. " A ces mots, la malade expira, le sourire des prédestinés sur les lèvres.
On rapporte un fait semblable de saint Philippe de Néri : après sa mort, il se fit voir à un religieux Franciscain de ses amis, entouré d'une couronne de Bienheureux : — " Quelle est, demande le Père, cette armée brillante qui vous environne ? " — " Ce sont, répondit le Saint, les âmes des religieux de mon ordre, que j'ai délivrées du Purgatoire pendant ma vie ; à cette heure, elles me font cortège pour m'introduire dans la Jérusalem céleste. "






Premier moyen de soulager les âmes du purgatoire : la prière


L’Eglise a consacré le psaume De Profundis comme prière spéciale pour les défunts, et Elle nous engage à le réciter souvent à leur intention

. Un des exemples les plus touchants de l’efficacité de la prière pour les défunts est rapporté dans les Actes du martyre de Sainte Perpétue, cette sainte d’Afrique qui subit la mort pour le Christ au commencement du troisième siècle. Pendant que Perpétue était en prison, elle eut une vision : elle vit son jeune frère Dinocrate, mort à sept ans, sortir d’un lieu ténébreux et s’approcher d’un puits rempli d’eau jusqu’au bord. Mais ce bord était trop haut pour la taille de l’enfant qui n’y pouvait puiser, et tout triste, il regardait sa sœur. Celle – ci comprit que Dinocrate souffrait pour expier des fautes commises sur la terre. Elle offrit alors ses souffrances et ses prières pour cette jeune âme. Peu après, Perpétue fut favorisée d’une nouvelle vision : elle revit Dinocrate. Mais cette fois – ci, il était tout joyeux, il puisait avec plaisir l’eau du puits mystérieux, dont le bord s’était abaissé à sa portée ; et les ténèbres avaient fait place autour de lui à une lumière éclatante. Il venait donc d’être délivré de sa peine par les prières et les souffrances offertes par sa sœur Perpétue, et il jouissait du bonheur du Ciel symbolisé par le breuvage vers lequel il avait aspiré dans le purgatoire et dont il pouvait maintenant étancher sa soif. L’image de cette vision se trouve exprimée par l’Eglise, lorsqu’elle demande à Dieu d’accorder aux âmes des défunts « le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix ».



Elle l'exhortait en même temps à une filiale dévotion envers Marie, spécialement à se souvenir de ses douleurs sur le Calvaire. Quand vous rencontrerez quelqu'une de ses images, lui disait-elle, ayez soin de la saluer en répétant ces trois invocations des litanies. Mater admirabilis, Consolatrix afflictorum, Regina sanctorum omnium. Plus vifs seront votre amour et votre dévotion envers cette bonne mère, plus assurée et plus efficace sera son assistance, au moment terrible du jugement qui fixe notre sort éternel.

Elle lui conseillait aussi d'avoir une tendre charité et compassion pour les pauvres âmes du Purgatoire qui sont si à plaindre, puisqu'elles ne peuvent s'aider. " Offrez pour elles, lui disait-elle, vos prières, vos pénitences, vos bonnes œuvres, elles vous le rendront bien plus tard, quand elles seront devant Dieu. "

Un jour, docile à ces conseils, la jeune fille récitait cinq Pater et cinq Ave, les bras en croix, pour les défunts, l'apparition accourut, et lui soutenait les bras pour l'aider dans sa prière.

Un autre jour, pendant qu'elle lui parlait à l'église, la clochette de l'élévation s'étant mise à sonner à un autel voisin elle y courut aussitôt, et se prosternant, adora Notre Seigneur avec un profond respect. Chaque fois qu'elle prononçait, ou entendait prononcer les noms sacrés de Jésus et de Marie, elle s'inclinait dans un recueillement angélique.
99 :
Cependant les jours passaient, sans que, malgré ses ardents désirs et les prières de son amie, cette sainte âme fût admise devant la face du Seigneur. Le 3 décembre, fête de saint François-Xavier, sa protectrice devant communier à l'église des pères jésuites, l'invita à s'y trouver; la défunte fut fidèle au rendez-vous, l'accompagna à la sainte table, et demeura auprès d'elle tout le temps de son action de grâces qui fut fort long, alors elle la remercia et lui annonça que l'épreuve touchait à sa fin. Le 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, elle revint encore, mais elle était déjà si brillante que son amie ne pouvait la regarder. Enfin le 10 décembre, pendant la sainte messe, la jeune fille la vit dans un éclat plus merveilleux encore; elle s'approcha de l'autel, qu'elle salua respectueusement, remercia son amie de ses prières, et monta au ciel en compagnie de son Ange gardien; elle allait enfin jouir de la vue de celui après lequel elle avait tant soupiré.




La première fois qu'elle aperçut l'âme de son frère livrée à ces tourments excessifs, si on les compare à ceux de la terre, bien que légers par rapport à ceux du Purgatoire inférieur, elle s'écria : " 0 frère misérable et bien- heureux tout ensemble!  ô âme affligée et pourtant glorieuse! ces peines sont intolérables, et cependant elles sont supportées avec joie; que n'est-il donné de les coin- prendre à ceux qui manquent de courage pour porter leur croix ici-bas 1 Pendant que vous étiez dans le monde, ô mon frère, vous ne vouliez pas m'écouter, et maintenant, vous désirez ardemment que je vous écoute. Pauvre victime, qu'exigez-vous de moi ?
101 :
Elle s'arrêta un moment et compta jusqu'à cent sept-, puis elle fit connaître que c'était autant de communions que son frère lui demandait d'une voix suppliante. " Oui, répondit-elle, je puis facilement faire ce que vous demandez ; mais, hélas! qu'il faudra de temps pour acquitter cette dette ! oh ! que j'irais volontiers où vous êtes, si Dieu voulait me le permettre, pour vous délivrer ou pour empêcher que, d'autres y descendent ! Dieu de bonté, l'amour que vous portez à vos créatures est bien supérieur à celui qu'elles ont pour vous ! Vous désirez qu'elles viennent à vous avec plus d'empressement qu'elles n'en éprouvent elles- mêmes, ô Dieu également juste et miséricordieux ! soulagez ce frère qui vous servit dès son enfance, regardez-le avec bonté, je vous en conjure, et usez de votre grande miséricorde à son égard. Ô Dieu très juste, s'il n'a pas toujours été assez attentif à vous plaire, du moins il n'a jamais méprisé ceux qui faisaient profession de vous servir plus fidèlement. Il est vrai qu'il a commis des fautes, mais il ne les louait ni ne les excusait. "
Après avoir dit ces mots, elle se mit,' toujours dans l'extase, à réciter des psaumes pour le repos de l'âme de son frère, puis au sortir de sa vision, elle courut, encore tout émue, chez la mère Prieure, et tombant à genoux elle lui dit :

" 0 ma Mère, qu'elles sont terribles les souffrances du Purgatoire ! je ne les aurais jamais crues telles, si Dieu ne me les eût montrées. " Mon Dieu, disait-elle encore, après une vision du même genre, je ne puis plus vivre sur cette terre, ni agir avec les créatures, après avoir vu ces choses; " puis ayant vu la gloire qui doit suivre cette purification sévère, elle dit d'un visage joyeux : " Non, je ne vous appellerai plus  désormais peines cruelles, mais avantageuses, puisque vous conduisez les âmes à une telle gloire et à une si grande félicité




 On voit aussi que les âmes du Purgatoire passent ordinairement d'une région dans une autre ; c'est ce que con- firme une apparition très intéressante, arrivée dans les mois de septembre à décembre 1870, au monastère des Religieuses Rédemptoristes, à Malines, en Belgique.
Comme cette révélation à été examinée et approuvée par l'autorité épiscopale, je ne crains pas de la citer malgré la date toute récente,

Le père d'une religieuse de ce couvent, nommée sœur Marie- Séraphine, et dans le monde Mademoiselle Angèle Aubépin, étant venu à mourir, apparut pendant trois mois à sa fille, pour lui demander des prières.

Pendant un peu plus du premier mois, il lui apparut tout enveloppé de flammes, et lui criant : " Pitié, ma fille, aie pitié de ton père. Regarde, lui dit-il un jour, regarde cette plusieurs centaines. Oh ! si l'on savait ce que c'est que le Purgatoire, on ferait tout pour l'éviter et pour secourir ces pauvres âmes qui y sont renfermées. " En même temps, du milieu des flammes où il était plongé, il s'écriait continuellement : " J'ai soif ! j'ai soif! "

A partir du 14 octobre, le pauvre patient, quoique livré aux plus affreuses tortures, ne parut plus environné de flammes; sans doute il était passé à la région moyenne du Purgatoire.

Étant dans cette deuxième période, il dit un jour à sa fille que les théologiens n'avaient rien exagéré, en enseignant
104 :
que les tourments des martyrs sont inférieurs à ceux que subissent les âmes du Purgatoire ; et la veille de la Toussaint, la religieuse lui ayant demandé, d'après l'ordre de son confesseur, sur quel sujet il fallait prêcher le jour de la fête : " Hélas! lui répondit-il, les hommes ignorent, ou ils ne croient pas assez que le feu du Purgatoire est semblable à celui de l'Enfer ; si on pouvait faire une seule visite au Purgatoire, on ne voudrait plus commettre un seul péché véniel, tant on y est rigoureusement puni. "

Le 30 octobre, la religieuse entendit son père, prononcer ces paroles avec un douloureux soupir : " il me semble qu'il y a une éternité que je suis ici; ma plus grande peine maintenant est une soif dévorante de voir Dieu et de le posséder, je m'élance sans cesse vers Lui, et je me sens constamment repoussé dans l'abîme, parce que je n'ai pas encore pleinement accompli ma peine. " On petit augurer de ces paroles, qu'il était déjà passé au Purgatoire supérieur ; d'ailleurs, le 5 décembre, on n'en put douter, car il apparut déjà tout resplendissant, à travers une auréole de tristesse.

Du 3 décembre au 12, l'apparition ne revint pas mais le 12 et les trois jours suivants, elle se montra de plus en plus resplendissante.

Enfin, pendant la messe de minuit, entre les deux élévations, le défunt apparut, pour la dernière fois, tout éblouissant de lumière et de béatitude. J'ai achevé mon temps d'expiation, dit-il à sa fille, je viens te remercier, toi et ta communauté qui a tant prié pour moi. À mon tour, je prierai pour vous toutes. Je demanderai pour toi une soumission parfaite à la volonté de Dieu, et la grâce d'entrer dans le ciel sans passer par le Purgatoire. "

Ce furent ses dernières paroles; sa fille ne put qu'entre-
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-voir son visage, car il était perdu et comme abîmé dans la lumière.





second moyen de soulager les âmes du purgatoire : la charité

1. La charité corporelle


L’ange disait à Tobie : « La charité sauve de la mort ; c’est elle qui efface les péchés ; elle retire l’âme des ténèbres, lui fait trouver grâce devant Dieu et lui assure la Vie Eternelle.» Quel moyen plus efficace pour soulager les âmes souffrantes ?



La charité spirituelle

Donc pour eux, soignons les pauvres malades. Pour eux, veillons au chevet des agonisants. Pour eux, protégeons les orphelins. Pour eux, consolons les veuves. Pour eux, essuyons les larmes de ceux qui pleurent.

A Bologne, en Italie, une veuve avait un fils unique qui avait coutume de jouer sur la place publique avec les enfants de son âge. Un jour, un étranger troubla ses jeux, avec un mauvais vouloir évident. L’enfant lui cria de rester tranquille. L’inconnu, vexé, tira son épée et le transperça. Saisi de crainte, et surpris par la violence du geste imprévu qu’il venait d’effectuer, son épée sanglante à la main, il se mit à courir et se précipita dans une maison pour s’y cacher. Or, il se trouve que c’était la maison de l’enfant assassiné… Il arriva dans l’appartement de la veuve qu’il ne connaissait pas. A la vue de cet homme, de cette épée couverte de sang, elle demeura interdite. Mais entendant l’étranger lui demander « Au nom de Dieu » asile contre ceux qui le poursuivaient, elle promit de le cacher et de ne le point le livrer. Cependant, les gendarmes apprenant qu’il était entré dans cette maison, le cherchèrent partout, sans le trouver. Comme ils allaient repartir, ils demandèrent à la dame si elle savait que son fils avait été tué par cet assassin… A ces paroles, la mère tomba évanouie. Quand elle revint à elle, on crut qu’il serait impossible de la sauver, tant ce coup l’avait abattue. Mais s’en remettant en la Divine Providence, elle retrouva une grande énergie et résolut de pardonner au meurtrier de son fils, et plus encore, de le traiter avec charité. Elle alla à la cachette de l’assassin, ne lui fit pas de reproche, lui remit une bourse et lui indiqua une issue discrète, au bout de laquelle l’attendait un cheval sellé, prêt à partir. Sur ce, elle se mit en prière pour l’âme de son fils. A peine s’était – elle agenouillée, les bras en croix, devant un crucifix, pour supplier Jésus de prendre pitié de l’âme de son enfant, que son fils lui apparut, le visage heureux, rayonnant comme le soleil, et lui dit : « Chère Maman, ne pleure pas ! Il ne faut pas me plaindre, mais envier mon sort. Car la charité chrétienne dont tu as fait preuve envers mon meurtrier, m’a tiré immédiatement du purgatoire. La Justice Divine m’avait condamné à de longues années de souffrance, mais ton pardon a terminé, en un instant, toute mon expiation, et je suis auprès de Dieu où je resterai pour l’éternité. » Puis il disparut, laissant sa mère dans la joie, malgré son chagrin.

Troisième moyen de soulager les âmes du purgatoire : la Ste communion.

1. Communion sacramentelle


Louis de Bois, célèbre maître de la vie spirituelle et homme d’une remarquable sagesse, rapporte qu’un pieux serviteur de Dieu, qu’il connaissait et aimait, fut visité par une âme du purgatoire, et que celle – ci lui fit voir tout ce qu’elle endurait de tourments. Elle était punie pour avoir reçu la Divine Eucharistie avec une préparation insuffisante, et beaucoup de tiédeur. C’est pourquoi la Divine Justice l’avait condamné au supplice d’un feu dévorant qui la consumait.  « Je vous demande, vous qui avez été mon ami intime et fidèle, et qui devez l’être encore, de communier une fois en mon nom et de le faire avec toute l’ardeur et toute la charité dont vous êtes capable. Je suis sûre que cette fervente communion suffira pour ma délivrance et que par ce moyen seront compensées mes coupables froideurs. » Celui – ci s’empressa de participer à la Sainte Messe et de communier pieusement pour le repos de l’âme de son ami. Après l’action de grâces, l’âme lui apparut de nouveau, parée d’une lumière incomparable, heureuse et pleine de reconnaissance. « Soyez béni, ô le meilleur des amis,  votre communion m’a délivrée et je vais voir face – à – face mon Adorable Maître. »

Rappelons le conseil de St Bonaventure : « Que la charité vous porte à communier, car il n’y a rien de plus efficace pour le repos éternel des défunts. »

Quatrième moyen de soulager les âmes du purgatoire : le sacrifice de la Messe
. Il est offert par Jésus – Christ


A Rome dans un monastère, une peinture représente St Bernard disant la messe et des âmes qui sortent du purgatoire et montent au Ciel à mesure que le Sacrifice continue. Pourquoi pensons – nous si peu à ces grâces exceptionnelles ? Dans la plupart des familles chrétiennes, on fait célébrer une messe de huitaine et des messes anniversaires chaque année. Y pensez – vous ?


Le St Curé d’Ars racontait un jour, dans son catéchisme, à ses paroissiens, le trait suivant :
«  Mes enfants, un bon prêtre avait eu le malheur de perdre un ami qu’il chérissait tendrement, aussi priait – il beaucoup pour le repos de son âme. Un jour, Dieu lui fit connaître qu’il était en purgatoire et qu’il souffrait horriblement. Ce saint prêtre ne crut rien faire de mieux que d’offrir le Saint Sacrifice de la messe pour son cher défunt. Au moment de la Consécration, il prit l’Hostie entre ses doigts et dit : ‘Père Saint et Eternel, faisons un échange, vous tenez l’âme de mon ami qui est en purgatoire, et moi je tiens le Corps de Votre Fils qui est entre mes mains. Eh bien, Père Bon et Miséricordieux, délivrez mon ami et je Vous offre Votre Fils avec tous les mérites de sa mort et de sa passion’. Sa demande fut exaucée, en effet au moment de l’élévation, il vit l’âme de son ami toute rayonnante de gloire, qui montait au Ciel. Dieu avait accepté l’échange. Eh bien, mes enfants, ajoutait le curé d’Ars, quand nous voulons délivrer du purgatoire une âme qui nous est chère, faisons de même. Offrons à Dieu, par le Saint – Sacrifice Son Fils bien aimé avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. Il ne pourra rien nous refuser. »


des messes pour les défunts…
Ste Elisabeth, reine du Portugal, venait de perdre sa fille Constance, reine de Castille. Elle se rendait à Santarem. Comme elle passait près d’un bois, un ermite en sortit et se mit à courir derrière le cortège royal, criant qu’il voulait parler à la reine. Les gardes le repoussaient mais la reine l’ayant entendu, ordonna qu’on le lui amenât. Il lui expliqua que plusieurs fois, pendant qu’il priait dans son ermitage, la reine Constance lui était apparue et l’avait conjuré de faire savoir à sa mère qu’elle gémissait dans le purgatoire et qu’il fallait dire la messe pour elle tous les jours, pendant un an…
L’ermite se retira et l’on ne le revit plus… Les courtisans qui l’avaient entendu s’en moquaient et le traitait de visionnaire, de fou et même d’intriguant. La reine Elisabeth trouva qu’il était plus sage de faire ce qui lui était demandé par cet homme si peu ordinaire. « Après tout, se dit – elle, faire dire des messes pour notre chère fille défunte est dans la logique chrétienne. » Le Père Ferdinand Mendez, réputé pour sa piété, fut chargé de célébrer les 365 messes pour le soulagement de l’âme de Constance… Sainte Elisabeth priait pour sa fille ; mais elle avait complètement oublié la consigne, donnée à ce bon prêtre… Un jour, Constance apparut à sa mère, vêtue de blanc, éclatante de lumière, et lui dit ; « Maintenant, je m’envole vers la béatitude éternelle ! » Le lendemain Elisabeth alla à l’église pour remercier le Bon Dieu de la délivrance de sa fille. Le père Mendez l’y aperçut et vint lui dire qu’il venait de terminer la veille, la série des 365 messes… Juste au moment de l’apparition de sa fille délivrée… Elisabeth se souvint de l’ermite !


Saint Vincent Ferrier avait une sœur, nommée Françoise, beaucoup trop adonnée à la mondanité; au moment de mourir, elle confessa néanmoins avec le repentir le plus sincère; mais quelques jours après sa mort, comme son frère célébrait pour elle le divin sacrifice, elle lui apparut au milieu des flammes, et souffrant des maux intolérables.

" Je suis condamnée à ces supplices jusqu’au jour du dernier jugement, lui dit-elle, mais je serai grandement soulagée, peut-être même délivrée, si vous célébrez pour moi les trente messes de saint Grégoire. " La sainte s’empressa d’accéder à cette demande, et le trentième jour, sa sœur lui apparut entourée d’anges et montant au Ciel. (Vie de saint Vincent Ferrier, Bayle, ch. XIII.).



la souffrance

1. Souffrance volontaire

La souffrance ! C’est la grande satisfaction que le Seigneur demande à leur amour débiteur de Sa Justice. Nous souffrons donc pour eux afin qu’ils souffrent moins. La pénitence, le jeûne, les austérités seraient nos exercices ordinaires.

Un malade, rapportait St Antonin, était en proie aux plus excessives souffrances et demandait à Dieu avec des larmes, la délivrance de ses maux. Un ange lui apparut et lui dit : « Le Seigneur m’envoie vers vous pour vous donner le choix d’une année de souffrances sur la terre ou un seul jour dans le purgatoire. »
Le malade n’hésita pas. Un seul jour dans le purgatoire, se dit – il, je verrai du moins un terme à mes douleurs. Il expira aussitôt et son âme fut précipitée dans l’abîme de l’expiation. Alors l’ange, compatissant, vint s’offrir à lui pour le consoler. A cette vue, le malheureux poussa une clameur déchirante, semblable à un rugissement et s’écria : « Ange séducteur, vous m’avez trompé ! Vous m’avez assuré que je ne serai qu’un jour dans le purgatoire et voilà déjà 20 ans que je suis livré aux plus affreux supplices ! »
« Détrompez vous ; à peine quelques minutes se sont écoulées depuis votre trépas, et votre cadavre n’est pas encore froid sur votre lit de mort. » lui répondit l’Ange.
« Alors obtenez que je retourne sur la terre pour y souffrir pendant un an, tout ce qu’il plaira à Dieu »
Sa demande lui ayant été accordée, le malade incitait tous ceux qui venaient le voir à accepter de bon cœur toutes les peines de ce monde, plutôt que de s’exposer aux tourments de l’autre.
« La patience dans les peines, disait – il souvent, est la clé d’or du Paradis. Profitons en donc pour offrir nos souffrances. »
Et il mourut au terme de l’année, comme convenu…


Sixième moyen, le chemin de croix

1. C’est le chemin du Ciel pour les vivants



Une Mission avait lieu dans une petite paroisse ; les paroissiens venaient en foule entendre la parole de Dieu et solliciter son pardon. Trois hommes seulement refusaient avec obstination d’en profiter. Ils avaient juré de ne pas mettre les pieds à l’église et s’étaient surtout promis de ne pas se confesser. La femme de l’un d’eux vint en parler à l’un des missionnaires. « Avez-vous des enfants ? lui demanda l’homme de Dieu. « J’en ai deux, jeunes encore » « Eh bien, amenez les à l’église, faîtes dévotement avec eux le Chemin de Croix pour les âmes les plus délaissées du purgatoire ; demandez par l’entremise de ces âmes que vous aurez soulagées, la conversion de votre époux, et je vous assure que vous l’obtiendrez. Car l’expérience m’a appris deux choses : que l’exercice du Chemin de Croix est le moyen le plus efficace pour soulager nos défunts et pour obtenir par leur intercession les secours dont nous avons besoin. » Chaque jour à midi, l’épouse venait s’agenouiller au pied du Tabernacle avec ses deux jeunes enfants et faisait avec eux le Chemin de Croix. A chaque station, les enfants disaient du fond du cœur : « O Jésus, donnez le repos aux morts et convertissez mon père ! » La veille de la clôture de la Mission, le pécheur s’agenouillait aux pieds du prêtre, et le lendemain, il recevait joyeux aux côtés de son épouse, le Sauveur Notre Seigneur Jésus Christ. Après la messe, il pressait sur son cœur et bénissait ses deux enfants. O Chemin précieux de la Croix ! Utile à tous mais surtout aux pécheurs et aux âmes souffrantes du purgatoire !



septième moyen : les indulgences

1. Combien elles sont précieuses



Comment il faut les gagner
Trois conditions sont requises pour gagner les indulgences :

D’abord il faut être en état de grâce. Dieu veut qu’avant de secourir les autres, nous fermions d’abord l’enfer sous nos pas. D’ailleurs toutes les œuvres faites en état de péché mortel sont des œuvres mortes et dépourvues de mérites.

Ensuite il faut avoir l’intention, au moins générale, de gagner l’indulgence. Il est donc à propos de renouveler chaque jour à la prière du matin, le désir de gagner des indulgences attachées aux pratiques de piété que l’on peut faire dans la journée.

Enfin,  il faut accomplir intégralement les œuvres prescrites. Ce sont ordinairement des actes très faciles à accomplir, qui durent peu et qui sont à la portée de tous les fidèles : une courte prière, une légère offrande, une mortification, une communion…


Un prédicateur de l’ordre de St François venait de faire un sermon sur la charité et il avait accordé à ses auditeurs 10 jours d’indulgence, selon le pouvoir qu’il avait reçu du Souverain Pontife. Une dame de condition, qui n’avait conservé de son ancien rang que la crainte d’avouer sa misère présente, vint la lui exposer secrètement. Le bon Père lui fit la même réponse qu’autrefois St Pierre au boiteux de Jérusalem : « Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je vous le donne. Je vous renouvelle l’assurance que vous avez gagné 10 jours d’indulgence en assistant à ma prédication ce matin. Allez donc chez tel banquier lequel n’a guère eu souci jusqu’à présent des trésors spirituels et offrez lui en retour de l’aumône qu’il vous fera, de lui céder votre mérite, afin que les peines qui l’attendent en purgatoire en soient diminuées. J’ai tout lieu de croire qu’il vous donnera quelque secours. »
La pauvre femme s’y rendit en toute simplicité et avec beaucoup de bonne foi. L’homme l’accueillit avec bonté. Il lui demanda, amusé, combien elle prétendait recevoir, en échange de ses 10 jours d’indulgences. « Autant qu’ils pèsent dans la balance ». « Eh bien, reprit le banquier, voici une balance. Ecrivez sur un papier vos dix jours, et mettez le dans un des plateaux, je pose sur l’autre, une pièce… » Prodige ! Le premier plateau ne s’éleva pas, mais au contraire, enleva celui de l’argent. Etonné, le banquier ajouta une pièce, qui ne changea rien à ce poids. Il en mit cinq, dix, trente, cent, autant qu’il en fallait à la suppliante dans sa nécessité actuelle ; alors seulement les deux plateaux s’équilibrèrent. Ce fut une leçon précieuse pour lui, car il comprit enfin la valeur des intérêts célestes. Mais les pauvres âmes la comprennent bien mieux encore ; pour la plus légère indulgence, elles donneraient tout l’or du monde. A nous de leur en procurer le plus possible !


http://lieudepriere.free.fr/indulgences.htm

l’acte héroïque de charité

. L’acte héroïque consiste dans l’abandon, entre les mains de Marie, au profit des âmes du purgatoire, de toutes les bonnes œuvres, même de celles que d’autres feront pour nous, avant ou après notre mort.


Cette donation héroïque n’est pas moins avantageuse pour nous. Dieu qui est si bon ne nous rendra-t-il pas au centuple tout ce que nous faisons pour ses enfants souffrants ? « Donnez et on vous donnera, et vous recevrez une mesure bonne, pressée et abondante ». La Ste Vierge à qui nous aurons confié tous nos trésors spirituels pour soulager ses enfants, ne viendra-t-elle pas à notre secours ? Cet abandon filial ne nous donnera-t-il pas droit aux largesses de sa miséricorde ? Enfin, ne pouvons nous pas compter sur la reconnaissance des âmes que nous aurons soulagées ? Aussi croit on généralement que celui qui a fait le vœu héroïque, n’a pas beaucoup à craindre le purgatoire ; Dieu lui fournira le moyen de l’éviter ou du moins il ne le laissera pas souffrir longtemps dans les flammes


Nous lisons dans la vie de sainte Gertrude que dès ses plus tendres années, elle avait appris à offrir toutes ses prières et toutes ses bonnes œuvres à l’intention des âmes du purgatoire par le vœu héroïque de charité. Cette pratique était si agréable à Dieu, que souvent le Divin Sauveur se complut à lui désigner les âmes les plus nécessiteuses, et celles-ci, délivrées par sa pieuse charité, se montraient ensuite à elle au milieu de la gloire, et la remerciaient avec effusion et promesses pour le Ciel. Sainte Gertrude avait passé sa vie dans ce saint exercice, et, pleine de confiance, elle voyait avec calme la mort approcher, quand l’infernal ennemi vint à lui montrer qu’elle s’était dépouillée de tout le mérite satisfactoire de ses bonnes ouvres, et qu’elle allait tomber en purgatoire pour y expier toutes ses fautes dans de longues souffrances. Ce tourment d’esprit l’avait jetée dans une telle désolation, que son Céleste Époux, Notre Seigneur, daigna venir la consoler. « Le Sauveur reprit alors avec tendresse : « Ne crains pas, ô, ma bien-aimée, car tu as au contraire, par ta charité envers les morts, augmenté la somme de tes mérites satisfactoires, et non seulement tu en possèdes assez pour expier tes légères fautes, mais tu as acquis, un très haut degré de gloire dans la Béatitude Éternelle. C’est ainsi que ma Clémence reconnaîtra par une généreuse récompense, ton dévouement pour les morts ; et tu viendras bientôt dans le paradis recevoir le centuple de tout ce que tu as fait pour eux ». Combien sont encourageantes ces paroles du Divin Maître !


le Rosaire


Une jeune fille du royaume d’Aragon, qui vivait du temps de saint Dominique, l’ayant entendu prêcher la dévotion au Saint Rosaire, entra dans la confrérie; mais livrée, Hélas ! à toutes les vanités du siècle, elle ne tarda pas à oublier ses saints engagements. Deux jeunes gens, qui se la disputaient, s’étant battus en duel à son occasion, un d’eux fut tué, et les parents du mort pour se venger, surprenant la misérable fille dans la campagne, la tuèrent et précipitèrent son cadavre sans un puits.

Saint Dominique qui prêchait dans une autre ville, ayant appris, par révélation de la divine Mère, cette tragique aventure, accourut dès qu’il le put, et s’étant rendu au bord du puits où gisait le cadavre appela à haute voix : Alexandra, Alexandra; c’était le nom de l’infortunée; aussitôt à la voix du saint, la tête qui avait été séparée du tronc, se rapprocha, et la malheureuse sortit du puits, vivante, mais couverte de sang; elle se confessa avec les

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larmes, et vécut encore deux jours, pour réciter un grand nombre de rosaires que le saint lui avait donnés comme pénitence.

Saint Dominique lui ayant demandé ce qui lui était arrivé après sa mort, elle déclara trois choses bien remarquables. La première qu’elle eût été infailliblement damnée, n’ayant pas eu le temps de se confesser à la mort sans les mérites du Saint Rosaire, par lesquels elle obtint la grâce de la contrition parfaite; la seconde, qu’au moment où elle rendait l’âme, une troupe de démons hideux étaient venus la saisir, et qu’ils l’auraient emportée en enfer, si la très sainte Vierge ne l’avait arrachée de leurs mains; la troisième, qui revient à notre sujet, concerne la durée du Purgatoire, auquel elle avait été condamnée. Pour le meurtre dont elle était cause, elle devrait faire deux cents ans de Purgatoire, et pour ses autres péchés, cinq cents ans; total, sept cents ans. On croit que saint Dominique obtint par ses prières une abréviation de peine.




comment pouvons –nous éviter le purgatoire ?

En priant souvent pour les âmes du purgatoire

« Je ne me souviens pas, disait St Augustin, d’avoir jamais lu que celui qui prie volontiers pour les trépassés, ait eu une mort mauvaise ou douteuse. »

On raconte qu’une personne particulièrement amie des âmes du purgatoire avait consacré sa vie à les soulager. Etant arrivée à l’heure de sa mort, elle fut assaillie avec fureur par le démon qui la voyait sur le point de lui échapper. Il semblait que l’abîme tout entier ligué contre elle l’entourât de ses infernales cohortes. La mourante luttait depuis quelques temps au milieu des plus pénibles efforts, lorsque tout à coup elle vit entrer dans son appartement une foule de personnages inconnus, mais resplendissants de beauté, qui mirent en fuite le démon, et s’approchant de son lit, lui adressèrent des encouragements et des consolations toutes célestes. Poussant alors un profond soupir et transporté de joie, elle s’écria : « Qui êtes vous, qui êtes vous de grâce, vous qui me faites tant de bien ? » « Nous sommes des habitants du Ciel, que votre aide a conduit à la béatitude, et nous venons à notre tour et par reconnaissance, vous aider à franchir le seuil de ce lieu d’angoisses pour vous introduire dans les joies de la Sainte Cité. »  A ces paroles, un sourire éclaira le visage de la mourante, ses yeux se fermèrent et elle s’endormit dans la paix du Seigneur. Son âme, blanche et pure comme une colombe, se présentant au Seigneur trouva autant de protecteurs et d’avocats qu’elle avait délivré d’âmes, et reconnue digne de la gloire, elle y entra comme en triomphe, au milieu des applaudissements et des bénédictions de tous ceux qu’elle avait tiré du purgatoire. Puissions nous avoir un jour le même bonheur !


Au profit des âmes du purgatoire, il est aussi possible d’offrir : une visite à l’église, un pèlerinage, l’usage de l’eau bénite, messes, neuvaines, prières, sacrifices, actes d’amour, humiliations, jeûnes…
L’usage de l’eau bénite plaît au Divin Sauveur. Chaque fois que le prêtre impose sa bénédiction à l’eau, il agit en qualité de représentant de l’Eglise dont le Sauveur accueille toujours les prières avec complaisance, quelque soit celui pour qui l’Eglise lui adresse des prières « Quand vous prenez de l’eau bénite, faites tomber quelques gouttes à terre pour les âmes du purgatoire en faisant le signe de la croix » nous dit Maria Simma.


Les apparitions



Un des amis de St Augustin, évêque d’Usale, lui posa un jour cette question : « Que faut – il penser de ce qu’on a vu plusieurs personnes apparaître après leur mort, aller et venir dans les maisons comme auparavant ? Que faut – il penser encore de ce que, dans certains lieux où il y a des corps enterrés, on entend souvent du bruit, à une certaine heure de la nuit ? »
« Je ne suis pas loin de croire, répond le grand docteur, que ces sortes d’apparitions soient fréquentes et naturelles aux morts ; car si cela dépendait d’eux, il n’y a pas de nuits où je ne devrais voir apparaître ma pieuse mère, elle qui pendant sa vie ne se séparait jamais de moi, et qui m’a suivi par terre et par mer, jusque dans les contrées les plus lointaines. Mais je suis convaincu que la Toute Puissance Divine peut leur permettre et leur permet quelquefois d’apparaître pour des raisons pleines de sagesse et que nous devons respecter. »



Un jeune homme, issu d’une famille chrétienne, fidèle à ses pratiques de piété, se mettait cependant peu en peine de secourir les âmes du purgatoire. Il ne priait jamais ou presque jamais pour ses parents défunts. Non content de ne pas pratiquer cette salutaire dévotion par lui – même, il en dissuadait les autres, sous prétexte d’une charité mieux placée. Pourquoi, disait – il tant s’occuper du sort des trépassés, puisqu’ils sont assurés de leur salut et qu’ils ne peuvent ni offenser Dieu ni le perdre ? Il ne croyait pas non plus aux apparitions, qu’il tournait souvent en ridicule.
Pour le corriger, Dieu permit à ces âmes affligées de sortir de leur prison et d’apparaître sous des formes effrayantes à celui qui leur causait un si grand dommage. Elles l’assiégèrent en tout lieu et à toute heure, poussant des cris déchirants, remplissant ses yeux de fantômes étranges, glaçant son âme de stupeur, ne la laissant reposer ni le jour ni la nuit.
Le moyen fut efficace. Le jeune homme changea entièrement de conduite et de langage. Il quitta le monde et entra dans l’ordre de St Dominique. Devenu prêtre, il voua aux âmes du purgatoire un culte si éloquent en leur faveur, qu’il inspira à beaucoup le désir de les soulager et on l’appelait amicalement : l’avocat des morts. Il l’était en effet. Jamais on entendit de raisons si fortes, si convaincantes, si nombreuses, que celles qui sortaient de sa bouche, pour prouver que la charité la plus éminente que l’on puisse exercer en ce monde envers le prochain est de prier pour les défunts. Il mourut en odeur de sainteté et son âme sans doute s’envola au Ciel, près de celles qu’il avait lui – même délivrées par ses suffrages. Imitons un si bel exemple de charité.


Les dernières volontés des défunts

1. Il faut les exécuter fidèlement
Les dernières volontés des mourants sont sacrées ! Nous sommes obligés de les respecter. Le Concile de Trente recommande aux évêques de veiller attentivement à l’accomplissement des legs pieux faits par les fidèles défunts. D’autres conciles vont jusqu’à priver de la communion ceux qui s’approprient les dons des mourants ou qui diffèrent d’accomplir leurs dernières volontés.

Il est rapporté dans « les gestes de Charlemagne » qu’un vaillant capitaine dont tout le monde vantait la bravoure, touchait au terme de sa carrière. Il fit appeler alors un de ses parents qu’il avait souvent obligé et lui dit : « J’ai passé soixante ans au service de mon roi sans jamais acquérir autre chose que ma solde habituelle. Il ne me reste en mourant que mon fidèle cheval qui m’a rendu tant de services. Quand j’aurai rendu le dernier soupir, vous le vendrez et vous en donnerez le prix aux pauvres pour le soulagement de mon âme. »  Le parent promit. Quand le capitaine eût rendu son âme à Dieu, cet homme séduit par la beauté et les qualités du cheval, le garda pour lui sans faire aux pauvres l’aumône convenue. La moitié de l’année s’était à peine écoulée que l’âme du défunt apparut à ce parent égoïste si peu fidèle à sa promesse : « Malheureux ! Tu n’as point tenu tes engagements ! Aussi tu es la cause de tous les tourments que j’ai endurés, car mon aumône m’en aurait préservé. Et bien sache que ta conduite sera punie par une prompte mort et qu’un châtiment tout particulier t’est réservé ; tu porteras la peine due à tes propres fautes et tu souffriras à ma place toutes celles que je devrais encore souffrir pour satisfaire à la Justice Divine. »
Le coupable fut accablé par cette menace et voulant mettre ordre à sa conscience, il se hâta de remplir les dernières volontés du défunt, il fit tout ce qu’il put pour éviter les foudres. Il ne put cependant éviter la mort du corps qui lui avait été annoncée et qui l’enleva aussitôt après avoir accompli les volontés du défunt

. Un homme avait trois amis et deux surtout qu’il aimait d’un amour de prédilection. Un jour, il fut accusé devant la justice d’un grand crime bien qu’il fût innocent. Qui de vous, dit il à ses amis, veut m’accompagner jusqu’au Tribunal et protester énergiquement en faveur de mon innocence ? Le premier s’excusa prétextant des occupations. Le second l’accompagna jusqu’à la porte du tribunal, il s’y arrêta et revint bientôt chez lui tremblant, redoutant la colère du juge. Le troisième, celui sur lequel l’accusé comptait le moins, entra, parla en sa faveur, attesta son honorabilité et son innocence avec une telle conviction que le juge lui rendit non seulement la liberté mais lui accorda réparations.

En ce monde, l’homme a trois amis. Quand Dieu l’appelle, à l’heure de la mort pour le juger :
- l’argent, son ami de prédilection, ne va pas avec lui, il l’abandonne complètement et ne lui sert plus à rien
- ses parents, et ses proches l’accompagnent jusqu’à la tombe, lui jettent un peu d’eau bénite au dernier adieu, et retournent tranquillement chez eux
- ses bonnes œuvres, le troisième ami, celui dont il s’est peut être le moins préoccupé durant sa vie. C’est tout le bien qu’il aura accompli pour l’amour de Dieu. Seules ses bonnes œuvres lui restent fidèles, l’accompagnent devant le Seigneur, le précèdent, parlent en sa faveur et obtiennent pour lui Pardon et Miséricorde.


Avant d’accéder au Paradis, les âmes des élus passent en moyenne 30 à 40 ans dans le purgatoire.






La différence avec l’Enfer est que l’âme ne se révolte pas contre Dieu, elle ne désespère pas et ne souhaite pas son malheur aux autres… Au contraire elle remercie Dieu de l’avoir sauvée, malgré ses fautes et elle prie pour que ses proches se convertissent.

Pendant cet éventuel séjour dans le grand purgatoire, les âmes des élus ne peuvent pas profiter des soulagements que leur offrent leurs parents ou amis de la terre (sauf au « jour des morts »). Par contre dans le purgatoire ordinaire, les âmes profitent des rafraîchissements offerts par la terre mais à la condition expresse, que de leur vivant, elles aient été elles – même charitables envers les pauvres âmes du purgatoire… Justice oblige…


Les mêmes apparitions recommandent aussi très soigneusement de s’abstenir de faire des vœux à la légère, et de les accomplir rigoureusement, quand on en a fait, car la justice divine se montre impitoyable à cet égard ; c’est ce que l’on verra dans l’exemple suivant, tiré de la vie du V. Denys le Chartreux (vide apud Bolland, Vita Ven. Dyonisii, 2 martii).

  Ce vénérable religieux assistait à la mort d’un novice dans la Chartreuse de Ruremonde ; ce jeune homme avait fait vœu de réciter deux fois le psautier en entier, puis il avait négligé cette obligation. Averti de se préparer à mourir, la pensée de son vœu lui revint, et dans l’impossibilité de l’accomplir alors, il se désolait à la pensée des jugements de Dieu. Denys, pour l’encourager et le réconforter, à ce moment suprême, lui promit de l’acquitter à sa place, mais, par une permission de la justice divine, après la mort du jeune homme, le bon père oublia entièrement sa promesse, et pendant ce temps, l’infortuné était retenu dans les flammes, attendant pour en sortir, l’accomplissement de son vœu. Un jour, enfin, il eut permission d’apparaître à Denys pour lui rappeler sa promesse, et il ne fit entendre que ces deux mots : - " Pitié, pitié ! " Étonné et désolé de son oubli, le bon père voulait expliquer la cause de son omission, mais le défunt lui cria d’une voix suppliante :-" Ah ! si vous enduriez la millième partie de mes tourments, vous n’admettriez pas l’excuse en apparence la plus légitime, et en ce moment même, vous ne différeriez pas d’une seconde à vous acquitter de ce que vous avez promis à Dieu, en mon nom. 


Le jour de la Toussaint, une jeune fille d'une rare piété et modestie, vit apparaître devant elle l'âme d'une dame de sa connaissance, morte un peu auparavant; elle lui fit connaître qu'elle ne souffrait que de la privation de Dieu, mais elle ajouta que cette privation était pour elle un supplice intolérable. Elle se fit voir ainsi à elle plusieurs fois, et presque toujours dans l'église, parce que, ne pouvant voir Dieu face à face dans le ciel, elle s'en voulait dédommager en le contemplant au moins sous les espèces Eucharistiques.

Du reste, rien ne saurait donner une idée de sa profonde adoration et de son respect sans bornes dans l'église. Quand elle assistait au divin sacrifice, au moment de l'élévation, son visage s'irradiait de telle sorte qu'on eût dit un séraphin descendu du ciel; la jeune fille en était dans l'admiration, et déclarait n'avoir jamais rien vu de beau. Quand son amie communiait, cette âme l'accompagnait à la sainte table et demeurait auprès d'elle tout le temps de son action de grâces comme pour participer à son bonheur et jouir elle aussi de la présence de Jésus. Elle était vêtue de blanc, un voile de même couleur sur la tête, et tenait ordinairement un long rosaire à la main, signe de la tendre dévotion qu'elle avait toujours professée pour la reine du ciel.

Un jour que la jeune fille, avec quelques compagnes, décorait l'autel de la bonne Mère, toutes s'inclinèrent, après avoir fini leur tâche, pour baiser les pieds de la statue; les ayant embrassés l'autre monde elle la vit accourir toute joyeuse qui la remerciait avec affection. Ce jour-là, elle lui apprit qu'elle avait fait vœu autrefois de faire dire trois messes à l'autel de la très sainte Vierge, et que n'ayant pu l'accomplir, cette dette
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sacrée ajoutait à son tourment; elle la pria donc de s'en acquitter à sa place, ce qu'ayant fait la jeune personne, la défunte lui apparut toute joyeuse pour la remercier, et en reconnaissance elle lui conseilla de ne jamais faire de vœu, à moins qu'elle ne fût bien résolue à l'accomplir, car la justice de Dieu est impitoyable à cet égard.


Témoignages post-mortem.

Un des faits les plus intéressants et les mieux prouvés de l'histoire de l'Église de Pologne, c'est ce qui arriva en 1070 à saint Stanislas, évêque de Cracovie. Boleslas, prince impie et cruel, était alors sur le trône et persécutait le saint par tous les moyens en son pouvoir ; il excita contre lui les héritiers d'un certain Pierre Milès, qui était mort depuis trois ans, en laissant une terre à l'église. Les héritiers bien sûrs d'être soutenus, intentèrent un procès au saint, et tous les témoins, s'étant trouvés subornés ou intimidés, le saint fut condamné à restituer la terre en litige ; alors, voyant que la justice des hommes lui faisait défaut, il en appela hardiment à la justice de Dieu, et promit de faire comparaître, comme témoin, celui qui reposait dans le tombeau depuis trois ans : sa parole fut accueillie naturellement avec des sarcasmes ou de grossières plaisanteries, mais après trois jours de jeûne et de supplications solennelles, l'évêque, s'étant rendu avec tout le clergé à la tombe de Pierre Milès, la fit ouvrir ; comme on s'y attendait, on ne trouva que des ossements tombant en poussière, et déjà les rires de l'incrédulité triomphante

s'élevaient de tous côtés, quand le saint commandant au mort, au nom de Celui qui est la résurrection et la vie, soudain ces ossements se raffermirent, se rapprochèrent, se couvrirent de chair, et aux regards stupéfaits de tout un peuple, on vit le mort, tenant le saint évêque par la main paraître devant Boleslas, et certifier la vérité de la donation qu'il avait faite. C'est ainsi que l'iniquité, qui se croyait déjà sûre du succès, fut confondue : mais voici qui vient à notre sujet. Lorsque Pierre Milès eut fait sa déposition, saint Stanislas lui demanda lequel il préférait de retourner au tombeau ou de vivre encore quelques années ; le ressuscité répondit : "A cause de mes nombreux péchés, je suis dans le Purgatoire où je soufre beaucoup ; cependant je préfère mourir de nouveau que de rester dans une vie si misérable et si périlleuse".

"Mais ne pourrais-tu pas faire pénitence de tes fautes et éviter ainsi de retomber dans les supplices dont je t'ai tiré". - Cela est vrai, mais je pourrais aussi me perdre et me damner pour toujours ; j'aime donc beaucoup mieux achever ma peine, que de rentrer dans la vie, avec l'incertitude de plaire à Dieu ou d'y faire mon salut. La plus grande grâce que vous puissiez m'accorder, ô Père très saint, c'est de prier le Seigneur d'abréger mes supplices, et de me recevoir au plus tôt parmi ses élus". - "Je le ferai," répondit l'évêque. Alors, accompagné de tout son clergé, il reconduisit processionnellement le mort au sépulcre, celui-ci s'y recoucha aussitôt, et à l'instant ses os se détachèrent et retombèrent en poussière. On croit que le saint obtint promptement la délivrance de cette âme. Mais cet exemple est très remarquable, en ce qu'il montre une âme au Purgatoire après avoir fait l'essai de ses plus cruels supplices, préférer cet état si douloureux à l'incertitude où nous sommes, tant que nous restons en ce
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monde. (Vid. Bolland. Vita sancti Stanislai, 7 maii).




Offrez des messes pour les âmes du purgatoire

A Cologne, deux dominicains étaient réunis par une grande piété et une égale dévotion aux âmes du purgatoire. Ils vinrent à se promettre que le premier qui mourrait serait secouru par l’autre, de deux Messes par semaine, toute une année. Un jour, l’un des deux, le bienheureux Suzo, apprit que son ami venait de mourir. Il s’empressa de beaucoup prier pour lui, de s’imposer de grandes pénitences, mais il avait totalement oublié les Messes promises…
Un matin où Suzo priait à la chapelle, il vit tout à coup son ami lui apparaître ; le cher défunt lui reprocha son infidélité… Suzo cherchait à s’excuser en lui rappelant les nombreuses prières et les bonnes œuvres qu’il avait faites pour lui. Mais le défunt s’écria : « Oh non non ! Cela n’est rien comparé à la Sainte Messe pour éteindre les flammes qui me brûlent ! »… Et il disparut.
Suzo, très impressionné, se promit de réparer cet oubli au plus vite. Il alerta plusieurs prêtres pour l’aider à soulager son cher défunt par de nombreuses messes. Au bout de quelques jours de ce charitable secours, le défunt apparut à Suzo environné d’une grande lumière, le visage rayonnant de bonheur et lui dit : « Je vous remercie, mon fidèle ami, de la délivrance que je vous dois. Grâces aux Saintes Messes qui ont été dites pour moi, je suis sorti du purgatoire et je monte au Ciel où je verrai, face à face le Bon Dieu que nous avons adoré si souvent ensemble. » Et il disparut.
Grâce à cet évènement et jusqu’à sa mort, le bienheureux Suzo offrit le St Sacrifice de la Messe avec une ferveur renouvelée en faveur des âmes du purgatoire.

Faisons dire des Messes… Offrons à Dieu le sang de Jésus… St Jean Chrysostome recommandait cette pieuse pratique : « Ayez dans votre maison à une place apparente, une boîte où chacun puisse y déposer l’obole des morts. Employez ces offrandes à faire dire des messes pour vos défunts. »


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  Prières + une dizaine de chapelet - à dire chaque jour



1. Litanies pour les âmes du purgatoire.

Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus – Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus – Christ, écoutez nous
Jésus – Christ, exaucez nous

Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Sainte Marie, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Mère de Dieu, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Vierge des vierges, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Michel, priez pour les âmes du purgatoire

Tous les Anges et les Archanges, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les chœurs des Esprits Bienheureux, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Patriarches et prophètes, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jean - Baptiste, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Joseph, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Pierre, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jean, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Apôtres et Evangélistes, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Etienne, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Laurent, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Martyrs, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Grégoire, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Ambroise, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Augustin, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jérôme, priez pour les âmes du purgatoire

Tous les saints Pontifes et Confesseurs, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Docteurs, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Prêtres et Lévites, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Moines et Ermites, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Marie - Madeleine, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Catherine, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Barbe, priez pour les âmes du purgatoire
Toutes les saintes Vierges et Veuves, priez pour les âmes du purgatoire
Toutes les saints de Dieu, priez pour les âmes du purgatoire

Soyez leur propice, pardonnez leur, Seigneur
Soyez leur propice, exaucez nous, Seigneur
De tout mal, délivrez les, Seigneur
De votre colère, délivrez les, Seigneur
De la sévérité de votre justice, délivrez les, Seigneur
Du ver rongeur de la conscience, délivrez les, Seigneur
Des ténèbres effroyables, délivrez les, Seigneur
De leurs pleurs et gémissements, délivrez les, Seigneur
Par votre Incarnation, délivrez les, Seigneur
Par votre Sainte Nativité, délivrez les, Seigneur
Par votre Nom très doux, délivrez les, Seigneur

Par votre Baptême et votre Saint Jeûne, délivrez les, Seigneur
Par votre profonde humilité, délivrez les, Seigneur
Par votre grande obéissance, délivrez les, Seigneur
Par votre amour infini, délivrez les, Seigneur
Par vos angoisses et vos souffrances, délivrez les, Seigneur
Par votre sueur de sang, délivrez les, Seigneur
Par vos liens et vos chaînes, délivrez les, Seigneur
Par votre couronne d’épines, délivrez les, Seigneur
Par vos très saintes plaies, délivrez les, Seigneur
Par votre Croix et votre passion, délivrez les, Seigneur
Par votre mort ignominieuse, délivrez les, Seigneur
Par votre sainte Résurrection, délivrez les, Seigneur
Par votre admirable Ascension, délivrez les, Seigneur
Par l’avènement du Saint Esprit Consolateur, délivrez les, Seigneur

Tout pécheur que nous sommes, nous vous en prions, écoutez- nous
Vous qui avez pardonné à la pécheresse et exaucé le Bon Larron, nous vous en prions,…
Vous qui sauvez par votre Grâce, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de délivrer nos parents, amis et bienfaiteurs des flammes expiatrices, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de délivrer tous les fidèles trépassés de leurs souffrances, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de prendre en pitié ceux qui n’ont point en ce monde d’intercesseurs particuliers, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de faire grâce à tous et de les délivrer de leurs peines, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise d’exaucer leurs désirs, nous vous en prions,…
Qu’il vous plaise de les admettre au Ciel parmi les élus, nous vous en prions,…

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, donnez leur le repos
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, donnez leur le repos
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, donnez leur le repos éternel
Jésus – Christ, écoutez nous
Jésus – Christ, exaucez nous
Seigneur, écoutez ma prière
Et que ma supplication parvienne jusqu’à Vous.


Credo
Je crois en Dieu le Père Tout Puissant….

3. De Profundis
Des profondeurs de l’abîme, j’ai crié vers Vous, Seigneur : écoutez ma prière
Que Vos oreilles soient attentives à la voix de ma supplication
Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur, Seigneur, qui pourra subsister devant Vous ?
Mais Vous êtes plein de miséricorde, et j’espère en Vous Seigneur, à cause de Votre Loi.
Mon âme s’est appuyée sur Votre Parole, mon âme a mis toute sa confiance dans le Seigneur.
Depuis le matin jusqu’au soir, Israël espère dans le Seigneur ;
Car dans le Seigneur est la Miséricorde et une abondante rédemption.
C’est Lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Donnez- leur Seigneur le repos éternel
Et que la lumière éternelle les éclaire.


De profundis clamavi ad te Domine:     
Domine exaudi vocem meam. 
Fiant aures tuae intendentes   
in vocem deprecationis meae  
Si iniquitates observaveris Domine:      
Domine, quis sustinebit?            
Quia apud te propitiatio est:     
et propter legem tuam sustinui te Domine.
Sustinuit anima mea in verbo ejus:        
speravit anima mea in Domino.               
A custodia matutina usque ad noctem,               
speret Israel in Domino.             
Qui apud Dominum misericordia:           
et copiosa apud eum redemptio.           
Et ipse redimet Israel   
ex omnibus iniquitatibus ejus. 
Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto.    
Sicut erat in principio, et nunc et semper,          
et in saecula saeculorum. Amen,



4. Salve Regina
Salut, ô Reine, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut. Enfants d’Eve, nous crions vers vous. Vers vous, nous soupirons gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. Ô vous, notre avocate, tournez vers nous, vos regards compatissants, et après l’exil de cette terre, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles, ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie.


Salve, Regina, mater misericordiae. Vita, dulcedo et spes nostra, salve.
Ad te clamamus, exsules filii Evae.
Ad te suspiramus, gementes et flentes in hac lacrimarum valle.
Eia ergo, advocata nostra, illos tuos misericordes oculos ad nos converte.
Et Jesum, benedictum fructum ventris tui, nobis post hoc exilium ostende.
O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria ! (Amen.)



Priez pour nous, Sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons dignes des promesses de NSJC.

5. Prière pour les âmes du Purgatoire
Seigneur Jésus, prenez en pitié les âmes détenues en purgatoire, pour le salut desquelles Vous avez daigné prendre notre nature humaine et subir la mort la plus douloureuse. Ayez pitié de leurs aspirations brûlantes à vous voir, ayez pitié de leurs larmes de repentir, et par la vertu de Votre Passion, remettez leur les peines encourues par leurs offenses. Très doux Jésus, que Votre Sang descende sur ces chères âmes ! Qu’il abrège leur temps d’expiation et qu’elles puissent bientôt être appelées auprès de Vous dans l’Eternel bonheur ! Amen 




Chapelet de Sainte Gertrude

(Se récite sur un chapelet normal)

    Ce chapelet aurait été révélé par notre Seigneur Jésus Christ à Sainte Gertrude. A chaque fois que l’on récite la prière des dizaines de tout son cœur et avec grande foi, 1000 âmes seraient délivrées du purgatoire.


Voici comment le réciter :

   Sur la croix, réciter le Je crois en Dieu, symboles des Apôtres.
  
 Sur les 5 grains qui suivent, réciter un Notre Père, trois Je vous salue Marie et un Gloire au Père.
  
 Sur la médaille et sur chacun des 4 gros grains séparant les dizaines,  réciter un Notre Père
  
 Sur chaque grain des cinq dizaines, réciter la prière suivante :

« Père Éternel, je Vous offre le très précieux Sang de Votre Divin Fils, Jésus, en union avec les saintes messes célébrées aujourd’hui à travers le monde, pour toutes les âmes du purgatoire, pour les pécheurs dans l’Église Universelle, les pécheurs en tout lieu, ceux de mon entourage et de ma propre famille. AMEN »

   A la fin de chaque dizaine, réciter les prières suivantes :

« Cœur Sacré de Jésus, ouvre les cœurs et les esprits des pêcheurs à la vérité et à la lumière de Dieu, le Père.
Cœur Immaculé de Marie, priez pour la conversion des pêcheurs et du monde »

avec 1 Gloire Au Père.

 Le chapelet se termine par le signe de croix sur la croix.





Comment aider les âmes selon Maria Simma ?

1. Par le Saint Sacrifice de la messe. 
2. Par des souffrances expiatoires. 
3. Le rosaire est, après le Saint Sacrifice de la Messe, le moyen le plus efficace. 
4. Le Chemin de la Croix. 
5. Les indulgences sont d’une valeur inestimable, disent les âmes.
 6. Les aumônes et les bonnes oeuvres, surtout les dons en faveur des missions.
 7. Faire brûler des cierges.
 8. Jeter de l’eau bénite. Un jour, Maria Simma jeta de l’eau bénite pour les âmes. Une voix lui dit: «Encore».


http://jesusmarie.free.fr/purgatoire.html

http://jesusmarie.free.fr/purgatoire_un_mois_avec_les_ames_du_purgatoire.html


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XIII. – Soulagement des âmes. – La S. Messe. – Sainte Elisabeth et la 
 reine Constance. – S. Nic. de Tolentino et Pellegrino d'Osima …...…..183 
XIV. – Soulagement des âmes. – La S. Messe. – Le Père Gérard. – Le 
 trentain ou les trente messes de S. Grégoire …………………………...187 
XV. – Soulag. Des âmes. – La S. Messe. – Eugénie d'Ardoye – Lacordaire 
 et le prince polonais ……………………………………………………190 
XVI. – Soulag. des âmes. – Liturgie de l'Eglise. – Jour des morts. – 
 S. Odilon …………………………………………………………….…193 
XVII. – Soulagement des âmes. – Sacrifice de la messe. – Le F. 
 Jean de l'Alverne à l'autel. – Sainte Mad. de Pazzi. – S. Malachie 
 et sa sœur ……………………………………………………………....196 
XVIII. – Soulag. des âmes. – La S. Messe. – S. Malachie à Clairvaux. 
  – La sœur Zénaïde. – Le vén. Joseph Anchieta et la messe de 
 Requiem …………………………………………………………..……199 
XIX. – Soulag. des âmes par le sacrifice de la messe. – La V. Mère Agnès 
 et la sœur Séraphique. – Marguerite d'Autriche. – L'archiduc Albert. 
  – Le P. Mancinelli …………………………………………………….202 
XX. – Soulag. des âmes par la sainte Messe. – Sainte Thérèse et 
 Bernardin de Mendoza. – Multiplicité des messes, pompe des 
 obsèques. – Cérémonies saintes de l'Eglise et couronnes profanes 
 dont on couvre le cercueil ……………………………………..………205 
XXI. – Soulagement des âmes. – Prière. – Le Frère Corrado 
 d'Offida. – L'hameçon d'or et le fil d'argent …………………………...208 
XXII. – Soulagement des âmes. – Saint Rosaire. – Le Père Nieremberg. 
  – La vén. Mère Françoise du S. Sacrement et le chapelet ………….…210 
XXIII. – Soulagement des âmes. – Le jeûne, les pénitences et les 
 mortifications, même légères. – Un verre d'eau. – La B. Marg. Marie ..212 
XXIV. – Soulag. des âmes. – La sainte Communion. – Sainte Mad. de 
 Pazzi délivrant son frère. – Communion générale à Rome ………...….214 
XXV. – Soulag. des âmes. – Chemin de la Croix. – La V. Marie  d'Antigna ………………………………………………………...…….217 
XXVI. – Soulagement des âmes. – Indulgences. – La B. Marie de Quito 
 et les monceaux d'or …………………………………………………...220 
XXVII. – Soulag. des âmes. – Indulgences. – La Mère Françoise de 
 Pampelune et l'Evêque Ribéra. – Sainte Mad. de Pazzi. – 
 Sainte Thérèse …………………………………………………………222 
XXVIII. – Soulag. des âmes. – Indulgences. – Prières indulgenciées ……....225 
XXIX. – Soulagement des âmes. – L'aumône. – Raban-Maur et 
 Edélard au monastère de Fulde ………………………………………..226 

XXX. – Soulagement des âmes. – Aumône et miséricorde chrétienne. - 
 S. François de Sales et la veuve de Padoue ………………………..230 

XXXI. – Soulag. des âmes. – L'acte héroïque de charité envers les défunts. 
  – Le P. Munford. – Denis le Chartreux et sainte Gertrude ………...….231 

XXXII. – Soulag. des âmes. – Lesquelles doivent être l'objet de notre 
 charité ? tous les fidèles défunts. – S. André Avellino. – Les 
 pécheurs mourant sans sacrements. – S. François de Sales ……………235 

XXXIII. – Soulag. des âmes. – Pour lesquelles devons-nous prier ? – Les 
 grands pécheurs. 

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XV. – Soulag. Des âmes. – La S. Messe. – Eugénie d'Ardoye – Lacordaire 
 et le prince polonais ……………………………………………………190 


Le 13 octobre 1849 mourut dans la commune d'Ardoye, en Flandre, la fermière Eugénie van de Kerchove, épouse de Jean Wybo, âgée de 52 ans. C'était une femme pieuse, charitable, faisant l'aumône avec une générosité proportionnée à l'aisance de sa

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condition. Elle eut jusqu'à la fin de sa vie une grande dévotion à la S. Vierge et pratiquait l'abstinence en son honneur le mercredi et le samedi de chaque semaine. Quoique sa conduite ne fût pas exempte de certains défauts domestiques, elle était du reste fort édifiante et même exemplaire.

 Une servante, appelée Barbe Vannecke, âgée de 28 ans, fille vertueuse et dévouée, qui avait assisté sa maîtresse Eugénie dans sa dernière maladie, continua à servir son maître Jean Wybo, veuf d'Eugénie.

 Environ trois semaines après sa mort, la défunte apparut à cette servante dans les circonstances que nous allons rapporter. C'était au milieu de la nuit : Barbe dormait profondément, lorsqu'elle s'entendit appeler trois fois distinctement par son nom. Elle s'éveille en sursaut, et voit son ancienne maîtresse, la fermière Wybo, en habit

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de travail, jupon et jaquette courte, assise sur le bord de son lit. A cette vue, chose remarquable, bien que saisie d'étonnement, Barbe ne fut point effrayée et conserva toute sa présence d'esprit.

 L'apparition lui adressa la parole : Barbe, lui dit-elle d'abord, en prononçant simplement son nom. – Que désirez-vous, Eugénie ? répondit la servante. – Prenez, dit la maîtresse, le petit râteau que je vous ai fait mettre en place bien souvent, remuez le tas de sable dans la chambrette que vous connaissez. Vous y trouverez une somme d'argent : employer-la pour faire célébrer des messes, au taux de deux francs, à mon intention ; car je suis encore dans les souffrances. – Je le ferai, Eugénie, répondit Barbe ; et au même moment l'apparition disparut. La servante, toujours calme, se rendormit et reposa tranquillement jusqu'au lendemain.

 A son réveil, Barbe se crut d'abord le jouet d'un songe ; mais son esprit était si frappé, elle avait été si bien éveillée, elle avait vu son ancienne maîtresse sous une forme si nette et si vivante, elle avait entendu de sa bouche des indications si précises, qu'elle ne put s'empêcher de dire : "Ce n'est pas ainsi "qu'on rêve. J'ai vu ma maîtresse en personne, qui s'est montrée à mes yeux et "qui m'a parlé : ce n'est pas un songe, mais une réalité." – Elle s'en va donc prendre le râteau désigné, fouille le sable et en retire bientôt une bourse, contenant la somme de cinq cents francs.

 Dans ces circonstances étranges et exceptionnelles, la bonne fille crut devoir recourir aux conseils de son curé, et alla lui exposer ce qui était arrivé. Le vénérable abbé R. alors curé d'Ardoye, répondit que les messes demandées par la défunte devaient être célébrées ; mais, pour disposer de la somme découverte, il fallait le consentement du fermier Jean Wybo. Celui-ci consentit volontiers à un si saint emploi de cet argent, et les messes furent célébrées pour la défunte au taux de deux francs.





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Cette circonstance des honoraires doit être signalée, parce qu'elle répond aux pieuses habitudes de la défunte. Le taux fixé par le tarif diocésain était d'environ un franc et demi ; mais l'épouse Wybo, par dévouement pour le clergé, obligé, à cette époque de disette, de soulager une foule de pauvres, donnait deux francs pour toutes les messes qu'elle faisait célébrer.

 Deux mois après la première apparition, Barbe fut réveillée de nouveau au milieu de la nuit. Cette fois sa chambre était illuminée d'une vive clarté, et sa maîtresse Eugénie, belle et fraîche comme dans ses plus beaux jours, revêtue d'une robe éblouissante de blancheur, se tenait devant elle et la regardait avec un aimable sourire : Barbe, lui dit-elle d'une voix claire et intelligible, je vous remercie : je suis délivrée. – Après avoir prononcé ces mots, elle disparut, la chambre rentra dans l'obscurité, et la bonne servante, émerveillée de ce qu'elle venait de voir, fut inondée de bonheur.






 Le célèbre Père Lacordaire, au début des conférences sur l'immortalité de l'âme, qu'il adressait, peu d'années avant sa mort, aux élèves de Sorèze, leur racontait le fait suivant.
 "Le Prince polonais de X.… incrédule et matérialiste avoué, venait de composer un ouvrage contre l'immortalité de l'âme ; il était même sur le point de le livrer à l'impression, quand, se promenant un jour dans son parc, une femme tout en larmes se jette à ses pieds, et lui dit avec l'accent d'une profonde douleur : "Mon bon Prince, mon mari vient de mourir… En ce moment, son âme est "peut-être au purgatoire, dans les souffrances !… Je suis dans une telle indigence, que je n'ai
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"pas même la petite somme qu'il faudrait pour faire célébrer la messe des "défunts. Que votre bonté daigne me venir en aide en faveur de mon pauvre mari !"
 "Quoique le gentilhomme se tint pour convaincu que cette femme était abusée par sa crédulité, il n'eut pas le courage de la repousser. Une pièce d'or se rencontre sous sa main ; il la lui donne, et l'heureuse femme de courir à l'église, et de prier le prêtre d'offrir quelques messes pour son mari.
 "Cinq jours après, vers le soir, le prince, retiré et enfermé dans son cabinet, relisait son manuscrit et retouchait quelques détails, quand, levant les yeux, il voit à deux pas de lui un homme vêtu comme les paysans de la contrée. "Prince, lui dit l'inconnu, je viens vous remercier. Je suis le mari de cette pauvre "femme qui vous suppliait, il y a peu de jours, de lui donner l'aumône, afin de "faire offrir le sacrifice de la messe pour le repos de mon âme. Votre charité a "été agréable à Dieu : c'est lui qui m'a permis de venir vous remercier."

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 "Ces paroles dites, le paysan polonais disparaissait comme une ombre. – L'émotion du Prince fut indicible et eut pour lui ce résultat : il mit au feu son ouvrage, et se rendit si bien à la vérité que sa conversion fut éclatante ; il persévéra jusqu'à la mort.






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XVI. – Soulag. des âmes. – Liturgie de l'Eglise. – Jour des morts. – 
 S. Odilon …………………………………………………………….…193 



Tandis que le saint Abbé gouvernait son monastère en France, un pieux ermite vivait dans une petite île sur les côtes de Sicile. Un pèlerin français qui revenait de Jérusalem, fut jeté sur ce rocher par une tempête. L'ermite qu'il alla visiter, lui demanda s'il connaissait l'abbaye de Cluni et l'Abbé Odilon ? "Assurément, répondit le pèlerin, je les connais et me fais gloire de les connaître "; mais vous, comment les connaissez-vous ? Et pourquoi me faites-vous cette "question ? – J'entends souvent, répliqua le solitaire, les malins esprits se "plaindre des personnes pieuses, qui, par leurs prières et leurs aumônes, "délivrent les âmes des peines qu'elles souffrent en l'autre vie ; mais ils se "plaignent principalement d'Odilon, Abbé de Cluni, et de ses religieux. Quand "donc vous serez arrivé dans votre patrie, je vous prie au nom de Dieu d'exhorter "ce saint Abbé et ses moines à redoubler leurs bonnes œuvres en faveur des "pauvres âmes."
 Le pèlerin se rendit à l'abbaye de Cluni et s'acquitta de sa commission. En conséquence, saint Odilon ordonna que dans tous les monastères de son institut, on fit tous les ans, le lendemain de la Toussaint, la commémoration de tous les fidèles trépassés, en récitant dès la veille les vêpres des morts et le lendemain les matines ; en sonnant toutes les cloches et en célébrant une Messe solennelle pour les défunts. – On conserve encore le décret qui en fut dressé à Cluni, l'an 998, tant pour ce monastère que pour tous ceux de sa dépendance. Une pratique si pieuse passa bientôt à d'autres églises, et devint après quelque temps l'observance universelle de tout le monde catholique.




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XVII. – Soulagement des âmes. – Sacrifice de la messe. – Le F. 
 Jean de l'Alverne à l'autel. – Sainte Mad. de Pazzi. – S. Malachie 
 et sa sœur ……………………………………………………………....196 


 Dans sa belle Vie de S. Malachie (8 novembre), S. Bernard loue hautement la dévotion de ce prélat envers les âmes du purgatoire. N'étant encore que diacre, il aimait à assister aux funérailles des pauvres et à la messe qu'on célébrait pour eux ; il accompagnait même leurs corps jusqu'au cime-

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tière, avec d'autant plus de zèle, qu'il voyait ces malheureux d'ordinaire trop négligés après leur mort. Mais il avait une sœur qui, toute remplie de l'esprit du monde, trouvait que son frère, en se rapprochant ainsi des pauvres, se dégradait, s'avilissait, et sa famille avec lui. Elle lui en fit des reproches et montra par son langage qu'elle ne comprenait ni la charité chrétienne, ni la divine excellence du

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sacrifice de la messe. – Malachie n'en continua pas moins l'exercice de son humble charité, se contentant de répondre à sa sœur qu'elle oubliait les enseignements de Jésus-Christ, et qu'elle se repentirait un jour de ses paroles indiscrètes.

 Cependant le ciel ne laissa pas impunie l'imprudente témérité de cette femme : elle mourut jeune encore, et alla rendre compte au souverain Juge de sa vie peu chrétienne. Malachie avait eu à se plaindre d'elle ; mais quand elle fut morte, il oublia tous les torts qu'elle avait eus à son égard ; ne pensant plus qu'aux besoins de son âme, il offrit le saint sacrifice et pria beaucoup pour elle. A la longue cependant, ayant à prier pour bien d'autres défunts, il perdit un peu de vue sa pauvre sœur. On peut croire, ajoute le P. Rossignoli, que Dieu avait permis cet oubli en punition de l'insensibilité qu'elle avait témoignée envers les trépassés.

 Quoi qu'il en soit, elle apparut à son saint frère pendant son sommeil. Malachie la vit se tenant au milieu de la cour qui s'étendait devant l'église, triste, vêtue de noir, sollicitant sa compassion et se plaignant de ce que depuis trente jours il ne l'avait plus soulagée. Il se réveilla en sursaut et se rappela qu'en effet depuis trente jours il n'avait plus célébré la messe pour sa sœur. Dès le lendemain il recommença à offrir pour elle le saint sacrifice. Alors la défunte lui apparut à la porte de l'église, assise sur le seuil et gémissant de n'y pourvoir entrer. Il continua donc ses suffrages. Quelques jours après il la vit entrer dans l'église et s'avancer jusqu'au milieu, mais sans pou-

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Voir, malgré tous ses efforts se rapprocher de l'autel. Il fallait donc l'aider davantage, et le Saint offrit d'autres messes. Enfin quelques jours après, il la vit près de l'autel, vêtue d'habits magnifiques, toute rayonnante de joie et délivrée de ses peines.

 On voit par là, ajoute S. Bernard, combien grande est l'efficacité du saint Sacrifice pour ôter les péchés, pour combattre les puissances adverses, et pour introduire au ciel les âmes qui ont quitté la terre.





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XVIII. – Soulag. des âmes. – La S. Messe. – S. Malachie à Clairvaux. 
  – La sœur Zénaïde. – Le vén. Joseph Anchieta et la messe de 
 Requiem …………..……199 




 Nous ne devons point ici omettre le récit de la grâce toute particulière, qui valut à S. Malachie sa grande charité envers les âmes du purgatoire. Un jour qu'il se trouvait avec plusieurs personnes pieuses et les entretenait familièrement des choses spirituelles, il vint à parler du dernier passage. "Si on laissait, dit-il, à "chacun de vous le choix, à quel jour et en quel lieu souhaiteriez-vous de mourir ?" A cette question les uns indiquaient une fête, les autres une autre ; ceux-ci tel
endroit et ceux-là tel autre. Quand ce fut au tour du Saint de manifester sa pensée, il dit qu'il ne finirait nulle part plus volontiers sa vie qu'au monastère de Clairvaux, gouverné par S. Bernard, afin de jouir tout de suite des sacrifices de ces fervents religieux ; et quant au temps, il préférerait, disait-il, le jour de la Fête des morts, afin d'avoir part à toutes les messes, à toutes les prières, qui se font ce jour-là pour les défunts dans tout le monde catholique.

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 Ce souhait de sa piété fut accompli de point en point. Il se rendait à Rome auprès du Pape Eugène III, quand, arrivé à Clairvaux, peu avant la Toussaint, il fut surpris par une grave maladie, qui l'obligea de s'arrêter dans cette pieuse maison. Il comprit bientôt que le Seigneur avait exaucé ses vœux, et s'écria avec le prophète : C'est ici le lieu de mon repos pour toujours : j'y demeurerai parce que je l'ai choisi (Psalm. 131). En effet le lendemain de la Toussaint, tandis que toute l'Eglise priait pour les défunts, il rendit son âme au Créateur.
 Nous avons connu, dit l'abbé Postel, une sainte religieuse, la sœur Zénaïde P. qui, attaquée d'une maladie affreuse depuis plusieurs années, demandait à Notre-Seigneur la grâce de mourir le jour de la Commémoration des morts, pour lesquels elle avait eu toujours une grande dévotion. Il lui fut accordé comme elle désirait. Le 2 novembre au matin, après deux ans de souffrances, supportées avec le courage le plus chrétien, elle se mit à chanter un cantique d'action de grâces, et expira doucement quelques instants avant l'heure où commence la célébration des messes dans toutes les églises.
 On sait qu'il y a dans la liturgie catholique une messe spéciale pour les défunts : elle se célèbre en ornement noir et on la nomme messe de Requiem. On pourrait demander si cette messe est plus profitable aux âmes que les autres ? – Le sacrifice de la Messe, malgré la diversité des cérémonies est toujours le même, le sacrifice infiniment saint du Corps et du Sang de Jésus-Christ. Mais comme la messe des morts contient des prières particulières pour les âmes, elle leur obtient aussi des secours particuliers, du moins toutes les fois que les règles liturgiques permettent au prêtre de célébrer en noir. Cette opinion fondée sur l'institution et la pratique de l'Eglise, se trouve confirmée par un fait que nous
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lisons dans la vie du vénérable Père Joseph Anchieta.
 Ce saint religieux de la Compagnie de Jésus, surnommé à juste titre le thaumaturge du Brésil, avait comme tous les saints une grande charité pour les âmes du purgatoire. Un jour, c'était pendant l'octave de Noël, où l'Eglise défend les messes de Requiem, le 27 décembre, fête de S Jean l'Evangéliste, cet homme de Dieu au grand étonnement de tous, monta à l'autel en ornement noir et célébra une messe de morts.
 Son supérieur, le Père Nobréga, connaissant la sainteté d'Anchieta, ne doutait point qu'il n'agit par inspiration divine ; néanmoins pour ôter à cette conduite le caractère d'irrégularité qu'elle paraissait avoir, il le reprit devant tous ses confrères. "Eh ! Quoi, mon Père, lui dit-il, ne savez-vous pas que l'Eglise "défend de célébrer en noir aujourd'hui ? Avez-vous donc oublié les règles "liturgiques ?" – Le bon Père, humble et obéissant, répondit avec une respectueuse simplicité que Dieu lui avait fait connaître la mort d'un Père de la Compagnie. Ce Père, son ancien condisciple à l'université de Coïmbre, et qui
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résidait pour lors en Italie au collège de la sainte Maison de Lorette, était mort cette nuit-là même. "Dieu, ajouta-t-il, en m'en donnant connaissance, m'a fait "comprendre que je devais aussitôt offrir pour lui le saint Sacrifice et faire tout "ce qui était en mon pouvoir pour soulager cette âme. – Mais, continua le "supérieur, savez-vous si la sainte Messe célébrée, comme vous l'avez fait, lui a "été utile ? – Oui, repris modestement Anchieta : immédiatement après la "commémoraison des morts, lorsque je disais ces paroles : A Dieu le Père tout-"puissant, dans l'unité du Saint-Esprit, tout honneur et gloire ! le Seigneur m'a "fait voir cette chère âme, délivrée de toute peine, monter au ciel, où l'attendait "la couronne."






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XIX. – Soulag. des âmes par le sacrifice de la messe. – La V. Mère Agnès 
 et la sœur Séraphique. – Marguerite d'Autriche. – L'archiduc Albert. 
  – Le P. Mancinelli …………………………………………………….202 



La vénérable Mère Agnès de Langeac, religieuse Dominicaine dont nous avons déjà parlé, assistait à la sainte Messe avec la plus grande dévotion, et engageait ses sœurs à la même ferveur. Elle leur disait que ce divin sacrifice est l'action la plus sainte de la religion, l'œuvre de Dieu par excellence ; et elle leur rappelait la parole des Livres saints : maudit soit celui qui fait l'œuvre de Dieu négligemment. Une sœur de la communauté, nommée sœur Séraphique, vint à mourir : elle n'avait pas assez tenu compte des salutaires avis de sa supérieure, et fut condamnée à un rude purgatoire.
 La mère Agnès en eut connaissance. Dans un ravissement, elle se trouva en esprit au lieu des expiations, y vit beaucoup d'âmes dans les flammes, et reconnut parmi elles la sœur Séraphique, qui d'une voix lamentable lui demandait du secours. Touchée de la plus vive compassion, la charitable Supérieure fit tout ce qu'elle put pendant huit jours : elle jeûnait, communiait et assistait à la sainte Messe, pour la chère défunte. Comme elle priait


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avec beaucoup de larmes et de gémissements, conjurant la divine miséricorde par le précieux sang de Jésus-Christ, qu'il lui plût de tirer sa chère fille des flammes, et de l'admettre au bonheur de voir sa face ; elle entendit une voix qui lui disait : Continue encore de prier, il n'est pas temps de la délivrer. La mère Agnès persévéra avec confiance, et deux jours après, tandis qu'elle assistait au divin sacrifice, au moment de l'élévation, elle vit l'âme de sœur Séraphique monter au ciel avec une extrême joie. Cette vue si consolante fut la récompense de sa charité et enflamma d'une nouvelle ardeur sa dévotion au saint Sacrifice de la messe.



Il est rapporté dans la Vie de la reine Marguerite d'Autriche, femme de Philippe III, qu'en un seul jour, qui fut celui de ses obsèques, on célébra dans la ville de Madrid, près de onze cents messes pour le repos de son âme. Cette Princesse avait demandé mille messes dans son testament ; le roi en fit ajouter vingt mille. – Quand l'archiduc Albert mourut à Bruxelles, sa veuve, la pieuse Isabelle, fit célébrer pour lui quarante mille messes ; et pendant un mois tout entier, elle-même en entendit dix par jour, avec la plus grande piété (Le Père Munford, Charité envers les défunts).
 Un des plus parfaits modèles de la dévotion à la sainte messe et de la charité envers les âmes du purgatoire, fut le Père Jules Mancinelli de la Compagnie de Jésus. Les Sacrifices offerts par ce digne religieux, dit le P. Rossignoli (Merveille 23), semblaient avoir auprès du Seigneur une efficacité particulière pour le soulagement des défunts.
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Les âmes lui apparaissaient fréquemment pour lui demander la grâce d'une seule messe.
 César Costa, oncle du P. Mancinelli, était archevêque de Capoue. Un jour rencontrant son saint neveu fort pauvrement vêtu, malgré la rigueur du froid, il lui donna avec beaucoup de charité une aumône pour se procurer un manteau. A quelque temps de là, l'Archevêque mourut ; et le Père étant sorti pour visiter ses malades, couvert de son nouveau vêtement, vit son oncle défunt venir à lui tout entouré de flammes, le suppliant de lui prêter son manteau. Le Père le lui donna, et le défunt s'en étant enveloppé, ses flammes s'éteignirent aussitôt. Mancinelli comprit que cette âme souffrait dans le purgatoire et qu'elle lui demandait de la soulager dans ses peines, en retour de la charité dont elle avait usé à son égard. Aussi, reprenant son manteau, il lui promit de prier pour elle avec le plus grand zèle, surtout à l'autel du Seigneur.
 Ce fait fut si notoire et produisit une si salutaire impression, qu'après la mort du Père, on le reproduisit sur un tableau qui se conserve au collège de Macerata, sa patrie.


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. XX. – Soulag. des âmes par la sainte Messe. – Sainte Thérèse et
 Bernardin de Mendoza. 



Terminons ce que nous avons à dire sur la sainte messe, par le récit de sainte Thérèse, concernant Bernardin de Mendoza. Elle raconte ce fait dans son livre des Fondations, chapitre X.
 Le jour des Trépassés, don Bernardin de Mendoza avait donné à sainte Thérèse une maison et un beau jardin, situés à Valladolid, pour y fonder un monastère en l'honneur de la Mère de Dieu. "Deux mois après, écrit la Sainte, ce gentilhomme tomba malade subitement et perdit tout d'un coup la parole ; en sorte qu'il ne put se confesser, encore qu'il témoignât par signes le désir de le faire, et la vive contrition qu'il ressentait de ses péchés.
 "Il ne tarda pas à mourir, loin de l'endroit où j'étais à cette époque ; mais Notre-Seigneur me parla et me fit connaître qu'il était sauvé, quoiqu'il eût couru grand risque de ne pas l'être : la miséricorde de Dieu s'était étendue sur lui, à cause des dons qu'il avait faits au couvent de la Sainte-Vierge ; toutefois son âme ne devait pas sortir du purgatoire avant que la première messe fut célébrée dans la nouvelle maison.
 "Je ressentis si profondément les souffrances de cette âme, que, malgré mon vif désir d'achever dans le plus court délai la fondation de Tolède, je partis immédiatement pour Valladolid.
 "Un jour que j'étais en prière à Médina del Campo, Notre-Seigneur me dit de me hâter ; car l'âme de Mendoza était en proie aux plus vives souffrances. Je repartis donc sur-le-champ, bien que je n'y fusse pas préparée, et

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j'arrivai à Valladolid le jour de la fête de S. Laurent.
 "Aussitôt j'appelai des maçons pour élever sans tarder les murs de clôture ; mais comme cela devait prendre beaucoup de temps, je demandai au Seigneur Evêque, l'autorisation de faire une chapelle provisoire à l'usage des sœurs qui m'avaient accompagné. L'ayant obtenue, j'y fis célébrer la messe ; et, à la communion, au moment où je quittai ma place pour m'approcher de la sainte Table, je vis notre bienfaiteur, qui, les mains jointes et le visage resplendissant, me remerciait de ce que j'avais fait pour le tirer du purgatoire. Je le vis ensuite monter plein de gloire au ciel. Je fus d'autant plus joyeuse que je n'osais espérer un tel succès. Car, bien que Notre-Seigneur m'eût révélé que la délivrance de cette âme suivrait la première messe célébrée dans la maison, je pensais que cela devait s'entendre de la première messe, où le Saint-Sacrement serait renfermé dans le tabernacle."




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XXI. – Soulagement des âmes. – Prière. – 


D'abord c'est la prière, la prière sous toutes les formes. Les annales de l'Ordre séraphique parlent avec admiration du Frère Corrado d'Offida, un des premiers disciples de S. François. Il se distinguait par un esprit de prière et de charité qui contribuait grandement à l'édification de ses frères. Parmi ceux-ci il y en avait un, jeune encore, dont la conduite relâchée et turbulente troublait la sainte communauté ; mais grâce aux prières et aux charitables exhortations de Corrado, il se corrigea entièrement et devint un modèle de régularité. Bientôt après cette heureuse conversion, il vint à mourir, et ses frères firent pour son âme les suffrages ordinaires.
 Peu de jours s'étaient écoulés, lorsque le Frère Corrado se trouvant en prière devant l'autel, entendit une voix qui lui demandait le secours de ses prières. – "Qui êtes-vous ? dit le serviteur de Dieu." – "Je suis, répondit la voix, "l'âme du jeune religieux que vous avez si bien ramené à la ferveur. – Mais "n'êtes vous pas mort saintement ? Avez-vous encore tant besoin de prières ? – "Ma mort a été bonne, en effet, et je suis sauvé ; mais à cause de mes anciens "péchés que je n'ai pas eu le temps d'expier, je souffre les plus rigoureux "châtiments, et je vous en supplie, ne me refusez pas le secours de vos prières." Aussitôt le bon Frère s'inclinant devant le tabernacle récita un Pater suivi du Requiem aeternam. "O mon bon Père, s'écria l'apparition
 "que votre prière me procure de rafraîchissement ! Oh ! comme elle me soulage!
"Je vous en prie continuez." – Corrado répéta dévotement les mêmes prières. "Père bien-aimé, reprit l'âme, je vous en conjure, encore ! encore !... J'éprouve "tant de soulagement quand vous priez !..." – Le charitable religieux continua ses prières avec une nouvelle ferveur, et répéta jusqu'à cent fois l'Oraison dominicale. Alors, avec un accent d'indicible joie, le défunt lui dit : "Je vous "rends grâces de la part de Dieu, ô Père chéri : je suis entièrement délivré ; voici "que je me rends au royaume des cieux."
 On voit par l'exemple précédent combien les moindres prières, les plus courtes supplications sont efficaces pour adoucir les souffrances des pauvres âmes. J'ai lu quelque part, dit le P. Rossignoli, qu'un saint Evêque, ravi en esprit, vit un enfant, lequel, avec un hameçon d'or et un fil d'argent, tirait du fond d'un puits une femme qui s'y noyait. – Après son oraison, comme il se rendait à l'église, il aperçut ce même enfant agenouillé, priant sur une tombe du cimetière. "Que fais-tu là, mon petit ami, lui demanda-t-il ? – Je dis, répondit l'enfant, "Notre Père et Je vous salue Marie pour l'âme de ma mère, dont le corps repose "en ce lieu." – Le prélat comprit aussitôt que Dieu avait voulu lui montrer l'efficacité de la prière la plus simple ; il connut que l'âme de cette mère venait d'être délivrée, que l'hameçon d'or était le Pater, et que l'Ave était le fil d'argent de cette ligne mystique





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XXII. – Soulagement des âmes. – Saint Rosaire. 



La vénérable Mère Françoise du Saint-Sacrement, avait aussi la pieuse habitude de réciter fréquemment le rosaire pour soulager les âmes ; et Dieu daigna par des faveurs sensibles marquer à sa servante combien cette prière lui était agréable.
 Françoise du Saint-Sacrement (sa vie par le P. Joachim. Voir Rossignoli, merv. 26) avait eu dès son enfance la plus grande dévotion aux âmes souffrantes, et elle y persévéra tant qu'elle vécut. Elle était tout cœur, tout dévouement envers ces pauvres et saintes âmes : pour les aider, elle récitait chaque jour le rosaire, qu'elle avait coutume d'appeler son aumônier, et elle en terminait chaque dizaine par le Requiescant in pace. Les jours de fête où elle était plus libre de son temps, elle y ajoutait l'Office des morts. A la prière elle joignait les pénitences. La meilleure partie de l'année elle jeûnait au pain et à l'eau, elle pratiquait des veilles et d'autres austérités ; elle avait à endurer beaucoup de travaux et de fatigues, des peines et des persécutions : or toutes ces œuvres tournaient au profit des âmes, Françoise offrait tout à Dieu pour leur soulagement.
 Non contente de les assister elle-même, elle engageait tant qu'elle pouvait, les autres à le faire : si des prêtres venaient au monastère, elle les exhortait à célébrer la messe ; si c'étaient des laïques, elle les engageait à distribuer beaucoup d'aumônes pour les fidèles trépassés. En récompense de sa charité, Dieu permettait aux âmes de la visiter fréquemment, tant pour solliciter ses suffrages que pour l'en remercier. Des témoins ont assuré que, plusieurs fois, elles l'attendirent visiblement à sa porte,
quand elle se rendait à l'office de matines, pour se recommander à elle ; d'autres fois, elles pénétrèrent dans sa chambre, afin de lui présenter leur requête ; elles se rangeaient autour de son lit jusqu'à ce qu'elle s'éveillât. Ces apparitions, auxquelles elle était habituée, ne lui causaient aucune frayeur ; et afin qu'elle ne
 se crût point le jouet de quelque rêve ou d'une illusion du démon, elles lui disaient en entrant : "Salut, servante de Dieu, épouse du Seigneur ! que Jésus "soit avec vous toujours !" – Puis, elles témoignaient leur vénération pour une grande croix et pour les reliques des Saints, que leur bienfaitrice conservait dans sa cellule. – Si elles la trouvaient récitant le rosaire, ajoutent les mêmes témoins, elles le lui prenaient des mains et le baisaient avec amour, comme l'instrument de leur délivrance.



Nous en avons une preuve touchante dans la Vie du Père Nieremberg, dont nous avons fait mention ailleurs. Ce charitable serviteur de Dieu, pour soulager les âmes du purgatoire, s'imposait des mortifications fréquentes accompagnées d'oraisons et de prières. Il ne manquait point de réciter chaque jour le chapelet à leur intention, et de gagner pour elles le plus d'indulgences qu'il se pouvait, dévotion à laquelle il invita les fidèles dans un ouvrage spécial qu'il publia sur cette matière. Le chapelet dont il se servait, était garni de pieuses médailles et enrichi de nombreuses indulgences. Un jour il lui arriva de le perdre, et il en fut désolé : non que ce saint religieux dont le cœur ne tenait plus à rien sur la terre, eût quelque attache matérielle à ce chapelet ; mais parce qu'il se voyait empêché par là de procurer à ses chères âmes les secours habituels.
 Il eut beau chercher partout, il eut beau interroger ses souvenirs pour retrouver son pieux trésor ; tout fut inutile, et le soir étant venu, il se vit réduit à remplacer sa prière indulgenciée par des oraisons communes. Pendant qu'il priait, seul dans sa cellule, il entendit au plafond un bruit semblable à celui de son chapelet, qui lui était bien connu ; et levant les yeux, il vit en effet son chapelet, tenu par des mains invisibles, descendre vers lui et tomber à ses pieds avec toutes les médailles qui y étaient attachées. – Il ne douta pas que les invisibles mains qui
le lui rapportaient ne fussent celles des âmes soulagées par ce moyen. Qu'on juge avec quelle ferveur nouvelle il récita les cinq dizaines accoutumées, et combien cette merveille l'encouragea à persévérer dans une pratique si visiblement favorisée du ciel.





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XXIII. – Soulagement des âmes. – Le jeûne, les pénitences et les 
 mortifications, même légères. – 

Après la prière vient le jeûne, c'est-à-dire non seulement le jeûne proprement dit, qui consiste dans l'abstinence de la nourriture ; mais encore toutes les œuvres de pénitence de quelque nature qu'elles soient. Il faut bien remarquer qu'il ne s'agit pas seulement ici des grandes austérités pratiquées par les Saints ; mais de toutes les tribulations, de toutes les contrariétés de la vie, ainsi que des moindres mortifications, des plus petits sacrifices, qu'on s'impose ou qu'on accepte en vue de Dieu, et qu'on offre à sa divine miséricorde pour le soulagement des âmes.
 Un verre d'eau qu'on se refuse quand on a soif, c'est bien peu de chose ; et si l'on considère cet acte en
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lui-même on ne voit guère quelle efficacité il possède pour adoucir les terribles peines du purgatoire. Mais telle est la divine bonté, qu'elle daigne l'accepter comme un sacrifice de grande valeur. Qu'on me permette, dit à ce sujet l'abbé Louvet, de citer un exemple presque personnel. Une de mes parentes était religieuse dans une communauté, qu'elle édifiait, non par l'héroïsme des vertus qui éclatent dans les saints, mais par une vertu toute commune et une conduite régulière. Or il arriva qu'elle perdit une amie qu'elle avait dans le monde ; et dès qu'elle apprit la nouvelle de sa mort, elle se fit un devoir de la recommander à Dieu. Le soir étant venu, comme elle se sentit pressée de soif, son premier mouvement fut de vouloir se rafraîchir, sa règle d'ailleurs ne s'y opposait nullement ; mais se rappelant son amie défunte, elle eut le bonne pensée de se refuser ce petit soulagement en faveur de son âme, et au lieu de boire le verre d'eau qu'elle tenait à la main, elle la répandit en priant Dieu de faire miséricorde à la défunte. – Ceci rappelle comment le roi David, se trouvant avec son armée en un endroit sans eau, pressé par la soif, refusa de boire l'eau fraîche qu'on lui apportait de la citerne de Bethlehem : au lieu de la porter à ses lèvres, il la répandit en libation au Seigneur ; et l'Ecriture cite ce trait du saint Roi comme une action agréable à Dieu. – Or la légère mortification que s'imposa notre
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religieuse en se privant de ce verre d'eau, plut tellement au Seigneur, qu'il permit à la défunte de le manifester par une apparition. Elle se montra la nuit suivante à la sœur, en la remerciant vivement de ce qu'elle avait fait pour elle. Ces quelques gouttes d'eau, dont la mortification avait fait le sacrifice, s'étaient changées en un bain rafraîchissant, pour tempérer les ardeurs du purgatoire.





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XXIV. – Soulag. des âmes. – La sainte Communion. – 

Si les bonnes œuvres ordinaires procurent tant de secours aux âmes, que ne fera point l'œuvre la plus sainte
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que le chrétien puisse accomplir, je veux dire la Communion Eucharistique ? Lorsque sainte Madeleine de Pazzi vît l'âme de son frère dans les souffrances du purgatoire, touchée de compassion, elle fondit en pleurs et s'écria d'une voix lamentable : "O âme affligée, que vos peines sont terribles ! Que n'est-il donné


"de les comprendre à ceux qui manquent de courage pour porter leurs croix ici-"bas ! Pendant que vous étiez dans le monde, ô mon frère, vous ne vouliez pas "m'écouter, et maintenant vous désirez ardemment que je vous écoute. Pauvre "victime, qu'exigez-vous de moi ?" – Ici elle s'arrêta, et on l'entendit compter jusqu'au nombre cent et sept ; puis elle dit tout haut que c'étaient autant de communions qu'il lui demandait d'une voix suppliante. "Oui, lui répondit-elle, je "puis facilement faire ce que vous me demandez ; mais hélas ! combien il faudra "de temps pour acquitter cette dette ! Oh ! que j'irais volontiers où vous êtes, si "Dieu voulait me le permettre, pour vous délivrer, ou empêcher que d'autres y "descendent !"
 La Sainte, sans omettre les prières et autres suffrages, fit avec la plus grande ferveur les Communions que son frère réclamait pour sa délivrance.
 C'est, dit le P. Rossignoli, un pieux usage (Merveille 45), établi dans les églises de la Compagnie de Jésus, de faire chaque mois une Communion générale pour le soulagement des âmes du purgatoire ; et Dieu a daigné montrer par un prodige combien cette pratique lui est agréable.
 L'an 1615, comme les Pères de la Compagnie célébraient solennellement cette Communion mensuelle à Rome, dans l'église de Sainte-Marie-au-delà-du-Tibre, une foule immense de peuple y accourut. Parmi les chrétiens fervents se trouvait aussi un grand pécheur qui, tout en prenant part aux pieuses cérémonies de la religion, menait depuis longtemps une vie très-mauvaise. Cet

homme, avant d'entrer dans l'église, en vit sortir et venir à lui un pauvre de bonne apparence, qui lui demanda l'aumône pour l'amour de Dieu ; il la lui refusa d'abord. Mais le pauvre, selon l'usage des mendiants, insista jusqu'à trois fois, employant les formules de supplication les plus touchantes. A la fin, cédant à un bon sentiment, notre pécheur le rappela, tira sa bourse et lui donna une pièce de monnaie.
 Alors le pauvre, changeant ses prières en un tout autre langage : "Gardez "votre argent, lui dit-il, je n'ai pas besoin de vos largesses ; mais vous, vous avez "grandement besoin de changer de vie. Sachez que je suis venu du mont "Gargano à la cérémonie qui s'accomplit en cette église, pour vous donner un "avertissement salutaire. Voici vingt années que vous menez une vie déplorable, "provoquant la colère de Dieu, au lieu de l'apaiser par une sincère confession. "Hâtez-vous de faire pénitence, si vous voulez échapper aux coups de la divine "justice prête à éclater sur votre tête."
 Le pécheur fut tout saisi à ce discours : une frayeur secrète s'empara de lui quand il s'entendait révéler les iniquités de sa conscience, que Dieu seul pouvait connaître. Son émotion fut bien lus grande encore, quand il vit ce pauvre disparaître à ses yeux, comme une fumée qui se dissipe  en l'air. Ouvrant son cœur à la grâce, il entra dans l'église, se jeta à genoux, en versant un torrent de larmes ; puis, sincèrement repentant, il alla faire à un confesseur l'aveu de ses

crimes et demander le pardon. Après la confession, il rendit compte au prêtre du prodige qui lui était arrivé, le priant de le faire connaître pour l'accroissement de la dévotion envers les défunts ; car il ne douta point que ce ne fût une âme délivrée tout à l'heure, qui lui eût obtenu cette grâce de conversion.
 On pourrait demander quel était le mystérieux mendiant, apparaissant à ce pécheur pour le convertir ? Quelques-uns ont cru qu'il n'était autre que l'archange

S. Michel, parce qu'il se disait venir du mont Gargano ; on sait en effet que cette montagne est célèbre dans toute l'Italie par une apparition de l'archange S. Michel, auquel on y a élevé un magnifique sanctuaire. Quoi qu'il en soit, la conversion de ce pécheur par un tel miracle, et dans le moment même où l'on priait et communiait solennellement pour les défunts, montre bien l'excellence de cette dévotion et le prix qu'elle a aux yeux de Dieu.
 Concluons donc par la parole de S. Bonaventure : "Que la charité vous "porte à communier, car il n'y a rien de plus efficace pour le repos éternel des "défunts" (De proepar. Maissae).



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XXV. – Soulag. des âmes. – Chemin de la Croix. – La V. Marie   d'Antigna ……


Dans son acception littérale, le Chemin de la Croix est l'espace que l'Homme-Dieu parcourut, sous le fardeau de sa croix, depuis le palais de Pilate où il fut condamné à mort, jusqu'au sommet du Calvaire où il fut condamné à mort, jusqu'au sommet du Calvaire où il fut crucifié. Après l'Ascension de son Fils, la sainte Vierge Marie, ou seule, ou en compagnie de saintes femmes, suivait fréquemment cette voie douloureuse. A son exemple, les fidèles de la Palestine d'abord, et dans les âges suivants de nombreux
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pèlerins des contrées même les plus reculées, allèrent visiter ces lieux sacrés, arrosés des sueurs et du sang de Jésus-Christ ; et l'Eglise pour favoriser leur piété, leur ouvrit le trésor de ses grâces spirituelles.
 Mais tout le monde ne pouvant point se transporter dans la Judée, le Saint-Siège a permis qu'on érigeât en d'autres lieux, dans les églises et chapelles, des

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croix et tableaux ou bas-reliefs, représentant les scènes touchantes qui s'étaient accomplies sur le vrai chemin du Calvaire, à Jérusalem.
 En permettant d'ériger ces saintes Stations, les Pontifes Romains, qui comprirent toute l'excellence et toute l'efficacité de cette dévotion, daignèrent aussi l'enrichir de toutes les Indulgences qu'ils avaient accordées à la visite réelle des saints Lieux. Et ainsi, suivant les Brefs et les Constitutions des Souverains Pontifes Innocent XI, Innocent XII, Benoît XIII, Clément XII, Benoît XIV, ceux qui font le Chemin de la Croix avec les dispositions convenables, gagnent toutes les Indulgences accordées aux fidèles qui visitent en personne les saints Lieux de Jérusalem, et ces Indulgences sont applicables aux défunts.
 Or il est très-certain que de nombreuses Indulgences, soit plénières, soit partielles, furent accordées à ceux qui visitent les saints Lieux de Jérusalem, comme on peut le voir dans le Bullarium Terrae Sanctae ; en sorte que, au point de vue des Indulgences, on peut dire, que de toutes les pratiques de piété, le Chemin de la Croix en est doté le plus richement.
 Ainsi cette dévotion, tant à cause de l'excellence de son objet qu'à raison des Indulgences, constitue un suffrage du plus grand prix pour les défunts.
 Voici ce qu'on lit à ce sujet dans la vie de la Vénérable Marie d'Antigna (Louvet, Le purgatoire, p. 332). Elle avait eu longtemps la sainte pratique de faire chaque jour le Chemin de la croix pour le
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soulagement des défunts ; mais plus tard, par des motifs plus apparents que solides, elle le fit plus rarement, puis l'abandonna tout-à-fait. Notre-Seigneur, qui avait de grands desseins sur cette pieuse vierge, et qui voulait en faire une victime d'amour pour la consolation des pauvres âmes du purgatoire, daigna lui donner une leçon qui devait servir d'instruction à nous tous. Une religieuse du même monastère, décédée depuis peu, lui apparut, et se plaignant tristement : "Ma sœur, lui dit-elle, pourquoi ne faites-vous plus les stations du Chemin de la "croix pour les âmes souffrantes ? Vous aviez coutume auparavant de nous "soulager chaque jour par ce saint exercice ; pourquoi nous privez-vous de ce "secours ?"
 Cette âme parlait encore, lorsque le Sauveur lui-même se montra à sa servante et lui reprocha sa négligence. "Sache, ma fille, ajouta-t-il, que les "stations du Chemin de la Croix sont très-profitables aux âmes du purgatoire et "constituent un suffrage d'une importance majeure. C'est pourquoi j'ai permis à "cette âme, en son nom et au nom de toutes les autres, de le réclamer de toi. "Sache encore que c'est parce que tu pratiquais exactement autrefois cette "salutaire dévotion, que tu as été favorisée de communications habituelles avec "les défunts ; c'est pour cela aussi que ces âmes reconnaissantes ne cessent de "prier pour toi, et de plaider ta cause au tribunal de ma justice. Fais connaître ce "trésor à tes sœurs, et dis-leur d'y puiser largement pour elles et pour les défunts









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Pourquoi aider les âmes du Purgatoire?


XXXIV. – Motifs d'aider les âmes. – Excellence de cette œuvre. –
XXXVI. – Motifs d'aider les âmes. – Liens intimes qui nous unissent à
 elles. – Piété filiale. – 
XXXVII. – Motifs d'aider les âmes. – Facilité de les secourir
XXXVIII. – Motifs. – Exemple des saints personnages. – 
XXXIX. – Motifs, stimulants de la dévotion envers les âmes. –
 Exemples de générosité. 

XL. – Motifs d'aider les âmes. – Obligation, non seulement de charité,
 mais encore de justice. 
XLI. – Motif de justice. –  – Restitutions déguisées. – Non-exécution des dernières
 volontés
XLII. – Motif de justice. – Larmes stériles. – Thomas de Cantimpré
 et son aïeule. 
XLIII. – Motif de justice. – Devoirs envers les parents défunts. –





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XLV/45. – Avantages. – Reconnaissance des âmes. 
XLVII. – Avantages. – Faveurs temporelles. – 
XLIX. – Avantages. – Faveurs temporelles et spirituelles. –
L. – Avantages. – Prières des âmes pour nous. –
LI. – Avantages. – Reconnaissance du divin Epoux des âmes. – 
LII. – Avantages. – Charité envers les âmes récompensée par  Jésus-Christ. – 
LIV – Avantages. – Pensée salutaire. – Satisfaire en cette vie plutôt qu'en
 l'autre. – 
LV. – Avantages. – Enseignements salutaires. – 
LVII. – Avantages. – Stimulant de ferveur. – Nous précautionner. –
 Probabilité d'aller en purgatoire. – Moyens de s'y soustraire. –



Comment éviter le Purgatoire ?
LVIII. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Grande dévotion à la S. Vierge.
LIX. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Privilèges du S. Scapulaire.
LX. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Charité et miséricorde.
LXI. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Charité.
LXII. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Mortification chrétienne.
LXIII. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Les sacrements.
LXIV. – Moyens d'éviter le purgatoire. – La confiance en Dieu. –
LXV. – Moyens d'éviter le purgatoire. - Acceptation, sainte de la mort.


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières





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XXVIII. – Soulagement des âmes. – Indulgences. – Prières indulgenciées 


Passons aux indulgences applicables aux défunts. C'est ici que la divine miséricorde se révèle avec une sorte de prodigalité. On sait que l'Indulgence est la rémission des peines temporelles dues au péché, accordée par le pouvoir des clefs en dehors du sacrement.
 En vertu du pouvoir des clefs qu'elle a reçu de Jésus-Christ, la sainte Eglise peut délivrer les fidèles soumis à sa juridiction, de tout obstacle à leur entrée dans la gloire. Elle exerce ce pouvoir dans le sacrement de Pénitence, où elle les absout de leurs péchés ; elle l'exerce aussi hors du sacrement, pour leur ôter la dette des peines temporelles qui leur reste après l'absolution : dans ce second cas c'est l'indulgence.
 La rémission des peines par l'indulgence ne s'accorde qu'aux fidèles vivants ; mais l'Eglise peut, en vertu de la communion des saints, autoriser ses enfants encore en vie, à céder la remise qui leur est faite à leurs frères défunts : c'est l'indulgence applicable aux âmes du purgatoire. Appliquer une indulgence aux défunts, c'est l'offrir à Dieu au nom de sa sainte Eglise, pour qu'il daigne l'attribuer aux âmes souffrantes. Les satisfactions offertes ainsi à la divine justice au nom de Jésus-Christ et de son Eglise, sont toujours agréées, et Dieu les applique soit à telle âme en particulier qu'on a l'intention d'aider, soit à certaines âmes qu'il veut lui-même favoriser, soit à toutes en général.
 Les indulgences sont plénières ou partielles. L'indulgence plénière est la rémission, accordée à celui qui gagne cette indulgence, de toute la peine temporelle dont il est
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Passible devant Dieu. Supposé que pour acquitter cette dette il faille pratiquer cent ans de pénitence canonique sur la terre, ou souffrir plus longtemps encore les peines du purgatoire ; par le fait que l'indulgence plénière est parfaitement gagnée, toutes ces peines sont remises ; et l'âme ne présente plus aux yeux de Dieu aucune ombre qui l'empêche de voir sa face divine.
 L'indulgence partielle consiste dans la rémission d'un certain nombre de jours ou d'années. Ces jours et ces années ne représentent nullement des jours ou des années de souffrances au purgatoire ; il faut les entendre des jours et des années de pénitence publique, canonique, consistant surtout en jeûnes, et telle qu'on l'imposait autrefois aux pécheurs, selon l'ancienne discipline de l'Eglise. Ainsi une indulgence de quarante jours ou de sept années, c'est la rémission qu'on mériterait devant Dieu par quarante jours ou sept années de pénitence
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canonique. Quelle est la proportion qui existe entre ces jours de pénitence, et la durée des peines au purgatoire ? C'est un secret qu'il n'a pas plu à Dieu de nous révéler.
 Les indulgences dans l'Eglise sont un vrai trésor spirituel, exposé publiquement devant les fidèles : il est permis à tous d'y puiser pour acquitter leurs dettes et payer celles des autres. C'est sous cette figure que Dieu daigna les montrer un jour à la B. Marie de Quito (26 mai). Elle fut ravie en extase et vit, au milieu d'une grande place, une immense table chargée de monceaux d'argent, d'or, de rubis, de perles, de diamants ; en même temps elle entendit une voix qui disait : "Ces richesses sont publiques : chacun peut s'approcher et en recueillir "autant qu'il lui convient." Dieu lui fit connaître que c'était là une image des indulgences (Rossignoli, Merv. 29). Combien donc, dirons-nous avec le pieux auteur des Merveilles, combien ne sommes-nous pas coupables, dans une abondance pareille, de
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rester pauvres et dénués pour nous-mêmes, et de ne point songer à aider les autres ? Hélas ! les âmes du purgatoire sont dans une nécessité extrême, elles nous supplient avec larmes au milieu de leurs tourments : nous avons dans les indulgences le moyen d'acquitter leurs dettes, et nous n'en faisons rien !




La vénérable Mère Françoise du Saint-Sacrement, religieuse de Pampelune, dont nous avons déjà fait connaître la charité envers les âmes, avait aussi le lus grand zèle à les secourir au moyen des indulgences. Un jour Dieu

lui fit voir les âmes de trois Prélats, qui avaient occupé précédemment le siège épiscopal de Pampelune, et qui gémissaient encore dans les souffrances du purgatoire. La servante de Dieu comprit qu'elle devait mettre tout en œuvre pour obtenir leur délivrance. Comme le Saint-Siège avait alors accordé à l'Espagne des Bulles, dites de la Croisade, qui permettaient de gagner une indulgence plénière à certaines conditions, elle crut que le meilleur moyen de venir en aide à ces âmes, serait de leur procurer à chacune l'avantage d'une indulgence plénière.
 Elle parla donc à son Evêque, Cristophe de Ribéra, lui découvrit le triste état des trois prélats, et lui demanda la faveur de trois indulgences de la croisade. Cristophe de Ribéra, apprenant que trois de ses prédécesseurs étaient encore au purgatoire, s'empressa de procurer à la servante de Dieu les Bulles indulgenciées. Elle remplit aussitôt toutes les conditions requises et appliqua une indulgence plénière à chacun des trois Evêques. La nuit suivante tous les trois apparurent à la Mère Françoise délivrés de toutes leurs peines : ils la remercièrent de sa charité, et la prièrent de remercier aussi l'Evêque Ribéra pour les indulgences qui leur avaient enfin ouvert les portes du ciel (Vie de Françoise du S. Sacrem. Merv. 26).
 Voici ce que rapporte le Père Cépari dans la Vie de sainte Madeleine de Pazzi. Une religieuse professe, qui avait reçu de Madeleine les soins les plus attentifs pendant sa maladie, étant morte, et son corps exposé dans l'église selon l'usage, Madeleine se sentit inspirée d'aller encore une fois la contempler. Elle fut donc se placer à la grille du chapitre d'où elle pouvait l'apercevoir ; mais à peine arrivée, elle fut ravie en extase et vit l'âme de cette mère qui prenait son vol vers le ciel. Transportée de joie à ce spectacle, on l'entendit qui disait : "Adieu, ma sœur, adieu, âme bienheureuse ! Comme une très
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pure colombe, vous volez au céleste séjour, et vous nous laissez dans ce lieu de "misères. Oh ! que vous êtes belle et glorieuse ! Qui pourra expliquer la gloire "dont Dieu a couronné vos vertus ? Que vous avez passé peu de temps dans les "flammes purgatives ! Votre corps n'a pas encore été rendu à la terre, et voilà "que votre âme est déjà reçue dans le sacré palais !... Vous connaissez "maintenant la vérité de ces paroles que je vous disais naguère : Que toutes les "peines de la vie présente sont peu de chose en comparaison des biens immenses "que Dieu garde à ses amis." – Dans cette même vision, le Seigneur lui fit connaître que cette âme n'avait passé que quinze heures en purgatoire, parce qu'elle avait beaucoup souffert pendant la vie, et qu'elle avait été soigneuse de gagner les indulgences, que l'Eglise accorde à ses enfants en vertu des mérites de Jésus-Christ.
 Sainte Thérèse, dans un de ses ouvrages, parle d'une religieuse qui faisait le plus grand cas des moindres indulgences accordées par l'Eglise, et s'appliquait à gagner toutes celles qu'elle pouvait. Sa conduite n'avait d'ailleurs rien que de
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fort ordinaire et sa vertu était très commune. Elle vint à mourir, et la Sainte la vit, à sa grande surprise, monter au ciel presque aussitôt après sa mort, en sorte qu'elle n'eut pas pour ainsi dire de purgatoire à faire. Comme Thérèse en exprimait son étonnement à Notre-Seigneur, le Sauveur lui fit connaître que c'était le fruit du soin qu'elle avait eu de gagner le plus d'indulgences possible pendant sa vie : "C'est par là, ajouta-t-il, qu'elle a acquitté presque entièrement "ses dettes, quoique nombreuses, avant de mourir, et qu'elle a apporté une si "grande pureté au tribunal de Dieu."






Il y a certaines indulgences faciles à gagner et applicables aux défunts. Nous croyons faire plaisir au lecteur en indiquant ici les principales (Voir Maurel, Le chrétien éclairé sur les indulgences).
 1. La prière : O bon et très doux Jésus… Indulgence plénière pour quiconque, s'étant confessé et ayant communié, récite cette prière devant une image de Jésus crucifié, et y ajoute quelque autre prière à l'intention du Souverain-Pontife.
 2. Chapelet bénit. De grandes indulgences sont attachées à la récitation du saint Rosaire, si l'on se sert d'un chapelet indulgencié, soit par Notre Saint-Père le Pape, soit par un prêtre qui en a reçu le pouvoir.
 3. Chemin de la Croix. Comme nous l'avons dit plus haut (Chap. XXV), plusieurs indulgences plénières et un grand nombre de partielles sont attachées aux Stations du Chemin de la Croix. Ces indulgences ne requièrent pas la confession et la communion ; il suffit d'être en état de grâce et d'avoir un sincère repentir de tous ses péchés. – Quant à l'exercice même du Chemin de la Croix, il ne requiert que deux conditions : 1° de parcourir les quatorze stations, en passant de l'une à l'autre, autant que les circonstances le permettent ; 2° de méditer en même temps sur la passion de Jésus-Christ. Les personnes qui ne savent point faire une méditation un peu suivie, peuvent se contenter de penser affectueusement à quelque circonstance de la passion, selon leur capacité. On les exhorte néanmoins, sans leur en imposer l'obligation, à réciter
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un Pater et un Ave Maria devant chaque croix, et à faire un acte de contrition de leurs péchés (Décret du 16 février 1839).
 4. Les actes de foi, d'espérance et de charité. Indulg. de sept années et sept quarantaines, chaque fois qu'on les récite.
 5. Les litanies de la S. Vierge, 300 jours chaque fois.

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 6. Le signe de la croix. 50 jours chaque fois ; et avec de l'eau bénite 100 jours.
 7. Prières diverses. Mon Jésus, miséricorde ! 100 jours chaque fois. – Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre. 300 jours, une fois le jour. – Doux cœur de Marie, soyez mon salut. 300 jours, chaque fois.
 V Loué soit Jésus-Christ. – R Dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. 50 jours, chaque fois que deux personnes se saluent par ces paroles.
 8. L'Angelus Domini. Indulgence de 100 jours chaque fois qu'on le récite, ou le matin, ou à midi, ou le soir, avec un cœur contrit, à genoux, et au son de la cloche.



http://lieudepriere.free.fr/indulgences.htm


indulgence plénière /ɛ̃.dyl.ʒɑ̃s plɛ.njɛʁ/ féminin
  1. (Religion catholique) Rémission pleine et entière, par l'Église, de toutes les peines dues aux péchés.



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XXX. – Soulagement des âmes. – Aumône et miséricorde chrétienne. -


Nous pouvons citer parmi eux, comme l'un des plus remarquables, le saint Abbé Raban-Maur (4 février) premier abbé de Fulde au IXe siècles, puis Archevêque de Mayence.
 L'abbé Trithème, écrivain distingué de l'Ordre de S. Benoît, raconte que Raban faisait distribuer beaucoup d'aumônes pour les trépassés. Il avait établi comme règle que, toutes les fois qu'un des religieux viendrait à mourir, sa portion serait pendant trente jours distribuée aux pauvres, afin que l'âme du défunt fût soulagée par cette aumône. Or il arriva, l'an 830, que le monastère de Fulde fut éprouvé par une sorte de contagion, qui emporta un grand nombre de religieux. Raban-Maur, plein de zèle et de charité pour leurs âmes, fit venir Edélard, économe du monastère et lui rappela la règle des aumônes établie pour les défunts. "Ayez grand soin, lui dit-il, que nos constitutions soient fidèlement "observées, et qu'on gratifie les pauvres pendant un mois entier, de la nourriture "destinée aux frères que nous venons de perdre."
 Edélard manquait tout à la fois d'obéissance et de charité. Sous prétexte que ces largesses étaient excessives et qu'il devait ménager les ressources du monastère, mais en réalité parce qu'il était dominé par une secrète avarice, il

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négligea de faire les distributions prescrites, ou ne les fit que d'une façon fort incomplète. Or la justice divine ne laissa pas impunie cette infidélité.
 Le mois n'était pas écoulé, lorsqu'un soir, après que la communauté s'était retirée, il traversait la salle du chapitre, tenant une lanterne à la main. Quel ne fut pas son étonnement, lorsqu'à une heure où cette salle devait être vide, il y trouva un grand nombre de religieux. Son étonnement changea en effroi quand regardant plus attentivement il reconnut ses frères récemment décédés. La
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terreur le saisit, un froid glacial parcourut toutes ses veines et le fixa immobile à sa place comme une statue sans vie. Alors un des morts prenant la parole lui adressa de terribles reproches : "Malheureux ! lui dit-il, pourquoi n'as-tu pas "distribué les aumônes qui devaient soulager les âmes de tes frères défunts ? "Pourquoi nous as-tu privé de ce secours dans les tourments du purgatoire ? "Reçois dès à présent le châtiment de ton avarice : un autre plus terrible t'est "réservé, lorsque dans trois jours tu paraîtras à ton tour devant Dieu."
 A ces mots Edélard tomba comme frappé de la foudre, et resta sans mouvement jusqu'après minuit, à l'heure où la communauté se rendit au chœur. Alors il fut trouvé à demi-mort, dans le même état où fut trouvé l'impie Héliodore, après qu'il eut été flagellé par les anges dans le temple de Jérusalem (II Machab. III).
 On le porta à l'infirmerie et on lui prodigua des soins qui le firent un peu revenir à lui. Dès qu'il put parler, en présence de l'Abbé et de tous ses frères il raconta avec larmes le terrible événement, dont son triste état rendait un trop sensible témoignage. Puis, ayant ajouté qu'il devait mourir dans trois jours, il demanda les derniers sacrements, avec toutes les marques du plus humble repentir. Il les reçut très-saintement, et trois jours après, il expira au milieu des prières de ses frères.
 On chanta aussitôt la messe des morts, et on distribua pour le défunt la part des pauvres. Cependant la punition n'était pas finie. Edélard apparut à son abbé Raban, pâle, défiguré. Raban touché de compassion, lui demanda ce qu'il y avait à faire pour lui. "Ah ! répondit l'âme infortunée, malgré les prières de notre "sainte communauté, je ne puis obtenir ma grâce avant la délivrance de tous "ceux de mes frères que mon avarice a frustrés des suffrages qui leur étaient dus. "Ce qu'on a donné aux pauvres pour moi n'a profité qu'à eux, selon l'ordre de la "divine justice. Je vous supplie donc, ô Père vénéré
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"et miséricordieux, de faire redoubler les aumônes. J'espère que par ce puissant "moyen la divine clémence daignera nous délivrer tous, eux d'abord, et après "eux moi, qui suis le moins digne de miséricorde."
 Raban-Maur prodigua donc les aumônes, et un autre mois était à peine écoulé, qu'Edélard lui apparut de nouveau, mais vêtu de blanc, entouré de rayons lumineux, la joie peinte sur le visage. Il rendit à son pieux abbé et à tout le
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monastère les plus touchantes actions de grâces pour la charité dont on avait usé envers lui (Vie de Raban Maur ; Rossignoli, merv. 2)







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XXX. – Soulagement des âmes. – Aumône et miséricorde chrétienne. - 
 S. François de Sales et la veuve de Padoue 



Saint François de Sales rapporte qu'à Padoue, où il fit une partie de ses études, régnait une détestable coutume ; les jeunes gens s'amusaient à parcourir pendant la nuit les rues de la ville, armés d'arquebuses, et criant à ceux qu'ils rencontraient : Qui va là ? – Il fallait leur répondre ; car ils tiraient sur ceux qui ne répondaient pas ; et bien des personnes furent ainsi blessées ou tuées.
 Or il arriva un soir, qu'un écolier, n'ayant pas répondu à l'interpellation, fut atteint d'une balle à la tête et tomba mort. L'auteur de ce coup, saisi d'épouvante, prit la fuite et alla se réfugier dans la maison d'une bonne veuve qu'il connaissait et dont le fils était son compagnon d'étude. Il lui confessa avec larmes qu'il venait de tuer un inconnu, et la supplia de lui accorder un asile dans sa maison. Touchée de compassion, et ne soupçonnant pas qu'elle avait devant elle le meurtrier de son fils, la Dame enferma le fugitif dans un cabinet, où les officiers de la justice ne pourraient pas le découvrir.


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 Une demi-heure ne s'était pas écoulée, lorsqu'un bruit tumultueux se fit entendre à la porte : on apportait un cadavre et on le plaça sous les yeux de la veuve. Hélas ! c'était son fils qui venait d'être tué et dont le meurtrier
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était caché dans sa maison. La pauvre mère éplorée poussait des cris lamentables, et étant entrée dans la cachette de l'assassin : "Malheureux, dit-elle, que vous avait fait mon fils, pour l'avoir tué si cruellement ?..." – Le coupable, apprenant qu'il avait tué son ami, se mit à crier, à s'arracher les cheveux, à se tordre les bras de désespoir. Puis, se jetant à genoux, il demanda pardon à sa protectrice, et la supplia de le livrer entre les mains du magistrat pour qu'il expiât un crime si horrible.
 Cette mère désolée n'oublia pas en ce moment qu'elle était chrétienne : l'exemple de Jésus-Christ, pardonnant à ses bourreaux, lui inspira un acte héroïque. Elle répondit, pourvu qu'il demandât son pardon à Dieu et changeât de vie, qu'elle le laisserait aller et s'opposerait à toute poursuite contre lui.
 Ce pardon fut si agréable à Dieu qu'il voulut en donner à la généreuse mère un témoignage éclatant : il permit que l'âme de son fils lui apparût toute glorieuse, disant qu'elle allait jouir de l'éternelle béatitude : "Dieu m'a fait "miséricorde, ma mère, ajouta cette âme bienheureuse, parce que vous avez usé "de miséricorde envers mon assassin. En considération du pardon que vous avez "accordé, j'ai été délivrée du purgatoire, où, sans le secours que vous m'avez "ainsi procuré, j'eusse été détenue fort longtemps."






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XXXI. – Soulag. des âmes. – L'acte héroïque de charité envers les défunts. 


1° Cet acte nous laisse la pleine liberté de prier pour les âmes auxquelles nous nous intéressons plus particulièrement : l'application de ces prières demeure subordonnée aux dispositions de l'adorable volonté de Dieu, qui est toujours infiniment parfaite et infiniment aimable. – 2°

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Il n'oblige pas sous peine de péché, et il est toujours révocable. On peut le faire sans prononcer aucune formule ; il suffit de le vouloir et de le
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faire de cœur. Il est cependant utile de réciter de temps en temps la formule d'offrande, pour stimuler notre zèle à soulager les âmes par la pratique de la prière, de la pénitence et des bonnes œuvres. – 3° L'acte héroïque ne nous expose nullement à la fâcheuse conséquence d'avoir à subir nous-mêmes un plus long purgatoire ; au contraire, il nous permet de compter avec une confiance plus assurée, sur la miséricorde de Dieu à notre égard, comme le montre l'exemple de sainte Gertrude


Cet acte consiste à céder aux âmes toutes nos satisfactions, c'est-à-dire la valeur satisfactoire de toutes les œuvres de notre vie et de tous les suffrages qui nous seront accordés après notre mort, sans en réserver rien pour nous-mêmes et pour acquitter nos propres dettes. Nous les déposons dans les mains de la très-sainte Vierge, afin qu'elle les distribue, selon son gré, aux âmes qu'elle veut délivrer des peines du purgatoire.


 C'est une donation totale, en faveur des âmes, de tout ce qu'on peut leur donner : on offre à Dieu pour elles tout le bien qu'on fera en tout genre, pensées, œuvres, paroles ; tout le mal qu'on souffrira d'une manière méritoire pendant toute sa vie, sans rien excepter de ce qu'on peut raisonnablement leur donner, et en ajoutant encore les suffrages qu'on recevra soi-même après la mort.




Le vénérable Denis le Chartreux (12 mars) rapporte que la vierge sainte Gertrude avait fait donation complète de toutes ses œuvres satisfactoires en faveur des trépassés, sans rien se réserver pour l'acquittement de ses propres dettes devant Dieu. Etant proche de la mort, et d'une part, considérant, comme font les Saints, avec beaucoup de douleur, le grand nombre de ses péchés ; de l'autre, se ressouvenant que toutes ses œuvres satisfactoires avaient été employées à l'expiation des péchés d'autrui et non pas des siens ; elle commença à s'affliger dans la crainte que, ayant tout donné aux autres et ne s'étant rien réservé, son âme, au sortir du corps, ne fût condamnée à d'horribles peines. Dans le fort de ces inquiétudes, Notre-Seigneur lui apparut et la consola en lui disant : "Rassurez-vous, ma fille, votre charité envers les défunts ne saurait vous attirer "aucun mécompte. Sachez que la généreuse cession que vous avez faite aux "âmes de toutes vos œuvres, m'a été singulièrement agréable ; et pour vous en "donner un témoignage, je vous déclare que toutes les peines que vous auriez à "souffrir en l'autre vie, vous sont remises dès maintenant ; de plus, pour vous "récompenser de votre charité si généreuse, j'élèverai le prix et le mérite de vos "œuvres pour vous donner dans le ciel un grand surcroît de gloire."




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XXXII. – Soulag. des âmes. – Lesquelles doivent être l'objet de notre 
 charité ? tous les fidèles défunts. 


 Nous pourrions évidemment restreindre notre intention à ceux des défunts qui sont encore dans le besoin, si Dieu nous accordait comme à S. André Avellino le privilège de connaître l'état des âmes dans l'autre vie. Lorsque ce saint religieux de l'Ordre des Théatins suivant sa pieuse coutume, priait avec une angélique ferveur pour les défunts, il lui arrivait parfois d'éprouver en lui-même une sorte de résistance, un sentiment d'invincible répulsion ; d'autres fois, c'était au contraire une grande consolation, un attrait particulier. Il comprit bientôt ce que signifiaient ces impressions si différentes : la première marquait que sa prière était inutile, que l'âme qu'il voulait aider était indigne de miséricorde et condamnée au feu éternel ; l'autre indiquait que sa prière était efficace pour le soulagement de l'âme au purgatoire. De même, quand il voulait offrir le saint Sacrifice pour quelque défunt, s'il sentait au sortir de la sacristie comme une main irrésistible qui le retenait, il comprenait que cette âme était en enfer ; mais quand il était inondé de joie, de lumière, et de dévotion, il était sûr de contribuer à la délivrance d'une âme.


Saint François de Sales ne voulait pas qu'on désespérât de la conversion des pécheurs jusqu'au dernier soupir ; et même après la mort, il défendait de juger mal de ceux qui avaient mené une mauvaise vie. A l'exception des pécheurs dont la damnation est manifeste par l'Ecriture, il ne faut, disait-il, damner personne, mais respecter le secret de Dieu. – Sa raison principale était que, comme la première grâce ne tombe pas sous le mérite, la dernière, qui est la persévérance finale ou la bonne mort, ne se donne pas non plus au mérite. C'est pourquoi il
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voulait qu'on espérât bien de la personne défunte, quelque fâcheuse mort qu'on lui eût vu faire ; parce que nous ne pouvons avoir que des conjectures fondées sur l'extérieur, où les plus habiles peuvent se tromper (Esprit de S. Fr. de Sales, part. 3).





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XXXIII. – Soulag. des âmes. – Pour lesquelles devons-nous prier ? – Les 
 grands pécheurs. 



Voici un trait qu'on a pu lire dans le Petit Messager du Cœur de Marie, novembre 1880. Un religieux, prêchant une retraite aux Dames de Nancy, avait rappelé dans une conférence qu'il ne faut jamais désespérer du salut d'une âme, et que parfois les actes les moins importants aux yeux des hommes sont récompensés par le Seigneur à l'heure de la mort. – Au moment de quitter l'église, une Dame en deuil s'approcha de lui et lui dit : Mon Père, vous venez de nous recommander la confiance et l'espoir : ce qui m'est arrivé justifie pleinement vos paroles. J'avais un époux, toujours bon, affectueux, irréprochable, mais qui était resté en dehors de toute pratique religieuse. Mes
prières, mes paroles bien souvent hasardées, étaient restées sans résultat.

 Durant le mois de mai qui précéda sa mort, j'avais élevé, comme j'en avais l'habitude, dans mon appartement, un petit autel à la sainte Vierge, et je l'ornais de fleurs, renouvelées de temps en temps. Mon mari passait le dimanche à la campagne, et chaque fois à son retour, il m'offrait un bouquet qu'il avait lui-même cueilli, j'employais ces fleurs à l'ornementation de mon oratoire. S'en apercevait-il ? Agissait-il uniquement pour m'être agréable ? Ou un sentiment de piété envers la sainte Vierge l'animait-il ? Je l'ignore ; mais il ne manqua pas un dimanche de m'apporter des fleurs.
 Dans les premiers jours du mois suivant, il fut subitement frappé par la mort, sans avoir le temps de recevoir les secours de la religion. J'en fus inconsolable, surtout parce que je voyais s'évanouir toutes mes espérances pour son retour à Dieu. Par suite de ma douleur, ma santé se trouva bientôt profondément altérée, et ma famille me força de partir pour le midi. Comme je passais par Lyon, je voulus voir le curé d'Ars. Je lui écrivis pour demander une audience et recommander à ses prières mon mari, mort subitement. Je ne lui donnai pas d'autres détails.
 Arrivée à Ars, à peine étais-je entrée dans l'appartement du vénérable curé, qu'il m'adressa ces étonnantes paroles : "Madame vous êtes désolée ; mais "avez-vous donc oublié les bouquets de fleurs de chaque dimanche du mois de "mai ?" – Impossible de dire quel fut mon étonnement en entendant M. Vianney rappeler une circonstance dont je n'avais parlé à personne, et qu'il ne pouvait connaître que par révélation. Il ajouta : "Dieu a eu pitié de celui qui avait honoré "sa sainte Mère : A l'instant de la mort, votre époux a pu se repentir ; son âme "est dans le purgatoire : nos prières et nos bonnes œuvres l'en feront sortir."



On lit dans la vie d'une sainte religieuse, la sœur
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Catherine de Saint-Augustin (S. Alphonse, Paraphr. du Salve Regina), que dans le lieu qu'elle habitait se trouvait une femme, appelée Marie, qui s'était livrée au désordre pendant sa jeunesse, et qui, devenue âgée, s'obstinait tellement dans le mal, que les habitants du pays, ne pouvant souffrir cette peste au milieu d'eux, la chassèrent honteusement. Elle ne trouva pas d'autre asile qu'une grotte dans les forêts, où elle mourut au bout de quelques mois, sans assistance et sans sacrements. Son corps fut enterré dans un champ comme un objet immonde.
 La sœur Catherine, qui avait coutume de recommander à Dieu les âmes de tous ceux dont elle apprenait la mort, ne songea pourtant point à prier pour celle-ci, jugeant avec tout le monde qu'elle était sûrement damnée. Quatre mois après, la servante de Dieu entendit une voix, qui disait : "Sœur Catherine, quel malheur "est le mien ! Vous recommandez à Dieu les âmes de tous, il n'y a que la mienne "dont vous n'avez point de pitié ! – Qui donc êtes-vous ? répondit la sœur. – Je "suis cette pauvre Marie, morte dans la grotte. – Comment ! Marie, vous êtes "sauvée ? – Oui, je le suis, par la miséricorde divine. Sur le point de mourir, "épouvantée au souvenir de mes crimes et à la vue de mon abandon, je criai vers
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"la sainte Vierge. Elle fut assez bonne pour m'entendre, et m'obtint une "contrition parfaite, accompagnée du désir de me confesser si je le pouvais. Je "rentrai ainsi dans la grâce de Dieu, et j'échappai à l'enfer ; mais il m'a fallu "descendre dans le purgatoire, où je souffre cruellement. Mon temps serait "abrégé et j'en sortirais bientôt, si l'on offrait pour moi quelques messes. Oh ! "Faites les célébrer, ma bonne sœur, et je vous promets de prier toujours Jésus et "Marie pour vous."
 La sœur Catherine se hâta de faire dire ces messes, et,
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après quelques jours l'âme se fit voir à elle, brillante comme un astre, montant au ciel et la remerciant de sa charité




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XXXIV. – Motifs d'aider les âmes. – Excellence de cette œuvre. –

Pêcheurs ou Âmes du Purgatoire ?


Il est rapporté dans les Chroniques des Frères-Prêcheurs (Cf. Rossign. Merv. 1), qu'une vive controverse s'éleva entre deux religieux de cet Ordre, Frère Benoît et Frère Bertrand, au sujet des suffrages pour les défunts. En voici l'occasion. Le Frère Bertrand célébrait souvent la sainte Messe pour les pécheurs, et faisait pour leur conversion de continuelles oraisons, jointes à des pénitences rigoureuses ; mais rarement on le voyait célébrer en noir pour les défunts. Le Frère Benoît, qui avait une grande dévotion pour les âmes du purgatoire, ayant remarqué sa conduite, lui demanda pourquoi il en agissait ainsi ?
 "Parce que les âmes du purgatoire sont sûres de leur salut, répondit-il ; tandis que les pécheurs sont exposés continuellement à tomber en enfer. Quel état plus triste que celui d'une âme en état de péché mortel ? Elle est dans l'inimitié de Dieu et dans les chaînes du démon ; sus-
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pendue sur l'abîme de l'enfer par le fil si fragile de la vie, qui peut se rompre à tout moment. Le pécheur marche dans la voie de la perdition : s'il continue d'avancer, il tombera dans l'abîme éternel. Il faut donc venir à son aide, le préserver de ce malheur suprême en opérant sa conversion. D'ailleurs n'est-ce pas pour sauver les pécheurs que le Fils de Dieu est venu sur la terre et qu'il est mort sur la croix ? Aussi S. Denis nous assure-t-il, que ce qu'il y a de plus divin
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dans les choses divines, c'est de travailler avec Dieu à sauver les pécheurs. – Quant aux âmes du purgatoire, il n'y a plus à travailler à leur salut, puisque leur salut éternel est assuré. Elles souffrent, il est vrai, elles sont en proie à de grands tourments, mais elles n'ont rien à craindre pour l'enfer, et leurs souffrances finiront. Les dettes qu'elles ont contractées s'acquittent chaque jour, et bientôt elles jouiront de la lumière éternelle ; tandis que les pécheurs sont continuellement menacés de la damnation, malheur suprême, le plus effroyable qui puisse arriver à une créature humaine."
 - "Tout ce que vous venez de dire est vrai, repartit le frère Benoît ; mais n'y a-t-il pas une autre considération à faire ? Si les pécheurs sont esclaves de Satan, c'est qu'ils le veulent bien : leurs chaînes sont volontaires, il dépend d'eux de les briser ; tandis que les pauvres âmes du purgatoire ne peuvent que gémir et implorer le secours des vivants. Il leur est impossible de briser les fers qui les tiennent enchaînées dans les flammes expiatrices. – Supposez que vous rencontriez deux pauvres qui vous demandent l'aumône : l'un est estropié et perclus de tous ses membres, absolument incapable de rien faire pour gagner sa vie ; l'autre au contraire, bien que dans une grande détresse, est jeune et vigoureux. Tous deux implorent votre charité : auquel croirez-vous devoir donner la meilleure part de vos aumônes ?
 - "A celui qui ne peut point travailler, répondit le Frère Bertrand.
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 - "Hé bien, mon Père, continua Benoît, les âmes du purgatoire sont dans ce cas : elles ne peuvent plus s'aider elles-mêmes. Le temps de la prière, de la confession et des bonnes œuvres est passé pour elles : nous seuls pouvons les soulager. Il est vrai d'autre part, qu'elles souffrent pour leurs fautes passées, mais ces fautes elles les pleurent et les détestent ; elles sont dans la grâce de Dieu et les amies de Dieu : tandis que les pécheurs sont des rebelles, des ennemis du Seigneur. Certes nous devons prier pour leur conversion, mais sans préjudice de ce que nous devons aux âmes souffrantes, si chères au Cœur de Jésus. Ayons pitié des pécheurs, mais n'oublions pas qu'ils ont à leur disposition tous les moyens de salut : ils peuvent et ils doivent se soustraire au péril de la damnation qui les menace. Ne vous semble-t-il pas que les âmes souffrantes sont dans une nécessité plus grande et méritent la meilleure part de notre charité ?"
 Malgré la force de ces raisons, le Frère Bertrand persista dans sa première idée, et dit que l'œuvre capitale était de sauver les pécheurs. Dieu permit que la nuit suivante une âme du purgatoire lui fit éprouver durant quelque temps les peines qu'elle souffrait elle-même : elles étaient si terribles qu'il lui semblait impossible de les supporter. Alors, comme dit Isaïe, le tourment lui donna l'intelligence : Vexatio intellectum dabit (Isaïe XXVIII, 19), et il comprit qu'il devait faire davantage pour les âmes souffrantes. Dès le lendemain matin, la compassion dans le cœur et les larmes aux yeux, il monta au saint autel revêtu de l'ornement noir et offrit le sacrifice pour les défunts.



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XXXVI. – Motifs d'aider les âmes. – Liens intimes qui nous unissent à
 elles. – Piété filiale. – 





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XXXVII. – Motifs d'aider les âmes. – Facilité de les secourir



La servante de Dieu Marie Villani, de l'Ordre de S. Dominique, dont la vie a été écrite par le Père Marchi (Cf. Rossig. Merv. 41), s'appliquait nuit et jour à pratiquer des œuvres satisfactoires en faveur des défunts. ----Sa charité envers les âmes ne se bornait point à des prières et des jeûnes, elle désira endurer elle-même une partie de leurs souffrances. Comme elle priait un jour
dans cette intention, elle fut ravie en esprit et conduite en purgatoire. Là parmi la multitude des âmes souffrantes, elle en vit une plus cruellement tourmentée que les autres et qui lui inspira la plus vive compassion.
"Pourquoi, lui demanda-t-elle, avez-vous à souffrir des peines si atroces ? Ne recevez-vous point de soulagement ? – Je suis, répondit-elle, depuis fort longtemps en ce lieu, endurant des tourments effroyables en punition de mes vanités passées et de mon luxe scandaleux. Je n'ai pas obtenu jusqu'à cette heure, le moindre soulagement, parce que le Seigneur a permis que je fusse oubliée de mes parents, de mes enfants, de toute ma famille et de mes amis : ils ne font pour moi aucune prière. Quand j'étais sur la terre, livrée aux toilettes immodérées, aux pompes mondaines, aux fêtes et aux plaisirs, je n'avais de Dieu et de mes devoirs qu'un rare et stérile souvenir. Les seules préoccupations sérieuses de ma vie, étaient d'accroître le renom et les richesses périssables des miens. J'en suis bien punie, vous le voyez, puisqu'ils ne m'accordent pas un souvenir."

 Ces paroles firent sur Marie Villani une douloureuse impression. Elle pria cette âme de lui communiquer une partie de ce qu'elle souffrait. A l'instant même il lui semblait qu'on la touchait au front avec un doigt de feu, et la douleur qu'elle en éprouva fut si forte, si aigüe, qu'elle la fit revenir de son extase. La marque lui en resta au front si profondément imprimée, qu'on la voyait encore deux mois après, et elle lui causait une douleur insupportable. La servante de Dieu offrit cette douleur, avec des prières et d'autres œuvres, pour l'âme qui lui avait parlé. Cette âme lui apparut au bout de deux mois, et lui dit que, délivrée par son intercession, elle montait au ciel. Dès ce moment, la brûlure du front s'effaça pour toujours.

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XXXVIII. – Motifs. – Exemple des saints personnages. 


Déjà nous avons parlé du Père Jean-Eusèbe Nierembert, Jésuite espagnol, également célèbre par les ouvrages de piété qu'il a publiés et par ses éclatantes vertus. Sa dévotion envers les âmes ne se contentait pas de sacrifices et de prières fréquentes ; elle le portait à souffrir pour elles, avec une générosité qui allait jusqu'à l'héroïsme. Il y avait à la cour de Madrid, parmi ses pénitentes, une Dame de qualité, qui, sous sa sage direction, était parvenue à une haute vertu au milieu du monde ; mais elle était tourmentée d'une crainte excessive de la mort, dans la perspective du purgatoire qui devrait la suivre. Elle tomba dangereusement malade, et ses craintes redoublèrent au point qu'elle en perdait presque ses sentiments chrétiens. Le saint confesseur eut beau

user de toutes les industries de son zèle, il ne put réussir à la calmer, ni même à lui faire recevoir les derniers sacrements.
 Pour comble de malheur, elle perdit tout à coup connaissance, et fut bientôt réduite à la dernière extrémité. Le Père, justement alarmé du péril où se trouvait cette âme, se retira dans une chapelle voisine, près de la chambre de la moribonde. Il y offrit le saint Sacrifice avec une grande ferveur pour obtenir à la malade le temps de se reconnaître, et de recevoir en pleine liberté d'esprit les sacrements de l'Eglise. En même temps, poussé par une charité vraiment héroïque, il s'offrit en victime à la justice divine, pour souffrir lui-même en cette vie, les peines réservées à cette pauvre âme dans l'autre.
 Sa prière fut agréable à Dieu. La messe était à peine achevée, que la malade revint à elle, et se trouva toute changée : ses dispositions étaient si bonnes, qu'elle demanda elle-même les sacrements, et les reçut avec la plus édifiante ferveur. Son confesseur lui ayant dit ensuite qu'elle n'avait plus à craindre le purgatoire, elle expira, le sourire sur les lèvres, dans la plus parfaite tranquillité.
 A partir de cette heure, le Père Nieremberg fut accablé de toutes sortes de peines dans son corps et dans son âme : pendant seize ans qu'il vécut encore, son
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existence ne fut plus qu'un martyre et un rigoureux purgatoire. Aucun remède naturel ne pouvait soulager ses douleurs : son unique adoucissement était le souvenir de la sainte cause pour laquelle il les endurait. Enfin la mort vint mettre un terme à ses prodigieuses souffrances, et en même temps, on est bien fondé à le croire, lui ouvrir la porte du paradis : car il est écrit : Bienheureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde



Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904)
Le Dogme du Purgatoire




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XXXIX. – Motifs, stimulants de la dévotion envers les âmes. –
 Exemples de générosité. 


L'abbé Louvet, que nous avons cité plus haut, rapporte un autre trait qui mérite de trouver ici sa place. Il s'agit d'un homme de condition pauvre, qui fit une libéralité en faveur de la Propagation de la foi, mais dans des circonstances qui ont rendu cet acte particulièrement précieux pour le besoin futur de son âme au purgatoire.
 Un pauvre portier de séminaire avait, durant sa longue vie, amassé sou par sou la somme de huit cents francs. N'ayant pas de famille, il destinait cet argent à faire dire des messes après sa mort. Mais que ne peut la charité dans un cœur embrasé de ses saintes flammes ? Un jeune prêtre se préparait à quitter le séminaire pour entrer aux Missions étrangères. Le pauvre vieillard, apprenant cette nouvelle, fut inspiré de lui donner son petit trésor pour l'œuvre si belle de la Propagation de la foi. Il le prit donc en particulier et lui dit : "Cher Monsieur, "je vous prie d'accepter cette petite aumône pour vous aider dans l'œuvre de la "propagation de l'Evangile. Je l'avais réservée pour faire dire des messes après "ma mort ; mais j'aime mieux rester un peu plus longtemps dans le purgatoire, et "que le nom du bon Dieu soit glorifié." – Le séminariste était ému jusqu'aux larmes. Il voulait ne pas accepter l'offrande trop généreuse de ce pauvre homme ; mais celui-ci insista tellement qu'il y aurait eu cruauté à lui infliger un refus.

 A quelques mois de là, ce bon vieillard mourait. Aucune révélation n'est venue annoncer ce qui lui arriva dans l'autre monde. Mais en est-il besoin ? Ne connaissons-nous pas assez le Cœur de Jésus, qui ne saurait se laisser vaincre en générosité ? Ne comprenons-nous pas qu'un

Homme assez généreux pour se dévouer aux flammes du purgatoire afin de faire connaître Jésus-Christ aux nations infidèles, aura trouvé devant le Souverain Juge une abondante miséricorde ?





Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904)
Le Dogme du Purgatoire







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XL. – Motifs d'aider les âmes du Purgatoire – Obligation, non seulement de charité, mais encore de justice. 



. Il est arrivé à Milan, dit le P. Rossignoli (Merv. 20), qu'une magnifique propriété, peu éloignée de la ville, fut toute ravagée par la grêle, tandis que les champs voisins étaient restés complètement intacts. Ce phénomène excita l'attention et l'étonnement : on se rappelait le fléau d'Egypte, cette grêle qui ravagea les champs des Egyptiens et respecta la terre de Gessen, habitée par les enfants d'Israël. On voyait ici un fléau semblable : cette grêle étrange n'avait pu se renfermer si exactement dans les limites d'une propriété unique, sans avoir obéi à une cause intelligente. On ne savait comment expliquer ce mystère, lorsque l'apparition d'une âme du purgatoire fit connaître que c'était un châtiment infligé à des enfants ingrats et coupables, qui n'avaient pas exécuté la dernière volonté de leur père relativement à des œuvres pies.

 On sait que dans tous les pays, dans toutes les localités on parle de maisons hantées, rendues inhabitables, au grand détriment de leurs propriétaires : or quand on va au fond des choses, on trouve généralement une âme oubliée des siens, et qui réclame l'acquittement des suffrages qui lui sont dus. Ne soyons pas crédules et faisons aussi large que l'on voudra la part de l'imagination, de l'illusion, de la fourberie même ; il restera toujours assez de faits parfaitement prouvés, pour apprendre aux héritiers sans entrailles comment Dieu punit, même dès cette vie, ces procédés injustes et sacrilèges.
 Le trait suivant, emprunté à Thomas de Cantimpré (Rossignoli, Merv. 15), fait bien ressortir combien sont coupables aux yeux de Dieu les héritiers injustes envers les défunts. Pendant les guerres de Charlemagne, un valeureux soldat avait servi de longues années dans des charges importantes et honorables. Sa vie avait été celle d'un chrétien : content de sa paye, il s'interdisait tout acte de violence, et le tumulte des camps ne lui faisait omettre aucun de ses devoirs


essentiels ; il avait toutefois commis quantité de petites fautes, ordinaires aux gens de sa profession. Etant arrivé à un âge fort avancé, il tomba malade ; et voyant approcher la mort, il appela auprès de son lit un neveu orphelin, dont il s'était fait le père, et lui exprima ses dernières volontés. "Mon fils, lui dit-il, vous "savez que je n'ai pas de richesses à vous léguer : je n'ai que mes armes et mon "cheval. Mes armes seront pour vous. Quant au cheval, lorsque j'aurai rendu "mon âme à Dieu, vous le vendrez et vous en partagerez le prix entre les prêtres "et les pauvres, afin que les premiers offrent pour moi le divin sacrifice, et que "les autres me secourent de leurs prières."
 Le neveu pleura et promit d'exécuter ponctuellement, sans retard, ce que demandait de lui son oncle et son bienfaiteur. Le vieillard étant mort bientôt après, l'héritier prit les armes, et emmena le cheval. C'était un animal fort beau et d'un grand prix. Au lieu de le vendre aussitôt, selon la dernière volonté du défunt, il commença par s'en servir pour quelques petits voyages ; et comme il en était fort satisfait, il désirait ne pas s'en priver de sitôt. Il différa donc, sous le double prétexte que rien ne pressait d'exécuter si promptement sa promesse, et qu'il pouvait attendre une bonne occasion pour obtenir peut-être un meilleur prix. En tardant ainsi de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, il finit par étouffer les réclamations de sa conscience et oublia l'obligation sacrée qu'il avait à remplir envers l'âme de son bienfaiteur.

 Six mois s'étaient éculés, lorsqu'un matin le défunt lui apparut et lui adressa les plus sévères reproches. "Malheureux, lui dit-il, tu as oublié l'âme de "ton oncle ; tu as violé l'engagement sacré que tu avais pris à mon lit de mort. "Où sont les saintes messes que tu devais faire offrir, où sont les aumônes que tu "devais distribuer aux pauvres pour mon âme ? A cause de ta cou-

"pable négligence, j'ai souffert dans le purgatoire des tourments inouïs. Enfin, "Dieu a eu pitié de moi : aujourd'hui même j'entre dans la félicité des saints.
 "Mais toi, par un juste jugement de Dieu, tu mourras dans peu de jours, et "tu subiras en ma place les peines, qui me fussent restées à subir, si Dieu n'eût "pas usé d'indulgence à mon égard. Tu souffriras tout le temps dont Dieu m'a fait "grâce ; après quoi, tu commenceras les expiations dues à tes propres fautes."


 Quelques jours après le neveu tomba gravement malade. Aussitôt il appela un prêtre, raconta sa vision et se confessa avec beaucoup de larmes. "Je mourrai "bientôt, dit-il, et j'accepte la mort des mains de Dieu comme un châtiment que "je n'ai que trop mérité." – Il expira en effet dans ces sentiments d'un humble repentir : ce n'était que la moindre partie de la peine qui lui avait été annoncée en punition de son injustice ; on frémit en pensant à la seconde qu'il allait subir dans l'autre vie.



Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904)
Le Dogme du Purgatoire





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XLI. – Motif de justice. –  – Restitutions déguisées. – Non-exécution des dernières
 volontés.


S. Bernardin de Sienne rapporte que deux époux, qui n'avaient pas d'enfants, firent une convention pour le cas où l'un d'eux viendrait à mourir : le survivant devait distribuer le bien laissé par le défunt en aumônes, pour le repos de son âme. Le mari mourut le premier, et sa veuve négligea de remplir sa promesse. La mère de cette veuve vivait encore : le défunt lui apparut, la priant d'aller trouver sa fille, pour la presser au nom de Dieu de remplir son engagement. "Si elle diffère, ajouta-t-il, de
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"distribuer en aumônes la somme que j'ai destinée aux pauvres, dites-lui de la "part de Dieu que, dans trente jours, elle sera frappée de mort subite." – Quand la veuve impie entendit ce grave avertissement, elle osa le traiter de rêverie, et persista dans sa sacrilège infidélité. Trente jours s'écoulèrent et la malheureuse étant montée à une chambre haute, tomba d'une fenêtre et se tua sur le coup.




Les injustices envers les défunts, dont nous parlons, et les manœuvres frauduleuses par lesquelles on se soustrait à l'exécution des legs pieux, sont des péchés graves, des crimes qui méritent l'enfer. A moins d'en faire une sincère confession et en même temps une due restitution, ce n'est pas en purgatoire, mais en enfer, qu'on en subira le châtiment.
 Hélas ! Oui, c'est surtout dans l'autre vie que la justice divine punira comme ils le méritent les coupables détenteurs du bien des morts. Un jugement sans miséricorde, dit l'Esprit-Saint, attend celui qui a été sans miséricorde (Jacob. II, 13)


Ce crime, comme nous avons dit plus haut, est d'autant plus grave, que dans bien des cas les suffrages que le défunt avait demandés pour son âme, ne sont, au fond, que des restitutions déguisées. C'est là ce que les familles ignorent trop souvent. On trouve très-commode de parler de captations et d'avidité cléricale ; on fait casser un testament sous ces beaux prétextes ; et bien souvent, le plus souvent peut-être, il s'agissait d'une restitution nécessaire. Le prêtre n'était que l'intermédiaire de cet acte indispensable, obligé au secret le plus absolu, en vertu de son ministère sacramentel.



Expliquons-nous plus clairement. Un mourant a commis des injustices durant sa vie : cela arrive plus fréquemment qu'on ne pense, même à des très-honnêtes gens selon le monde. Au moment de paraître devant Dieu, ce pécheur se confesse : il veut réparer, comme il le doit, tous les préjudices qu'il a causés au prochain ; mais le temps lui manque pour le faire lui-même, et il ne veut pas révéler à ses enfants ce triste secret. Que fait-il ? Il couvre sa restitution sous le voile d'un legs pieux.
 Or si ce legs n'est pas acquitté, et conséquemment si l'injustice n'est pas réparée, que deviendra l'âme du défunt ? Sera-t-elle retenue au purgatoire indéfiniment ? Nous ne connaissons pas toutes les lois de la divine justice, mais des apparitions nombreuses témoignent dans ce sens : "toutes déclarent qu'elles ne peuvent être admises au séjour de la béatitude, tant que la justice reste lésée." – D'ailleurs ces âmes ne sont-elles pas coupables d'avoir différé jusqu'à leur mort une restitution à laquelle elles étaient obligées depuis longtemps ? Et si maintenant leurs héritiers négligent de le faire pour elles, n'est-ce, pas une déplorable conséquence de leur propre péché, de leurs délais coupables ? C'est par leur faute qu'il reste dans leur famille du bien mal acquis, et ce bien ne cesse de crier, tant que restitution n'est pas faite. Res clamat domino, le bien d'autrui crie vers son maître légitime, il crie contre son injuste détenteur....

Que si, par le mauvais vouloir des héritiers, la restitution ne devait jamais se faire, il est clair que cette âme ne saurait rester toujours en purgatoire ; mais dans ce cas, un long retard à son entrée dans le ciel semble être le juste châtiment d'une injustice, que cette âme infortunée a rétractée, il est vrai, mais dont elle avait posé la cause toujours subsistance et toujours efficace

Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904)
Le Dogme du Purgatoire



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XLII. – Motif de justice. – Larmes stériles. – Thomas de Cantimpré
 et son aïeule. 



. Il y a un autre devoir de stricte justice qui regarde les enfants : ils sont obligés de prier pour leurs parents défunts. Réciproquement, les parents à leur tour sont tenus de droit naturel à ne pas oublier devant Dieu ceux de leurs enfants qui les ont précédés dans l'éternité. Hélas ! Il y a des parents qui sont inconsolables de la mort d'un fils, d'une fille bien-aimée ; et qui, au lieu de prières, ne leur donnent que des larmes stériles. Ecoutez ce que raconte à ce sujet Thomas de Cantimpré (Rossignoli, Merv. 68) : le fait était arrivé dans sa propre famille.
 La grand'mère de Thomas avait perdu un fils, sur lequel elle avait fondé les plus belles espérances. Jour et nuit, elle le pleurait et ne voulait recevoir aucune consolation. Dans l'excès de sa tristesse, elle oubliait le grand devoir de l'amour chrétien, et ne songeait pas à prier
pour cette âme si chère. Aussi, au milieu des flammes du purgatoire, le malheureux objet d'une tendresse stérile se désolait de ne recevoir aucun soulagement dans ses souffrances. Dieu eut enfin pitié de lui.
 Un jour au plus fort de sa douleur, cette femme reçut une vision miraculeuse. Elle vit au milieu d'une belle route une procession de jeunes gens, gracieux comme des anges, qui s'avançaient pleins de joie vers une cité magnifique. Elle comprit que c'étaient des âmes du purgatoire faisant leur entrée dans le ciel. Elle regarde avec avidité pour voir si dans leurs rangs elle ne découvrirait pas son cher fils. Hélas ! L'enfant n'y était point ; mais elle l'aperçut qui venait, bien loin derrière tous les autres, triste, souffrant, fatigué, et les vêtements trempés d'eau. "O cher objet de mes douleurs, lui cria-t-elle, pourquoi "donc restes-tu en arrière de cette brillante troupe ? Je voudrais te voir à la tête "de tes compagnons."
 -"O ma mère, répond l'enfant d'une voix triste, c'est vous, ce sont les "larmes que vous versez sur moi, qui trempent et souillent mes vêtements, qui "retardent mon entrée dans la gloire. Cessez donc de vous livrer à une douleur "aveugle et stérile. Ouvrez votre cœur à des sentiments plus chrétiens. S'il est "vrai que vous m'aimez, soulagez-moi dans mes souffrances : appliquez-moi "quelque indulgence, faites des prières, des aumônes pour moi, obtenez-moi les "fruits du saint Sacrifice. Voilà comment vous me témoignerez votre amour ; "c'est par là que vous me délivrerez de la prison où je gémis, et que vous "m'enfanterez à la vie éternelle, bien plus désirable que la vie terrestre que vous "m'aviez donnée."
 La vision disparut alors ; et cette mère rappelée ainsi aux vrais sentiments chrétiens, au lieu de se livrer à une douleur immodérée, s'appliqua aux bonnes œuvres qui devaient soulager l'âme de son fils.
 La grande cause des oublis, de l'indifférence, de la négligence coupable et de l'injustice envers les défunts,

c'est le manque de foi. Aussi voit-on ces vrais chrétiens que l'esprit de foi anime, faire les plus nobles sacrifices pour les âmes de leurs défunts. Pénétrant du regard dans le lieu des expiations, considérant les rigueurs de la divine justice, écoutant la voix des défunts qui implorent leur pitié, ils ne songent qu'à les secourir, et ils regardent comme le premier et le plus saint de tous leurs devoirs de procurer à leurs parents et amis défunts le plus de suffrages possibles, selon les moyens de leur état. Heureux ces chrétiens : ils montrent leur foi par leurs œuvres, ils sont miséricordieux, et ils obtiendront à leur tour miséricorde.
 La bienheureuse Marguerite de Cortone avait été d'abord une grande pécheresse ; mais s'étant convertie sincèrement, elle effaça ses désordres passés par de grandes pénitences et par des œuvres de miséricorde. Sa charité envers les âmes ne connaissait point de bornes : elle sacrifiait tout, temps, repos, satisfactions, pour obtenir de Dieu leur délivrance. Comprenant que la piété bien entendue envers les morts a pour premier objet les parents, son père et sa mère étant morts, elle ne cessa d'offrir pour eux ses prières, ses mortifications, ses veilles, ses souffrances, ses communions, les messes auxquelles elle avait le bonheur d'assister. Or, pour la récompenser de sa piété filiale, Dieu lui fit connaître que par tous ses suffrages elle avait abrégé les longues souffrances que ses parents auraient dû endurer au purgatoire, qu'elle avait obtenu leur délivrance complète et leur entrée dans le paradis.


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904)
Le Dogme du Purgatoire




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XLIII. – Motif de justice. – Devoirs envers les parents défunts. –Prière pour les parents défunts


Sainte Catherine de Sienne (30 avril) nous a donné un exemple semblable. Voici comment il est rapporté par son historien, le B. Raymond de Capoue. "La servante de Dieu, écrit-il, avait un zèle ardent pour le salut des âmes. Je dirai d'abord ce qu'elle fit pour son père, Jacomo, dont nous avons déjà parlé. Cet excellent homme avait reconnu la sainteté de sa fille, et il était rempli pour elle d'une respectueuse tendresse ; il recommandait à tout le monde dans la maison, de ne jamais la contrarier en rien, et de la laisser pratiquer ses bonnes œuvres comme elle le voudrait. Aussi l'affection qui unissait le père et la fille augmentait tous les jours. Catherine priait sans cesse pour le salut de son père ; Jacomo se réjouissait saintement des vertus de sa fille, et comptait bien, par ses mérites, obtenir grâce devant Dieu.
 "La vie de Jacomo approcha enfin de son terme, et il se mit au lit, très-gravement malade. Dès que sa fille le vit dans cet état, elle eut, selon son habitude, recours à la prière, et demanda à son céleste Epoux de guérir celui
qu'elle aimait tant. Il lui fut répondu que Jacomo était sur le point de mourir, et qu'il lui était utile de ne pas vivre davantage. Catherine alors se rendit près de son père et trouva son esprit si parfaitement disposé à quitter le monde sans y rien regretter, qu'elle en remercia Dieu de tout son cœur.
 "Mais son affection filiale n'était pas satisfaite ; elle se remit en prière pour obtenir de Dieu, source de toute grâce, de vouloir bien, non seulement pardonner à
son père toutes ses fautes, mais encore, à l'heure de sa mort, le conduire au ciel, sans le faire passer par les flammes du purgatoire. Il lui fut répondu que la justice ne pouvait perdre ses droits, et qu'il fallait que l'âme fût parfaitement pure pour jouir des splendeurs de la gloire. "Ton père, dit Notre-Seigneur, a bien "vécu dans l'état du mariage, il a fait beaucoup de choses qui m'ont été "agréables, et je lui sais gré surtout de sa conduite envers toi ; mais ma justice "demande que son âme passe par le feu, pour se purifier des souillures qu'elle a "contractées dans le monde." – "O mon aimable Sauveur, répondit Catherine, "comment supporter la pensée de voir tourmenter dans des flammes si cruelles, "celui qui m'a nourrie, qui m'a élevée avec tant de soin, qui a été si bon pour moi "pendant toute sa vie ! Je supplie votre infinie bonté de ne pas permettre que son "âme quitte son corps, avant d'être, d'une manière ou d'une autre, si parfaitement "purifiée, qu'elle n'ait pas besoin de passer par le feu du purgatoire."
 "Chose admirable, Dieu céda à la prière et au désir de sa créature. Les forces de Jacomo étaient éteintes, mais son âme ne pouvait partir tant que durait le conflit entre Notre-Seigneur, qui alléguait sa justice, et Catherine, qui invoquait sa miséricorde. Enfin, Catherine se mit à dire : "Si je ne puis obtenir "cette grâce sans satisfaire à votre justice, que cette justice s'exerce sur moi ; je "suis prête à souffrir pour mon père toutes les peines que votre bonté voudra "bien m'envoyer." – Notre-Seigneur y consentit. "Je veux bien, lui dit-il, à cause "de ton amour pour moi, accepter ta proposition. J'exempte de toute expiation "l'âme de ton père ; mais je te ferai souffrir à toi, tant que tu vivras, la peine qui "lui était destinée." – Catherine, pleine de joie, s'écria : "Merci de votre parole, "Seigneur, et que votre volonté s'accomplisse !"
 "La sainte retourna aussitôt près du lit de son père,
qui entrait en agonie ; elle le remplit de force et de joie, en lui donnant, de la part de Dieu même, l'assurance de son salut éternel, et elle ne le quitta que lorsqu'il eut rendu le dernier soupir.
 "Au moment même où l'âme de son père se sépara du corps, Catherine fut saisie de violentes douleurs de côté, qui lui restèrent jusqu'à la mort, sans jamais lui laisser un moment de relâche. Elle-même, ajoute le B. Raymond, me l'a bien souvent assuré, et tous ceux qui l'approchaient en voyaient au dehors des preuves évidentes. Mais sa patience était plus grande que son mal. Tout ce que
je viens de dire, je l'ai su de Catherine, lorsque, touché de ses douleurs, je lui en demandai la cause. – Je dois ajouter que, au moment où son père expirait, on l'entendit s'écrier, le visage tout joyeux et le sourire sur les lèvres : "Que Dieu "soit béni ! Mon père, je voudrais bien être comme vous." – Pendant qu'on célébrait ses funérailles et que tous pleuraient, Catherine montrait une véritable allégresse. Elle consolait sa mère et tout le monde, comme si cette mort lui eut été étrangère. C'est qu'elle avait vu cette âme bien-aimée sortir triomphante de la prison de son corps, et s'élancer sans obstacle dans l'éternelle lumière : cette vue l'avait inondée de consolation, parce que peu de temps avant, elle avait elle-même goûté le bonheur des clartés célestes.
 "Admirons ici la sagesse de la Providence : elle pouvait certainement purifier l'âme de Jacomo d'une autre manière, et le faire entrer sur-le-champ dans la gloire, comme l'âme du bon larron qui confessa Notre-Seigneur sur la croix ; mais elle voulut que ce fût par les souffrances de Catherine qui le demandait : et cela non pas pour l'éprouver, mais pour augmenter ses mérites et sa couronne. Il fallait que cette sainte fille, qui aimait tant l'âme de son père, retirât de son amour filial quelque récompense, et parce qu'elle avait préféré le salut de cette âme à celui de son propre corps, les souffrances de son corps profi-
tèrent au bonheur de son âme. Aussi parlait-elle toujours de ses douces, de ses chères souffrances ; et elle avait bien raison, puisque ces souffrances augmentaient les douceurs de la grâce en cette vie, et les délices de la gloire dans l'autre. – Elle m'a confié que, longtemps encore après sa mort, l'âme de son père Jacomo se présentait sans cesse devant elle pour la remercier du bonheur qu'elle lui avait procuré. Elle lui révélait beaucoup de choses cachées, l'avertissait des pièges du démon, et la préservait de tout danger."



Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904)
Le Dogme du Purgatoire






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XLV/45. – Avantages. – Reconnaissance des âmes. 



« Je ne me souviens pas, disait St Augustin, d’avoir jamais lu que celui qui prie volontiers pour les trépassés, ait eu une mort mauvaise ou douteuse. »

On raconte qu’une personne particulièrement amie des âmes du purgatoire avait consacré sa vie à les soulager. Etant arrivée à l’heure de sa mort, elle fut assaillie avec fureur par le démon qui la voyait sur le point de lui échapper. Il semblait que l’abîme tout entier ligué contre elle l’entourât de ses infernales cohortes. La mourante luttait depuis quelques temps au milieu des plus pénibles efforts, lorsque tout à coup elle vit entrer dans son appartement une foule de personnages inconnus, mais resplendissants de beauté, qui mirent en fuite le démon, et s’approchant de son lit, lui adressèrent des encouragements et des consolations toutes célestes. Poussant alors un profond soupir et transporté de joie, elle s’écria : « Qui êtes vous, qui êtes vous de grâce, vous qui me faites tant de bien ? » « Nous sommes des habitants du Ciel, que votre aide a conduit à la béatitude, et nous venons à notre tour et par reconnaissance, vous aider à franchir le seuil de ce lieu d’angoisses pour vous introduire dans les joies de la Sainte Cité. »  A ces paroles, un sourire éclaira le visage de la mourante, ses yeux se fermèrent et elle s’endormit dans la paix du Seigneur. Son âme, blanche et pure comme une colombe, se présentant au Seigneur trouva autant de protecteurs et d’avocats qu’elle avait délivré d’âmes, et reconnue digne de la gloire, elle y entra comme en triomphe, au milieu des applaudissements et des bénédictions de tous ceux qu’elle avait tiré du purgatoire. Puissions nous avoir un jour le même bonheur !

Abbé Berlioux  Un Mois avec nos amies : les âmes du Purgatoire









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XLVII. – Avantages. – Faveurs temporelles. –
XLIX. – Avantages. – Faveurs temporelles et spirituelles. –

Plusieurs  auteurs,  dit  le P.  Rossignoli  (1), ont  rapporté  le merveilleux  secours  que reçut des âmes du  purgatoire Christophe  Sandoval,  archevêque  de  Séville.  N'étant  encore qu'un enfant,  il  avait  l'habitude de distribuer en aumône pour les âmes  une  partie de  l'argent qu'on  Iui  donnait pour ses  menus  plaisirs. Sa  piété ne fit que croître avec les années: il  donnait en vue des  âmes  tout ce dont  il pouvait  disposer,  jusqu'à se   river de mille choses  qui lui  eussent  été  utiles ou nécessaires.
Lorsqu'il  suivait  les cours  de l'Université de Louvain, il arriva que  les  lettres  qu'il attendait  d'Espagne,  restèrent en  retard, et par suite  il  se trouva dépourvu  d'argent, au point de  ne  plus avoir de  quoi  se  nourrir.  En ce moment un pauvre  lui  demanda  l'aumône au nom des âmes du purgatoire:  et, ce qui ne  lui  était  jamais arrivé, il  eut  la douleur  de  la devoir  refuser.
Désolé  de  cet  incident, !l entra  dans  une église:  Si je  ne puis pas donner d'aumône,  se disait-il,  pour mes  pauvres  âmes,  je veux  du moins  les  aider  en  priant  pour elles. »
A peine  avait-il  fini sa prière, qu'au sortir de  l'église il  fut abordé par  un beau  jeune  homme,  en  habit de  voyageur, qui  le  salua  avec  une bienveillance  respectueuse.
Christophe  éprouva  un  sentiment  de religieuse  frayeur,
  -,Ver". 43. 
comme  s'il  eût été en présence  d'un  esprit sous forme humaine..Mais  il  fut bientôt  rassuré  par  son  aimable  interlocuteur, qui lui  parla  avec  ..la  plus grande politesse  du marquis de Dania, son  père, de ses  parents,  de Ses  amis, absolument  comme un  espagnol,  qui  arrivait  à  l'heure même  de  la  Péninsule.  II  finit  par  le  prier  de venir avec lui  à l'hôtel,  où  ils pourraient dîner ensemble  et s'entretenir plus à l'aise.
Sandoval,  qui n'avait pas  mangé  de  la  journée, accepta volontiers  cette  offre gracieuse.  Ils se  mirent donc  à  table et continuèrent  à s'entretenir  très amicalement  ensemble.
Après  le  repas,  l'étranger remit à Sandoval une  certaine somme,  qu'il  lui pria d'accepter  pour  en  faire  tel  usage  qu'il lui plairait, ajoutant  qu'il se  la ferait rendre, quand  il voudrait par  le marquis son père,  en Espagne.  Puis, prétextant quelque affaire, il  se retira  et Christophe  ne  le revit  jamais. Malgré  toutes ses  informations au  sujet de cet  inconnu, il  ne parvint à aucun éclaircissement:  per- sonne,  ni à  Louvain  ni en  Espagne,  ne  l'avait vu, personne ne connaissait  un  jeune  homme  semblable.  Quant  à  l'argent,  c'était exactement  la somme  dont  le pieux  Christophe avait besoin  pour attendre  ses  lettres  en  retard; et  jamais cet argent  ne  fut réclamé  auprès  de sa  famille.



Voici comment  un saint religieux  de  la Compagnie  de Jésus, sut  reconnaître après sa mort, les services du médecin Verdiano qui  l'avait  traité  dans sa  dernière maladie. Le  frère  coadjuteur François La  qui était mort  au collège  de Naples  en 1098. C'était un homme  de  Dieu, plein de charité, de  patience et  d'une tendre dévotion envers  la Sainte  Vierge. Quelque  temps  après  sa mort, le docteur  Verdiano,  entra d'assez  bon matin  dans l'église
(1iMalvenda,  an. 1241.  
du collège  pour  entendre  la  messe  avant  de commencer  ses  visites. C'était  le  jour  où' l'on célébrait les obsèques  du roi  Philippe  il,  décédé  quatre mois auparavant.  Au moment  où, sortant  de  l'église,  il prenait de  l'eau bénite, un religieux  se présente  à  lui  et demande  pourquoi on avait dressé  le catafalque  et quel service on allait  célébrer? -  C'est  celui du roi Philippe il,  répondit-il.
En même temps Verdiano, étonné qu'un  religieux fit cette  question  à  un étranger,  et ne distinguant  point dans cet  endroit  peu éclairé  les  traits  de son  interlocuteur, demanda  qui il  était? -  «  Je suis, répondit-il,  le frère François  Lacci, à qui vous  avez  donné  vos  soins  durant ma maladie. »  -  Le docteur  le  regarde attentivement et  reconnait parfaitement les  traits  de Lacci. Stupéfait et saisi: « Mais,  lui dit-il,  vous  êtes  mort de  cette  maladie!
Vous  souffrez  donc au purgatoire  et vous  venez  demander des  suffrages.  -  Béni soit le Seigneur,  je n'ai plus ni douleur  ni  tristesse;  je n'ai plus besoin  de  suffrages:
 Je  suis  dans  les  joies  du paradis.  -Et  le roi Philippe  il,  est-il  aussi déjà au ciel?  -  Oui  il  y est; mais  placé au-dessous  de moi, autant, qu'il  était  élevé  au-dessus de moi sur la terre. Pour vous,  docteur,  ajouta Lacci, où  comptez-vous  aller  faire votre  première  visite  aujourd'hui?    Verdiano  lui ayant  répondu  qu'il allait de  ce pas chez  le patricien di Maio,  fort ,malade alors,  Lacci l'avertit  de prendre  garde à  un  grave danger qui  le menaçait  à la porte de cette maison.  En effet,  le médecin trouva  en cet endroit une grande pierre placée  de  façon, qu'en la  heurtant il  eût pu faire une chute mortelle  (1).
-  Cette  circonstance  matérielle semble  avoir été ménagée par  la Providence,  pour prouver à Verdiano qu'il n'avait pas  été  le jouet  d'une  illusion.
(1) Schinosi,  Istoria  della C. D. J.   Napoli.


L'abbé  Postel et  la servante  de Paris.


  Le  trait  suivant  est  rapporté  par l'abbé Postel,  traducteur  du P.Rossignoli. Il le  dit arrivé  à Paris  vers  1827, et  l'a inséré  dans  les Merveilles  du  purgatoire, sous  le numéro  51.,.  .
Une  pauvre  servante,  élevée  chrétiennement  dans  son village, avait adopté  la sainte  pratique de  faire dire chaque mois, sur  ses  modiques  épargnes,  une messe  pour les âmes souffrantes.  Amenée avec  ses maîtres dans la capitale,  elle n'y manqua pas une  seule fois, se  faisant d'ailleurs une  loi d'assister elle-même  au divin sacrifice, et d'unir ses  prières  à celles du prêtre,  spécialement  en faveur de  l'âme dont l'expiation avait plus besoin que de  peu  de  chose  pour  être achevée.  C'était sa demande ordinaire.  Dieu l’éprouva  bientôt par  une longue maladie,  qui (1) Voir Rossignoli Merv.16
non seulement  la  fit  cruellement souffrir,  mais  lui  fit perdre sa  place et  épuiser ses dernières  ressources.

  Le jour  où  elle put sortir  de l'hospice,  il  ne  lui  restait que vingt sous  pour tout argent. Après avoir fait au ciel une prière  pleine  de confiance, elle  se mit  en quête d'une condition. On  lui  avait parlé d'un bureau  de   placement  à l'autre extrémité  de la  ville,  et elle s'y  rendait, lorsque l'église de Saint-Eustache  se  trouvant sur sa  route, elle y' entra. La vue  d'un  prêtre  à  l'autel  lui  rappela qu'elle avait manqué,  ce mois à sa messe  ordinaire des  défunts, et que  ce  jour était précisément  celui, où depuis  bien des années  elle  s'était  procuré  cette  consolation.  Mais  comment faire? Si elle se  dessaisissait  de son dernier  franc,  il  ne lui  resterait  pas  même  de quoi apaiser  sa  faim.

 Ce  fut un combat  entre sa dévotion et  la  prudence humaine. La dévotion l’emporta . 
« Après  tout, se  dit-elle,  le bon Dieu voit que c'est  pour  lui,  et  il ne  saurait m'abandonner!  »
  -  Elle entre à la sacristie,  remet son offrande  pour une messe,  puis assiste  à  cette messe  avec  sa ferveur  accoutumée.
Elle continuait sa  route,  quelques  instants  après, pleine d'une  inquiétude  que  l'on comprend.  Dénuée  de  tout absolument, que  faire si un emploi lui  manque?  Elle était dans  ces  pensées,  lorsqu'un  jeune homme  pâle,  d'une  taille élancée,  d'un maintien  distingué,  s'approche  d'elle et lui dit:  «Vous cherchez  une  place?-  Oui, monsieur.-  Eh  bien, allez à  telle rue,  tel numéro,  chez Madame…je  crois  que vous lui  conviendrez, et que vous serez  bien là. »  -  Ayant  dit  ces mots,  il  disparut dans  la  foule des passants,  sans attendre les  remerciements  que  la pauvre  fille  lui  adressait.
Elle se fait  indiquer  la  rue,  reconnaît le  numéro  et monte  à l'appartement.  Une  domestique  en  sortait,  tenant un  paquet sous le  bras, et murmurant des paroles de plainte  et de  colère.  -  IX Madame  y est-elle?   demanda la nouvelle  venue.  -  -«  Peut-être  oui, peut-être  non,
»  répond  l'autre;  que m'importe? Madame  ouvrira elle- même,  si cela  lui  convient:  je n'ai  plus à m'en mêler.


»  Adieu.»  Et elle descend. Notre pauvre  fille sonne  en  tremblant,  et une  voix douce lui dit d'entrer.  Elle  se  trouve en  face  d'une Dame  âgée, d'un  aspect vénérable,  qui  l'encourage à  exposer sa demande.  -  «Madame,  dit  la  servante,  j'ai  appris ce matin que  vous  aviez  besoin d'une  femme  de chambre,  et  je  viens m'offrir  à  vous, on m'a assuré que vous m'accueilleriez  avec  bonté.  -  Mais,  ma  chère  enfant,  ce  que vous dites  là est  fort  extraordinaire..  Ce matin je n'avais  besoin de personne; depuis une  demi-heure  seulement  j'ai  chassé  une  insolente domestique,  et il   n'est pas une âme au monde, hors elle et moi, qui le  sache  encore.  Qui donc  vous  envoie?  -  C'est  un monsieur, Madame,  un jeune  monsieur que  j'ai  rencontré  dans  la rue, qui m'a  arrêtée  pour cela, et  j'en  ai béni Dieu.  car il  faut absolument  que  je  sois  placée  aujour-d'hui:  il  ne me  reste  pas  un sou.»
La vieille Dame  ne pouvait comprendre  quel  était  ce personnage  et se perdait en conjectures,  lorsque  la servante,  levant  les yeux au-dessus  d'un meuble du petit salon,  aperçut un  portrait.  «  Tenez, Madame, dit-elle aussitôt,  ne cherchez  pas  plus  longtemps: voilà exactement  la  figure du  jeune  homme  qui m'a parlé:  c'est  de sa  part que  je viens...»
A ces mots,  la Dame  pousse  un grand  cri et  semble  prête à perdre connaissance:  Elle se  fait  redire  toute cette  histoire, celle de  la dévotion  aulx  âmes  du  purgatoire, de  la messe  du matin, de la  rencontre de l'étranger;  puis se jetant au cou  de la pauvre  fille,  elle l'embrasse  avec  effusion, et lui  dit:«  Vous  ne serez  point ma servante,  vous  êtes dès ce moment ma  fille!  C'est mon  fils,  mon  fils  unique  que  vous  avez vu:  mon  fils mort  depuis  deux ans, qui vous  a dû sa délivrance,  je n'en  puis douter, et à qui Dieu a permis de vous envoyer  ici.  Soyez  donc

»  bénie, et prions désormais  ensemble pour tous  ceux  qui  souffrent avant d'entrer  dans  la  bienheureuse  éternité.  »

Freyssen.

Le Père Jacques  Munford, de  la  Compagnie  de  Jésus, né en Angleterre  en 1605, et qui combattit pendant  quarante ans pour la  cause  de  l'Église, dans  ce pays  livré à l'hérésie, avait  composé  sur  le  purgatoire un  ouvrage   remarquable (1),  qu'il  fit  imprimer  à  Cologne  par Guillaume  Freyssen,  éditeur  catholique  et bien  connu. Ce livre  se répandit beaucoup,  fit  un  grand bien dans les âmes,  et l'éditeur Freyssen fut  un de ceux  qui en  tira  les plus  grands  avantages.  Voici  ce qu'il  écrivit  au  Père Munford  en 1649.


  Je Vous  écris, mon Père, pour vous faire  part  de  la double  et miraculeuse  guérison de mon  fils  et de ma femme.  Pendant  les jours  de fête  où mon magasin était fermé,  je me mis à lire  le  livre  dont vous m'avez  confié l'impression:  De  la miséricorde  à exercer envers  les  âmes du  purgatoire. J'étais  tout pénétré  encore  de  cette  lecture, quand  on vint m'avertir que  mon  jeune  fils, âgé  de  quatre ans,  éprouvait  les  premiers  symptômes  d'une  grave maladie.  Le  mal  empira  promptement, les  médecins désespéraient,  et  déjà  on  songeait aux préparatifs de l'enterrement La pensée  me vint  alors que je  pourrais peut-être  le sauver  en faisant  un vœu  en  faveur  des  âmes du purgatoire.
» Je me  rendis  donc  à l'église  de grand  matin,  et  je suppliai avec  ferveur le  bon Dieu d'avoir  pitié  de moi, m'engageant  par  vœu à  distribuer  gratuitement  cent exemplaires  de  votre  livre aux ecclésiastiques  et aux  religieux, afin  de  leur  rappeler avec quel zèle ils  doivent s'intéresser  aux membres  de  l'Église  souffrante,  et  quelles sont  les meilleures  pratiques  pour  s'acquitter  de  ce  devoir.
J'étais, je  l'avoue, plein  d'espoir. De retour  à  la maison,  je  trouvai l'enfant en meilleur état.  li  demandait déjà de  la nourriture, bien que,  depuis  plusieurs  jours,  il

 1) De  la charité  envers  les  défunts.  Ce  livre a été  traduit  en français  par le P. Marcel Bouix.


 n'eût  pu  avaler  une  seule  goutte de  liquide. Le  lendemain, sa guérison était complète: il  se leva, sortit  en promenade  et mangea  d'aussi  bon  appétit  que  s'il n'avait  jamais été malade.  -Pénétré  de reconnaissance,  je  n'eus rien de  plus  pressé  que d'accomplir  ma  promesse:  je me  rendis au  collège  de.la  Compagnie,  et  je priais vos  Pères  d'accepter mes  cent  exemplaires: d'en garder  pour eux  ce qu'ils en  voudraient,  et de  distribuer  les  autres  aux communautés et aux ecclésiastiques  de leur connaissance;  afin que  les âmes  souffrantes,  mes  bienfaitrices,  fussent  soulagées  par de nouveaux  suffrages.
»  trois  semaines  après,  un  autre accident  non moins grave, m'arriva.  Ma  femme,  en  rentrant  chez  elle,  fut prise  tout à coup  d'un  tremblement dans tous  ses  membres,  tellement  violent, qu'il  la  jetait à  terre  et  lui  ôtait tout sentiment.
» Elle perdit bientôt  l'appétit et  jusqu'à  l'usage  de  la parole.  Vainement  on  employa  tous  les  remèdes,  le mal  ne faisait que s'aggraver  et tout  espoir sembla  perdu. Son confesseur,  la voyant en cet  état, m'adressait  des  paroles de consolation,  et déjà m'exhortait paternellement  à me résigner  à la volonté  de Dieu.  - Pour moi, après  l'expérience  que  j'avais faite de  la protection  des  bonnes âmes ,  du  purgatoire,  je me  refusais  à désespérer.  Je  retournai donc à la même  église; prosterné  devant  l'autel du Saint- Sacrement,  je  renouvelai  mes supplications avec toute
.l'ardeur  dont  j'étais  capable : «  0 mon  Dieu,  m’écriai-je,  votre miséricorde  est sans mesure. Au  nom  de cette bonté  infinie, ne permettez  pas  que  la guérison  de mon  fils  soit  payée  par la mort  de ma  femme!  »  -  Je  fis vœu  alors de  distribuer deux  cents exemplaires  de votre livre, afin  d'obtenir  pour  les âmes souffrantes  de nombreux secours. En même  temps je  suppliai  les  âmes qui avaient  été  délivrées  précédemment  d'unir leurs  prières  à celles des  autres, encore  retenues  en  purgatoire.
»  Après  cette  prière,  je m'en  retournais  à  la maison,


quand  je vis accourir mes serviteurs au-devant de moi. Ils venaient  m'annoncer  que ma  chère malade  éprouvait un soulagement  notable: le délire avait cessé,  la parole était revenue.  Je  courus m'en assurer; tout était vrai. Je lui  offre des  aliments, elle  les prend avec appétit  Très- peu de  temps  après,  elle  était si  complètement  remise, qu'elle  vint à l'église avec  moi, remercier  le Dieu  de  toute miséricorde.
 Votre Révérence  peut  ajouter  une foi entière  à ce récit. Je  la prie de m'aider  à  remercier  Notre-Seigneur  de ce  double  miracle. -  Freyssen.   



La femme  napolitaine et  le billet mystérieux.
Pour montrer que les  âmes  du purgatoire  témoignent leur reconnaissance  même  par des  bienfaits  temporels,  le P. Rossignoli  rapporte  un fait arrivé  à Naples,  qui a quelque  analogie  avec  celui qu'on vient  de  lire.
S'il n'est  pas  donné  à tous  d'offrir à Dieu  la riche aumône de  Judas  Machabée,  qui  envoya  à Jérusalem  douze  mille drachmes d'argent  pour les  sacrifices  et  les  prières en faveur  des  morts; il  en est  bien peu  qui ne puissent  faire au  moins  le don de  la  pauvre  veuve  de  l'Évangile, louée par  le Sauveur  lui-même.  Elle ne donnait  que  deux  oboles, mais, disait Jésus,  ces  deux  oboles  valaient  plus que  tout l'or des  riches,  parce  que  dans son  indigence,  elle avait donné  ce  qui lui était nécessaire  pour vivre (1). 

 Ce  touchant exemple  fut  suivi  par une  humble  femme napolitaine, qui avait  le plus grand mal à  subvenir  aux besoins  de sa famille. -  Les  ressources  de  la  maison se bornaient au salaire  journalier  du mari, qui apportait  tous les soirs  le fruit  de  ses  sueurs.
Hélas! un  jour vint où ce  pauvre  père  fut  jeté en prison  pour  dettes, en sorte que  toute la subsistance  de la famille resta  à  la  charge de  la  malheureuse  mère, qui n'avait plus guère  que  sa  confiance  en Dieu. Elle conjurait avec  foi la divine Providence  de lui venir en aide,  et

surtout de délivrer son mari, qui gémissait  sous  les verrous sans  autre  crime que  son  indigence.
Elle alla  trouver  un  seigneur  riche et bienfaisant,  lui exposa  sa  triste  situation et  le supplia avec  larmes  de  la secourir! Dieu  permit  qu'elle n'en  reçut  qu'une légère  aumône,  un carlin, pièce  du pays  qui  vaut un peu moins de cinquante  centimes.  Désolée,  elle entre  dans  une  église pour supplier  le Dieu  des  indigents  de  la  protéger  dans  sa détresse,  puisqu'elle  n'a plus  d'appui  sur  la  terre.  Elle était plongée  dans  sa  prière  et dans  ses  larmes,  lorsque,  par une inspiration -5ans  doute de son  bon ange,  il  lui  vient à la pensée  d'intéresser  à sa  situation les âmes  du purgatoire, dont elle  a entendu  raconter  les douleurs  et la  reconnaissance  envers  ceux  qui les  assistent.  Pleine  de  confiance,  elle entre à la sacristie,  offre  sa  petite pièce  et demande  qu'on lui  fasse  la charité d'une messe  des  morts. Un bon  prêtre qui était là  s'empresse  de  la satisfaire,  et monte  à l'autel, pendant que prosternée  sur  le  pavé, la pauvre femme assiste  au  sacrifice  et offre  ses  prières  pour les défunts.

Elle s'en  retournait toute  consolée,  comme  si  elle  eût eu  l'assurance  que Dieu avait  exaucé  sa  prière. En parcourant  les rues  populeuses  de  Naples,  elle  se  voit abordée par un vénérable  vieillard, qui lui demande  d'où  elle  vient et  où elle va.  L'infortunée  lui  explique sa détresse  et l'usage qu'elle a  fait  de  la modique  aumône  qu'on  lui  a  donnée.  Le vieillard se montre  fort  touché de  sa misère, lui adresse  des paroles  d'encouragement,  et lui  remet  un billet  fermé  avec  ordre  de  le porter de  sa  part à un gentilhomme  qu'il  lui désigne;  après  quoi il  s'éloigne.
La femme  n'a rien de  plus empressé  que de porter  le billet  au  gentilhomme  désigné.  Celui-ci, ouvrant  le papier fut tout saisi et sur  le point  de s'évanouir: il  a  reconnu l'écriture  de son père,  mort  depuis  quelque  temps.  -  Et d'où vous  vient cette lettre?  s'écrie-t-il  hors de  lui.
 -  Monsieur,  répond  la bonne  femme,  c'est  un  charitable  vieillard  qui m'a abordée  dans  la rue.  Je  lui ai

» exposé  ma  détresse  et il m'a dit  de  venir  vous  trouver  de  sa  part  pour  vous  remettre  ce billet;  après  quoi  il  s'est  éloigné. Quant aux  traits de  son visage, ils  ressemblaient  beaucoup  à ceux  du  tableau que  vous  avez  là  au-dessus  de  la porte. »
De  plus en plus  frappé de ces  circonstances,  le  gentilhomme  reprend  le billet  et lit  tout haut: « Mon fils,  votre père  vient de quitter le purgatoire, grâce  à une messe  que  la porteuse  de cet écrit a  fait  célébrer ce matin.
» Elle est  dans  une  grande  nécessité,  et  je vous  la recommande.»'  -  Il  lit  et  relit  ces  lignes tracées  par  une main si chère,  par un père qui est désormais  du nombre des  élus. Des  larmes  de bonheur  inondent  son visage; et se  tournant vers  la femme: «Pauvre  mère;  lui  dit-il, vous,  avez  avec  une  faible  aumône  assuré  la  félicité  éternelle  de celui  qui m'a  donné  la vie.  Je  veux  à mon  tour  assurer votre  félicité  temporelle.  Je me charge  de tous  vos besoins  de  vous  et  de  votre  famille.  »









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L. – Avantages. – Prières des âmes pour nous. 

On  lit  dans  la vie de sainte  Catherine  dé Bologne  (1), qu'el1e  avait une dévotion pleine  de  tendresse  pour les âmes  du purgatoire;  qu'elle priait  pour elles/Souvent  et avec  beaucoup  de  ferveur; qu'elle  se  recommandait  à elles avec grande confiance dans. ses besoins spirituels,  et qu'elle engageait  les autres à  le  faire, en  leur  disant:

 « Quand  je veux  obtenir quelque  grâce  de notre Père  du ciel, j'ai  recours aux âmes qui sont détenues  dans  le purgatoire:  je  les  supplie de  présenter  à  la  divine majesté  ma  requête  en  leur nom, et  je sens  que  je suis exaucée  par  leur  entremise.  »  - 

 Un  saint prêtre de notre  temps,  dont  la cause  de  béatification  est  commencée à Rome, le vénérable  Vianney, curé d'Ars,  disait  à un ecclésiastique  qui le consultait: 

« Oh!  si l'on savait  combien  grande est la  puissance des bonnes  âmes du purgatoire  sur le cœur  de Dieu, et si l'on connaissait  bien  toutes  les grâces que  nous pouvons obtenir  par leur intercession,  elles ne  seraient  pas  tant oubliées.  Il  faut bien  prier pour elles, afin qu'elles  prient bien  pour nous.  »

Cette  dernière  parole du vénérable  Vianney  indique  la vraie manière  de  recourir aux âmes  du purgatoire:  il  faut les aider pour obtenir en retour leurs prières et les effets de  leur reconnaissance:  n  faut bien  prier pour elles,  afin qu'elles  prient bien  pour nous.  Il  ne s'agit donc  pas  de  les invoquer comme  on  invoque les Saints du paradis;  tel n'est  pas  l'esprit de  l'Église,  qui avant  tout, prie pour les défunts  et les aide par  ses suffrages.  Mais  il  n'est nulle- ment contraire à I:esprit de l'Église, ni à la  piété chrétienne  de  procurer  des  secours  aux âmes  dans  l'intention d'obtenir  en retour par  leurs prières les faveurs qu'on désire. Ainsi c'est chose  louable  et pieuse d'offrir  une messe  pour  les défunts quand on a besoin d'une grâce particulière.
Si la prière des  âmes  est  si puissante  quand  elles sont encore  dans  les souffrances,  on conçoit aisément  qu'elle le sera  bien  davantage,'  quand,  entièrement  purifiées,  elles seront  devant  le trône  de Dieu.


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières






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LI. – Avantages. – Reconnaissance du divin Epoux des âmes. – 

Le Seigneur  est  plus  porté à récompenser  qu'à punir; et s'il  inflige le châtiment  de  l'oubli à ceux qui  oublient 1es  âmes  si chères  à  son  cœur,  il  se montrera magnifiquement  reconnaissant  envers  ceux  qui l'assistent  dans  la   (1) Matth. Vil,  2. Rossign.  Merv. 22,

personne  de ses  épouses  souffrantes.  Il  leur  dira  au  jour des  récompenses:  «  Venez, les  bénis  de  mon Père,  posséder  le royaume  qui vous  est  préparé. 

Vous avez  exercé la miséricorde  envers  vos  frères  nécessiteux  et  souffrants; 

or, en  vérité  je vous  le dis,  le bien  que  vous  avez fait  au moindre  d'entre eux,  vous  l'avez  fait  à  moi-même (1).



Catherine de  Sienne avait par  sa charité  converti une pécheresse,  appelée Palmérine, 

qui  mourut et  alla  au purgatoire. La sainte  ne se donna  point de  repos  qu'elle ne  l'eût  délivrée:  en  récompense  le Sauveur permit à cette  âme  bienheureuse  de  lui  apparaitre,  ou plutôt  lui- même  voulut la montrer  à sa  servante  comme  une magnifique  conquête  de  sa  charité.  Voici, d'après  le B. Raymond, les détails  de ce  fait.

Au milieu du  XIVe  siècle,  lorsque sainte  Catherine  de Sienne  édifiait sa  ville natale  

par toutes  sortes  d'œuvres  de miséricorde,  une  femme,  nommée  Palmérine,  après  avoir été  l'objet  de  sa plus  tendre charité,  conçut  pour  sa bienfaitrice  une secrète  aversion, qui  dégénéra  bientôt en une  haine  implacable.  

Ne pouvant  plus  la voir ni  l'entendre,  l'Ingrate  Palmérine  se  déchainait  contre  la servante  de Dieu et ne cessait  de  la  noircir  par les plus atroces  calomnies.  Catherine  fit  tout ce qui était en elle pour  l'adoucir:  ce  fut en vain;  aussi,  voyant  que  sa  bonté, son  humilité et ses  bienfaits  ne faisaient qu'enflammer  la fureur de  cette malheureuse,  

elle pria Dieu avec  instance  d'amollir  lui-même son  cœur  endurci.
Dieu  l'exauça en  frappant Palmérine d'une maladie mortelle  ; mais ce châtiment ne suffit pas pour  la faire rentrer  en elle-même:  en  retour  des  soins les plus tendres  que  la sainte lui  prodiguait, elle  l'accabla d'injures et la chassa  de sa  présence. 
(1)  Matth.  XXV.  40.  


- Cependant  sa fin  approchait,  et  un  prêtre  fut appelé pour  lui  administrer  les sacrements. La malade fut  incapable de les recevoir  à cause de la  haine  qu'elle  nourrissait  et qu'elle  refusait  de déposer. A  cette triste  nouvelle, Catherine  voyant que la  malheureuse  avait  déjà un pied dans t'enfer,  répandit  un  torrent  de  larmes et fut  inconsolable.

  Durant  trois  jours  et trois  nuits,  elle ne cessa  de supplier  Dieu pour elle, joignant  le jeûne à la  prière.

  «Eh quoi!  Seigneur, disait-elle,  permettriez-vous  que cette âme  périsse  à  cause  de moi? Je  vous  en conjure,  accordez-moi  à tout prix sa  conversion  et son  salut. Punissez sur moi son  péché,  dont  je  suis  l'occasion:  ce  n'est  pas elle,  c'est  moi qu'il faut  frapper. Seigneur,  ne  me  refusez  pas la  grâce que je  vous demande:  je  ne vous quitterai point  que je  ne  l'aie  obtenue. 

Au nom de votre bonté, de votre miséricorde,  je  vous conjure,  très miséricordieux  Sauveur, de ne pas permettre que  l'âme de ma sœur quitte son corps,  avant d'être  rentrée en grâce  avec  VOUS.  »

Sa prière,  ajoute  l'historien  de sa  vie, était  si puissante  i qu'elle  empêchait  la  maladè de mourir. 
 L'agonie  durait depuis  trois  jours  et trois  nuits,  au grand  étonnement des assistants.  Catherine  pendant  tout  ce temps continuait  à intercéder,  et  finit  par  remporter  la victoire.  Dieu  ne put lui  résister plus longtemps et fit un miracle  de miséricorde.

Un rayon céleste pénétra  dans le cœur de la moribonde, lui  fit  voir  sa  faute et la  toucha de  repentir. 
La  sainte, à qui Dieu  le  fit  connaitre,  accourut aussitôt;  et dès que la malade  l'aperçut, elle lui donna  toutes  les marques  possibles d'amitié  et  de respect, s'accusa de sa faute à haute voix,  reçut pieusement  les sacrements et mourut  dans la  grâce du  Seigneur.  ..  
,
  Malgré:  cette  conversion  sincère,  il  était  bien  à  craindre qu'une  pécheresse,  à  peine échappée à  l'enfer,  n'eût à subir  un  rude  purgatoire.  La  charitable  Catherine  continua  à faire  tout  ce qui  était  en elle pour hâter à Palmérine  son entrée, dans la  gloire.


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières


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La vénérable Archangèle Panigarola,  religieuse Dominicaine,  prieure

du monastère  de Sainte-Marthe,  à Milan,  avait un zèle extraordinaire pour le  soulagement  des âmes  du purgatoire. Elle priait  et faisait prier  pour  toutes  ses  connaissances,  et même  pour  les  inconnus,  dont la mort lui  était annoncée.  Son  père Gothard,  qu'elle aimait tendrement, était un  de ces chrétiens du  monde  qui ne s'occupent guère de prier  pour  les  défunts. Il  vint  à mourir,  et Archangèle  désolée,  comprenant  qu'elle devait  à ce cher défunt  moins  de  larmes  que  de  prières,  forma  la résolution de  le recommander  à Dieu  par des  suffrages  tout particuliers. Mais,  chose  étonnante cette  résolution  n'eut  presque aucun  effet: cette fille si pieuse  et si dévouée  à son  père, fit  peu de chose  pour  son âme:  Dieu permettait que, malgré  ses  saintes  résolutions,  elle la perdit constamment de vue pour s'occuper  des autres.  Enfin  un événement inattendu vint  lui donner  l'explication de  cet  oubli étrange et exciter  sa dévotion  en faveur  de son père.
Le  jour  de  la  Fête  des morts,  elle s'était  renfermée dans sa cellule,  s'occupant  uniquement d'exercices  de piété et de pénitence  pour les âmes.  Tout d'un coup  son ange  gardien  lui apparaît,  la prend par la main  et la conduit  en esprit en purgatoire. Là parmi  les âmes  qu'elle aperçut,  elle  reconnut  celle de  son  père,  plongée  dans  un étang  d'eau  glacée.  A peine  Gothard  a-t-il  vu sa  fille,  que, se soulevant  vers elle, il  lui  reproche en gémissant de l'abandonner dans ses souffrances,  tandis qu'elle a tarît de  charité pour les autres,  tandis  qu'elle ne cesse  de  soulager  et  de  délivrer  des  âmes  qui  lui  sont  étrangères.
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 Archangèle  demeura  interdite  à  ces  reproches qu'elle reconnaissait  mériter;  bientôt  répandant  un  torrent  de larmes,  elle  répondit  avec  des sanglots  :  Je ferai,  ô mon  bien-aimé  père,  tout ce  que  vous  me demandez:  plaise au Seigneur  que mes supplications  vous délivrent  au plus tôt.  »  -  Cependant  elle ne pouvait revenir de son étonnement,  ni  comprendre  comment  elle eut ainsi  oublié un père  bien-aimé. Son ange l'ayant  ramenée,  lui  dit que cet oubli  avait  été l'effet  d'une disposition  de la justice divine.  « Dieu  l'a permis, dit-il,  en punition du peu de zèle que votre père a eu durant  sa  vie pour Dieu, pour son  âme  et pour celles  de  son  prochain. Vous  l'avez  vu tourmenté et transi d'un  froid  insupportable  dans  un lac de glace: c'est  le châtiment  de  sa  tiédeur  au service de Dieu et de son indifférence  à l'égard du salut des âmes.  Votre père n'avait pas de mauvaises  mœurs,  il est vrai; mais  il  ne montrait  aucun  empressement  pour le bien,  pour  les  œuvres  pieuses  et  charitables  auxquelles l'Église exhorte  les  fidèles.  Voilà pourquoi Dieu  a per-mis  qu'il fût  oublié,  même  de vous, qui auriez  trop diminué ses  peines.  La divine  justice  inflige d'ordinaire ce  châtiment  à ceux qui manquent  de ferveur et  de charité:  il  permet qu'on  se  conduise à  leur  égard, comme  ils se  sont  conduits  envers  Dieu et envers  leurs frères.  »  -  C'est  au reste , la règle de justice que le Sauveur établit  dans  l'Évangile:  On se  servira  envers  vous de la mesure dont vous vous serez servis (1).



LII. – Avantages. – Charité envers les âmes récompensée par  Jésus-Christ. – 


Le  Docteur Angélique.  S.  Thomas  d'Aquin,  pareillement  fort dévot  envers  les âmes,.  Fut récompensé  par plusieurs  apparitions, que l'on a connues  par  l'irrécusable témoignage  de  cet illustre Docteur  lui même  (1).
Il offrait particulièrement  à Dieu ses  prières  et  sacrifices pour les défunts  qu'il  avait connus, ou qui étaient de  sa parenté. Lorsqu'il était lecteur  de  théologie  à  l'Université de Paris,  il  perdit une  sœur ,  qui mourut au monastère  de Sainte- Marie  de Capoue,  dont elle était abbesse..  Dès  que le  Saint apprit son décès,  il  recommanda  son  âme  à Dieu avec ferveur. Quelques  jours après,  elle  lui  apparut, le conjurant  d'avoir pitié d'elle,  de  continuer  et de  redoubler ses  suffrages,  parce  qu'elle  souffrait  cruellement  dans les flammes  de  l'autre vie, Thomas  s'empressa  d'offrir à Dieu toutes  les  satisfactions  ne  son  pouvoir,  et  réclama  en  outre les  charitables  suffrages  de  plusieurs  de  ses  amis,  Il  obtint ainsi la  délivrance de  sa  sœur  qui vint-elle-même  lui  en donner  l'assurance.
Ayant été peu de  temps après,  envoyé  à Rome  par ses supérieurs,  l'âme de cette sœur  lui  apparut, mais cette fois  dans tout  l'éclat  du  triomphe et  de  la  joie, et elle lui  dit, que  ses  prières  pour elle étaient  exaucées,  qu'elle était délivrée de  toute souffrance  et qu'elle  allait pour toute  l'éternité se  reposer dans  le sein  de Dieu. Familiarisé avec  les choses  surnaturelles,  le Saint ne  craignit pas d'interroger  l'apparition, et de  lui  demander  ce qu'étaient - 7 mars. Sa vie par Mafféi, et Ross. Merv.59- 

devenus  ses  deux  frères,  Arnould  et  Landolphe, morts aussi  depuis  quelque  temps.  « Arnould est au  ciel,  répondit l'âme, et il jouit d’un  haut  degré de  gloire,  pour avoir  défendu  l'Eglise  et Le Souverain-Pontife contre  les impies  agressions  de l’empereur Fréderic.  Quant  à  Landolphe iI  est  encore  dans le purgatoire, où  il  souffre beaucoup et a grandement  besoin de  secours.  Pour VOUS, mon cher  frère  ajouta-t-elle une place magnifique  vous attend dans le paradis en récompense  de tout ce que  vous avez fait pour l'Eglise .Hâtez-vous  de mettre  la dernière main aux divers travaux que vous  avez entrepris,  car vous viendrez  bientôt  nous rejoindre.  L'histoire  rapporte qu’en  effet  le  saint Docteur ne vécut plus  longtemps après.
Une  autre fois, le  même Saint,  faisant oraison dans l'église de S. Dominique à Naples,  vit  venir à  lui  le Frère  Romain,  qui  lui  avait succédé  à  Paris  dans  la chaire  de Théologie.  Le Saint  crut  d'abord  qu'il  venait d'arriver de  Paris, car il  ignorait  sa mort;  il  se  leva donc, alla  à sa rencontre,  et  le salua en s’informant de sa santé et des motifs  de son  voyage. -  « Je  ne  suis  plus  de  ce monde,  lui  dit  le religieux  en souriant;  et par  la miséricorde  de Dieu je  SuiS  déjà en possession  du  souverain  Bien. Je  viens par  ses ordres vous  encourager  dans  vos travaux.  -  Suis-je en état  de grâce? demanda aussitôt Thomas.  -  Oui, mon  frère, et  vos œuvres  sont très agréables à Dieu.   Et  vous, avez-vous  subi  le purgatoire  -  Oui, pendant quinze  jours,  pour  diverses  infidélités  que je  n’avais pas suffisamment  expiées  auparavant.»  .
Alors  Thomas,  toujours préoccupé  des  questions  théologiques,  voulut  profiler  de  l'occasion  pour  éclaircir  le mystère de la vision  béatifique;  mais  il  lui  fut  répondu par  ce verset du Psaume 47:  Sicut  audivimus, bic vidimus in  civitate  Dei nostri;  ce que  nous avions  appris par  la foi, nous  l'avons vu de nos yeux dans la  cité de notre Dieu. 
 -  En prononçant  ces  paroles,  l'apparition  s'évanouit,  laissant  l'angélique  Docteur  embrasé du désir  des biens éternels


Le  vénérable  Gratien  Ponzoni,  archiprêtre d'Arona,  s'intéressa toute sa  vie au  soulagement des âmes.
Pendant  la  fameuse  peste  qui  fit  tant  de  victimes  au diocèse de Milan,  Ponzoni;  non  content  de se multiplier pour administrer  les sacrements  aux  pestiférés, n'avait  pas craint  de  se faire  fossoyeur et  d'ensevelir  les  cadavres: car  la peur  avait  paralysé  tous  les  courages, et personne n'osait  se  charger  de cette  terrible  besogne. Il  avait  surtout  assisté à la  mort,  avec un  zèle et  une  charité  tout apostoliques, un grand nombre  de ces infortunés d'Arona; et  les  avait  convenablement  inhumés  dans le  cimetière  situé près  de son  église  de Sainte-Marie.
Un  jour,  après  l'office  de$ vêpres,  comme  il  passait auprès de  ce  cimetière, accompagné de  don  Alphonse Sanchez,  alors gouverneur d'Arona. Il  s'arrêta  tout  à  coup, frappé  d'une  vision  extraordinaire.  Craignant  d'être  le jouet  d'une hallucination,  il  se  tourna  vers don Sanchez, et  lui adressant  la parole:  Monsieur,  lui  demanda-t-il, voyez-vous  le  même  spectacle qui  se  présente  à  mes regards?  -  Oui,  reprit le gouverneur,  qui s'arrêtait  dans la  même contemplation  je  vois  une procession  de morts, qui  s'avancent  de leurs tombes  vers  l'église; et j'avoue  que, avant  que vous  m'en eussiez  parlé,  j'avais peine à  en croire  mes  yeux.  Assuré alors de  la réalité
de I’apparition, ce  sont probablement,  ajouta l'archiprêtre, les  récentes  victimes de  la peste  qui nous  font connaître  ainsi  qu'elles ont besoin  de  nos  prières. Aussitôt il  fit  sonner  les cloches et convoquer  les paroissiens  pour le  lendemain à  un service solennel en faveur  des  défunts (1).

Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières




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 LIV – Avantages. – Pensée salutaire. – Satisfaire en cette vie plutôt qu'en
 l'autre. –

Le 6 janvier 1676,  mourut  à Lisbonne,  âgé  de  soixante- dix-neuf  ans,  le serviteur  de Dieu Gaspar Lourenço,  frère coadjuteur  de  la Compagnie  de Jésus, et  porter de  la maison  Professe  de cet  Institut,  lI était  rempli de  charité pour les pauvres et  pour les  âmes  du  purgatoire,  Il  se dépensait  sans  ménagement  au service  des malheureux, et  leur enseignait,  merveilleusement  à  bénir Dieu de la misère  qui  devait  leur  valoir  le ciel.

 Lui-même  était si pénétré du  bonheur de  souffrir  pour  Notre-Seigneur, qu'il se crucifiait presque  sans  mesure et ajoutait encore à  ses  austérités,  la veille des  jours de  Communion.  A  l'âge de soixante-dix-huit  ans,  il n'acceptait  aucun  adoucissement  aux jeûnes et  aux abstinences  de l'Eglise,  et ne laissait  passer  aucun  jour sans  se  flageller au moins deux fois Jusque  dans  sa  dernière  maladie,  le  Frère  infirmier s'aperçut que  les approches mêmes  de Ia  mort  ne lui avaient  pas  fait quitter son  cilice:  tant il désirait mourir sur la croix.(1) lmit.l,.24.


Les  seules douleurs de  son agonie, qui  fut  cruelle, auraient du  lui  tenir  lieu  des  plus  rudes pénitences, Quand  on lui demandait s'il  souffrait  beaucoup?  Je  fais mon  purgatoire  avant de  partir pour le ciel, répondait-il d'un air radieux.  -  Le Frère Lourenço était né  le jour de  l'Epiphanie; et Notre-Seigneur  lui  avait révélé  que  ce beau  jour devait  être  aussi celui  de sa  mort.  Il  en  désigna même l’heure,  dès  la nuit  précédente;  et comme  l'infirmier en  le visitant vers  l'aube du jour,  lui  disait  avec  un , sourire  de  doute:  «N'est-ce donc pas aujourd'hui, mon Frère  que vous  comptez  aller  jouir de  Dieu?  -  Oui,  répondit-il, dès que  j'aurai  une  dernière  fois  reçu  le  corps  de mon Sauveur.  Il  reçut en effet la sainte communion;  et à peine eut-il  commencé  son action de grâces,  qu'il expira sans, effort, et sans  agonie.



Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières


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LV. – Avantages. – Enseignements/pensees salutaires. – 



Un autre  serviteur de Dieu  reçut  de la Sainte  Vierge elle-même  l'assurance  que les souffrances, terrestres  lui tiendraient lieu de purgatoire.  Je parle  du  ,Père  Michel de  la Fontaine,  qui s'endormit du  sommeil  des  justes  le 11  février  1606  à Valence  en Espagne.  II fut un des  premiers  missionnaires  qui travaillèrent  au salut  des  peuples du Pérou. Son  plus grand soin en  instruisant les nouveaux  convertis,  était de  leur  inspirer une horreur  souveraine du péché,  et de  les  porter  à  la dévotion  envers  la Mère de Dieu en  leur parlant  des vertus de cette  admirable Vierge,  et en leur  enseignant la  manière de réciter  le chapelet.

Marie de son  côté ne lui  refusait pas  ses  faveurs.  Un jour  que, épuisé  de  fatigue,  Il  gisait étendu  sur la poussière,  n'ayant  pas  la force  de  se  relever,  il  fut visité par Celle  que  l'Eglise  appelle  avec  raison  la Consolatrice  des affligés.  Elle ranima son  courage  en  lui disant : Confiance, mon  Fils: Vos fatigues vous  tiendront  lieu de  purgatoire;

supportez  saintement  vos  peines,  et au sortir de  cette  vie, votre âme  sera  reçue  dans  le  séjour  des  Bienheureux. Cette  vision  fut pour le  père de la  Fontaine, durant le reste  de sa  vie, et surtout à  l'heure  de  sa mort,  une  source abondante  de consolation.

 En  reconnaissance  de cette faveur,  il  pratiquait  chaque semaine quelque  pénitence extraordinaire. Au  moment  où  il  expira, un religieux d'une  éminente  vertu vit  son âme monter au ciel, dans la  compagnie  de  la Sainte  Vierge, du prince  des  Apôtres, de S. Jean  l'Évangéliste  et de  saint  Ignace,  fondateur  de la Compagnie  de Jésus.

 La  pensée  du  purgatoire  nous  presse  de  travailler  avec ardeur et de  fuir  les moindres fautes  pour éviter  les  terribles expiations  de  l'autre vie.  Le Père Paul  Hoffée,  qui mourut saintement  à Ingolstadt,  l'an  1608, se  servait de ce  stimulant pour lui-même et pour les autres. 

 Il  ne perdait  jamais de vue  le purgatoire et ne cessait  de soulager les âmes, qui  lui apparaissaient  fréquemment  pour solliciter  ses suffrages.  Comme  il  fut longtemps  supérieur  de ses frères  en  religion,  il  ,les  exhortait souvent à le sanctifier  d’abord eux-mêmes  pour  mieux  sanctifier ensuite  les autres,  et  à  ne  jamais  négliger  la  moindre prescription  de leurs règles; puis  il ajoutait avec  une  grande simplicité  «  Je crains  bien, sans  cela, que  vous  ne veniez  un  jour,  comme  ,p1usieurs  autres, me  'demander des  prières  pour  vous tirer  du purgatoire. »

  Dans ses  derniers  moments,  il  ne faisait plus  que s'entretenir avec  Notre-Seigneur,  sa sainte  Mère  et les Saints.  Il  fut sensiblement  consolé  par  la visite d'une  très-sainte  âme ,  qui l'avait  précédé  de  deux  ou trois jours à peine  dans le ciel, et  l'invitait  à venir lui-même  pour  jouir  enfin,  de  la vue  et de  l'amour  éternel  de  Dieu  (2).  ..
(1)  Matth.XXIII,  12.
{2)Ménologe  de  la COlnp.  de  Jésus,  Ii  décemb.

Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières

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LVII. – Avantages. – Stimulant de ferveur. – 


Nous ajouterons,  encore un  exemple,  celui  du célèbre Père Corbinelli.  Ce  saint  personnage  ne  fut  pas  exempté du purgatoire.  Il  est vrai  qu'il  ne s’y  arrêta  point,  mais il  eut besoin d'y passer avant d'être  admis devant la  face de Dieu.  Louis  Corbinelli,  de  la  Compagnie de Jésus, mourut  en odeur de sainteté  dans la  maison  professe  de Rome,  l'an1591,  presqu’en  même temps  que S.  Louis de  Gonzague.  La  mort  tragique  de  Henri  Il,  roi  de France,  l'avait  désabusé du siècle,. et décidé  à se consacrer  entièrement à Dieu.  L'an  1559  de grandes fêtes se célébraient  à Paris pour le mariage de la princesse Èlisabeth,  fille  de  Henrri  II.  Entre  autres  réjouissances,  on avait  organisé un   tournoi,  où  figurait  la  fleur  de ta noblesse,  l'élite  de  la  chevalerie  française. Le  roi  s'y montra  au milieu d'une cour  splendide.  Parmi  les spectateurs,  accourus tllê!Jl8 de l'étranger,  se  trouvait  le jeune Louis  Corbinelli,  venu de  Florence, sa  patrie,  pour assister  à ces brillantes  fêtes.

 Corbinelli contemplait  avec admiration  la gloire du  monarque Français,  au  faite  de la grandeur et de  la  prospérité,  lorsqu'il  le  vit  tomber soudain,  frappé d'un  coup mortel  par  un  jouteur  imprudent. La  lance mal  dirigée de Montgomery avait percé le roi,  qui  expirait  baigné dans son sang. En  un clin  d'œil  toute  cette gloire  s'évanouissait, et  la magnificence  royale  se  couvrait  d'un  linceul.  Cet  événement  fit sur Corbinelii  une impression  salutaire:  voyant à  découvert  la vanité des  grandeurs  humaines, il  renonça au monde  et embrassa  l'état  religieux dans la  Compagnie de  Jésus.  Sa  vie fut celle d'un saint et sa  mort remplit  de  joie ceux  qui en  furent  témoins.  Elle arriva peu  de jours avant  celle  de S. Louis de Gonzague alors malade au collège romain. Le  jeune  Saint annonça  au Cardinal Bellarmin que  l'âme du père Corbinelli  était entrée  dans la gloire; et comme  le Cardinal  lui demanda  si elle  n'avait pas  passé  par Je  purgatoire?  « Elle y a  passé,  répondit-il, mais  sans  s'y,  arrêter.


Saint Pierre Claver,  l'apôtre des  nègres  de Carthagène, fut aidé  par les  âmes du purgatoire dans  l'œuvre de son apostolat,  Il  n'abandonnait  pas  les  âmes de  ses chers nègres  après  la mort:  pénitences,  prières, messes,  indulgences,  «  il  leur appliquait, dit  le  P. FJeurian,  historien de sa  vie,  tout  ce qui  dépendait  de  lui.  Aussi  arrivait-il souvent  que  ces  âmes  affligées,  sûres  de  son  crédit auprès de Dieu, venaient  lui demander  le secours  de  ses  prières. La délicatesse  et  l'incrédulité de notre siècle ajoute le même auteur,  ne m'empêcheront  pas d'en rapporter ici quelques  traits.  Ils paraîtront  peut-être  dignes  de  la raillerie des  esprits-forts; mais  ne suffit-il pas  de  reconnaître un Dieu  maître  de  ces  sortes  d'événements,  et que  d'ailleurs ils soient  bien attestés pour  qu'ils puissent  trouver place dans  une  histoire écrite  pour  des  lecteurs  chrétiens?

Un nègre  malade,  qu'il avait  retiré  dans  sa  chambre et  couché  dans  son  lit,  ayant  entendu  la nuit de  grandes plaintes,  la  frayeur  le  fit  courir promptement  au Père CIaver,  qui pour  lors était  à genoux  en  oraison:  « 0 mon Père,  lui  dit-il;  quel  est donc  ce  grand  bruit  qui m'effraye  ainsi et qui m'empêche  de  dormir!  Retournez, mon  fils,  lui  répondit le  saint homme,  et dormez  sans crainte. »  -  Alors;  l'ayant aidé  à se  remettre  au  lit,  et

lui  ayant  posé  la couverture  sur la tête,  II  ouvrit la porte de la chambre,  dit  quelques paroles,  et  tout  à  coup  les plaintes  cessèrent.  Plusieurs autres nègres  étant occupés  à travailler  dans une habitation éloignée  de la ville,  un  d'eux alla  pour couper du  bois  sur  une montagne  voisine. Comme  il approchait  de  la  forêt, il entendit que,  du haut d'un arbre, on l'appelait  par son  nom.  Il  leva les yeux  vers  l'endroit d'où  partait la voix, et ne voyant  personne,  il voulut s'enfuir  pour rejoindre ses  compagnons;  mais  il  fut arrêté  à un passage  étroit par un spectre  effrayant,  qui commença â décharger  sur lui de  grands  coups, avec  un fouet  garni de  fer  tout  rouge  de  feu,  en  lui disant:   Pourquoi  n'as-tu pas  ton chapelet  ?  Porte-le  désormais  et le  dis pour les âmes du  purgatoire. »  -  Le  fantôme  lui  ordonna ensuite  de demander à  la maîtresse  de  l'habitation quatre  écus  qu'elle  lui  devait, et  de  les  porter au P. Claver, pour faire  dire  des messes  à son  intention;  après  quoi il  disparut.

Cependant  au bruit des  coups  et aux cris  du  nègre, ses compagnons  étant  accourus,  ils le  trouvèrent  plus mort que  vif,  et encore  tout meurtri des  coups  qu'il avait  reçus, sans  pouvoir  leur dire une  parole. On  le porta à l'habitation, où  la  maîtresse  avoua qu'elle était  effectivement redevable de  la somme  en question  à un  nègre  qui était mort peu de temps auparavant.  Le P. Claver ayant été informé de  tout ce  détail, fit dire les messes  qu'on  demandait, et donna  un chapelet  au nègre,  qui ne manqua  plus de  le porter sur lui  et de  le réciter dans  fa suit

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LVIII. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Grande dévotion à la S. Vierge.
LIX. – Privilèges du S. Scapulaire.






Le  scapulaire  de Notre :Dame  du  Mont-Carmel,  dont nous parlons  ici, remonte pour son,  origine  au  XIII  siècle, et fut  prêché d'abord par  le Bienheureux  Simon Stock, cinquième Général de l'Ordre  des Carmes. Ce  célèbre serviteur de  Marie, né au comté.de Kent en Angleterre,  l'année 1180,  se  retira  jeune encore dans une forêt  solitaire  pour y  vivre  dans  la  prière  et  la  pénitence.  II  choisit  pour demeure le creux d'un  arbre,  où  il  attacha un crucifix  et une  image de la  sainte  Vierge,  qu'il  honorait  comme sa  Mère, et  qu'il  ne cessait d'invoquer  avec  le  plus  tendre amour. Depuis  douze ans il  la suppliait  de lui  faire  connaître  ce qu'il  pourrait  faire  de  plus agréable à elle  et à son divin  fils,  lorsque  la  Reine des cieux  lui  dit  d'entrer dans  l’Ordre  du Carmel,  particulièrement  dévoué  à  son culte.  Simon  obéit,  et, sous  la protection de Marie,  devint un religieux exemplaire, l'ornement  de  l'Ordre  des Carmes, dont  il  fut  élu  supérieur général en 1245. Un jour,  c'était le 16  juillet  1251,  la sainte Vierge  lui apparut,  entourée d'une multitude  d'esprits  célestes, et  le visage rayonnant  de  joie.  Elle  lui  présenta un  scapulaire de couleur  brune  en disant: 

« Reçois,  mon cher  fils, ce  scapulaire de ton Ordre:  c'est le  signe de ma confrérie  et la  marque  du  privilège  que  j'ai  obtenu pour  toi  et pour  les  confrères  du Carmel. 

 Quiconque  mourra, pieusement  revêtu de  cet habit, sera  préservé  des  feux  éternels.

C'est  un signe de salut, une  sauvegarde  dans  les périls, le gage  d'une paix et d'une  protection  spéciales  jusqu'à  la fin des  siècles.  »




Aussitôt Édouard 1er,  roi  d'Angleterre, saint Louis  IX,  
roi de  France,  et à leur exemple  presque tous  les  Souverains  de  l’  Europe,  ainsi  qu'un  grand  nombre de leurs sujets, prirent  le  saint  habit.  C'est  alors que commença  la  célèbre Confrérie du  Scapulaire,  qui  fut, bientôt  après;  canoniquement  ratifiée  par le Saint-Siège.
Non  contente d'avoir  accordé  ce  premier  privilège, Marie  fit une  autre promesse  à  l'avantage  des  associés  du scapulaire,  en  les assurant  d'une  prompte  délivrance  des peines du purgatoire. Environ  cinquante' ans après la mort du B,Simon "  l'illustre  Pontife Jean XXII  faisant oraison  de grand matin,' vit  apparaître  la Mère de Dieu,' environnée  de  lumière et portant  l'habit  du Carme.,  Elle lui  dit entre autres  choses  :  

Si, parmi les religieux   ou les confrères  du Carmel,  il  s'en  trouve  que  leurs  fautes  conduisent  en  purgatoire , 

je  descendrai  au milieu  d'eux comme  une  tendre Mère;  le samedi  après  leur mort; je délivrerai de  leurs  peines  ceux  qui s'y trouvent,  et  je les conduirai  sur la montagne  sainte  de  la vie éternelle.  »




C'est  en ces  termes  que  le Pontife fait parler Marie, dans la célèbre  Bulle du 3 mars  1322,appelée communément Bulle sabbatine, il la  termine par ces  paroles: « J'accepte donc  cette  sainte  indulgence,  je la ratifie et la confirme  sur  la  terre,  comme  Jésus-Christ  l'a  gracieusement accordée  dans  les cieux  par  les,  mérites  de  la très-sainte Vierge. 

Le Vénérable Père  Claude de  la Colombière  rapporte qu'une jeune  personne pieuse  d'abord,  et  portant  le saint scapulaire; eut  le malheur de s'éloigner  du bon chemin, 
Par suite  de  lectures  imprudentes  et de  la fréquentation de compagnies  dangereuses,  elle  fut  entraînée  dans  de graves  désordres  et  allait  tomber dans  le déshonneur.  Au lieu de se  tourner  vers Dieu  et  de  recourir  à la sainte Vierge, qui est  le refuge  des pécheurs,  elle s'abandonna à un sombre  désespoir.  Le démon  lui  suggéra  bientôt un remède à  ses maux,  l'affreux  remède du  suicide,  qui devait  la soustraire  à ses  misères  temporelles  en  la plongeant  dans  les  supplices  éternels. Elle  courut donc à la rivière, et revêtue encore  de son scapulaire  elle se  précipita dans  les  eaux. Chose  étonnante, elle  surnagea  au lieu d'enfoncer,  et  ne  trouvait point la mort qu'elle  cherchait. Un pêcheur  qui l'aperçut, voulut  accourir pour  la sauver; mais  la  malheureuse  le  prévint,  elle  ôta son scapulaire,  le  jeta loin  d'elle,  et  s'enfonça  aussitôt.  Le pêcheur  ne put la sauver,  mais  il  trouva  le  scapulaire  et reconnut  que cette livrée  sacrée  avait d'abord empêché cette  pécheresse  de mourir  dans l'acte de son  criminel suicide..

Abbé Berlioux  Un Mois avec nos amies : les âmes du Purgatoire



 A l'hôpital de Toulon se  trouvait un officier  fort  impie  qui refusait  de voir le prêtre. Il  approchait de  la mort et tomba  dans  une  sorte  de  léthargie. On profita de  cet  état pour lui mettre  un scapulaire,  à  son  insu.  Il  revint bientôt à lui et dit avec  fureur: « Pourquoi  avez-vous  mis du feu  sur moi, un feu qui me brûle?  Ôtez-le,  ôtez-le.  »  -  On enleva  le saint habit,  et  le moribond retomba dans  son assoupissement.  On  invoqua la  sainte Vierge et on essaya  encore  une  fois de  revêtir  ce malheureux  pécheur de son  saint habit.  Il  s'en aperçut, l'arracha avec  rage, el l'ayant  jeté  loin de  lui en  blasphémant,  il  expira.

Le second  privilège,  celui  de  la  sabbatine  ou  de  la délivrance,  consiste  a être délivré  du  purgatoire par la sainte Vierge  le  premier samedi après  la  mort. 

 Pour jouir  de ce  privilège  il  faut observer  certaines  conditions, savoir:

1- Garder  la chasteté  propre  à son état.  2-  Réciter
le petit office de la sainte Vierge.  Ceux  qui récitent l'office  canonial  satisfont par-là  même,  

Ceux qui  ne savent  pas  lire,  doivent à la place de  l’office,  observer  les  jeûnes  prescrits  par l'Église  et  faire  maigre  tous  les mercredis,  vendredis  et samedis.

  3° En cas de nécessité, l'obligation  de l'office,  l'abstinence  et  le  jeûne, peuvent être  commués  en d'autres  œuvres  pieuses par  ceux  qui  en ont le pouvoir.


 A Otrante,  ville  du  royaume  de Naples,  une Dame  de la  haute société éprouvait le  plus  sensible bonheur à suivre  les prédications d'un  Père  Carme, grand promoteur de  la dévotion envers  Marie. Il  assurait à ses  auditeurs  que  tout chrétien  portant pieusement  le  scapulaire et  observant  les  pratiques prescrites, rencontrerait la  divine  Mère au sortir de la vie,  et que cette grande consolatrice  des affligés viendrait,  le samedi suivant;  le  délivrer  de  toute souffrance  pour  l'emmener  avec elle  au séjour de la  gloire. Frappée  de si  précieux avantages, cette  dame  prit aussitôt  l'habit de  la saint!)  Vierge,  fermement  résolue  d'observer  fidèlement  les règles  de la confrérie. Sa  piété  prit de  grands  accroissements  : elle priait Marie jour  et nuit, mettant  en elle  toute  sa  confiance,  lui rendant  toutes  sortes  d'hommages:  Entre autres  faveurs qu'elle  lui  demandait,  elle  implorait  celle de mourir  un samedi,  afin d'être aussitôt délivrée du purgatoire.  Elle fut exaucée.  .
Quelques  années  après,  étant  tombée  malade,  malgré l'assurance  contraire  des médecins, elle déclara  que  son mal était grave  et la  conduirait à la mort. «  J'en  bénis Dieu, ajouta-t-elle,  dans  l'espérance  d'être bientôt  avec lui.  » - Sa maladie  fit en  effet  de  tels progrès,  que  le médecins  la jugèrent  sur  le point de mourir, et  déclarèrent à  l'unanimité  qu'elle  ne  passerait  pas  le  jour, qui était un  mercredi.  Vous  vous  trompez encore,  dit  la malade,  je vivrai  trois  jours de plus, et ne mourrai que  samedi.
L'événement  justifia  sa parole. Regardant  les jours  de souffrances  qui lui restaient  comme  un  trésor  inestimable, elle en  profita pour se  purifier et augmenter  ses  mérites.
Le samedi  venu, elle rendit l'âme  à son Créateur. Sa  fille,  très-pieuse  aussi, était  inconsolable  de  la perte  qu'elle  avait  faite. Comme  elle priait  dans  son  oratoire  pour  l'âme de  sa  chère mère, et  qu'elle  versait d'abondantes  larmes,  un  grand serviteur de Dieu,  favorisé  habituellement de  communications  surnaturelles vint la  trouver  et  lui dit:  « Cessez  de  pleurer, mon  enfant ou plutôt,  que votre  tristesse se change en  joie.  Je viens vous assurer de la part  de Dieu, qu'aujourd'hui  samedi, grâce  au privilège  accordé aux  confrères du  saint Scapulaire,  votre mère est montée au  ciel  et  a  été admise  parmi  les élus.. Consolez-vous  donc  et bénissez l'auguste  Vierge Marie, Mère  des  miséricordes.  »


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières


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LXI. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Charité.

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Nous  venons  de  voir  le premier  moyen d'éviter  le purgatoire,  une tendre  dévotion  envers  Marie; le second  moyen  consiste dans la  charité  et les œuvres  de miséricorde  sous toutes  les  formes.  Beaucoup  de péchés  lui  sont remis,  dit le  Sauveur  en parlant de Madeleine,  parce  qu'elle  a beaucoup aimé  (1), 

 -  Bienheureux  ceux  qui sont miséricordieux, parce qu'ils  obtiendront miséricorde (2), -  Ne  jugez point  et vous ne serez  point  jugés;  ne condamnez point  et vous  ne  serez pas  condamnés; remettez,  et  il  vous  sera remis {3); -  Si  vous remettez  aux  hommes  leurs offenses, votre  Père  céleste  vous  remettra  à vous aussi vos péchés  (4), Donnez  à quiconque  vous demande;  donnez  et  il vous sera donné:  car on  usera  pour  vous de  la même  mesure dont  vous  aurez  usé  pour les  autres  (0)  -Faites-vous  des amis  avec  les  richesses  de  l'iniquité, afin que,  lorsque  vous viendrez  à quitter  ce monde,  ils  vous reçoivent  dans  les tabernacles  éternels  (6),  -  Et le Saint-Esprit  dit par la bouche  du Prophète-Roi:  ,heureux  celui qui s'occupe  du pauvre et de l'indigent:  au jour  mauvais  le Seigneur  le délivrera

 Un Seigneur  romain appelé  Jean  Patrizzi, venait de mourir.  Sa vie, quoique chrétienne, avait été comme  celle  de la  plupart  des  riches, fort  différente  de celle  du  divin  Maitre,  pauvre,  souffrant,  couronné d'épines; mais  heureusement,  il  s'était montré  fort charitable  pour  les  indigents,  allant  parfois  jusqu'à  se dépouiller de ses  vêtements pour  les  couvrir.    

Peu de jours après  sa mort, un saint prêtre étant en prière,  fut ravi en esprit et transporté  dans  la basilique de  Sainte-Cécile, l’une des  plus célèbres  de Rome. Là  il  aperçut une  troupe de  célestes  vierges, sainte Cécile,  sainte Agnès,  sainte  Agathe  et autres,  qui  se  groupèrent  autour d'un  trône magnifique  où vint s'asseoir  la Reine  des  cieux environnée  d'une  cour nombreuse  d'anges  et de bienheureux.

En ce moment parut une pauvre petite  femme,  vêtue d'une  méchante  robe, mais  ayant  sur  les  épaules  une  fourrure précieuse..  Elle se mit  humblement aux pieds  de  la céleste Reine, joignant  les  mains, les yeux pleins  de larmes, et dit en soupirant: 

«  Mère des  miséricordes,  au nom de  votre  ineffable bonté.  je  vous supplie d'avoir pitié du malheureux Jean Patrizi, qui vient de mourir et qui souffre cruellement dans le purgatoire.

 Trois fois  elle répéta  la même  prière, 
y mettant  chaque  fois  plus de  ferveur, mais sans recevoir,  aucune  réponse. Enfin, élevant  encore  la voix,  elle ajouta: 

«Vous avez  bien, ô très-miséricordieuse  Reine, que  je suis  cette  mendiante  qui, à la porte de votre  grande  basilique,  demandais l'aumône  dans  le cœur  de  l'hiver, sans  autre  vêtement qu'un misérable  haillon. Oh! comme  je tremblais  de froid!  C'est  alors que Jean, Imploré par moi au nom de  Notre-Dame,  ôta de ses  épaules  et me donna cette
précieuse  fourrure, s'en  privant lui-même  pour me  couvrir.  

Une si grande  charité,  faite en  votre nom,  ô Marie, ne mérite-t-elle  pas  quelque  indulgence?»

A cette touchante  requête,  la  Reine du ciel  jeta  sur  la suppliante un  regard  plein  d'amour. 

«L'homme  pour lequel tu  pries,  lui  répondit-elle,  est  condamné  pour longtemps  à de  rudes souffrances  à cause  de ses  nombreux  péchés.  Mais  comme  il a eu  deux  vertus  spéciales, la  miséricorde  envers  les  pauvres  et  la dévotion pour mes  autels,  je  veux  user de condescendance  en sa faveur. »

A  ces  paroles  toute  la  sainte assemblée  témoigna  sa joie et sa  reconnaissance  envers  la Mère  de miséricorde.
Patrizzi  fut  amené: il  était  pâle,  défiguré, chargé  de chaînes  qui  lui  déchiraient les membres.  

La Vierge le regarda  un moment avec une  tendre compassion,  puis ordonna  de  lui ôter ses  chaînes  et de  lui  donner  des  vêtements  de gloire,  afin  qu'il  pût se  joindre  aux  saints  et bienheureux  qui  environnaient  son trône. Cet  ordre  fut exécuté  à l'instant, et tout disparut.

Le saint prêtre qui avait  joui de cette vision, à  partir de  ce moment,  ne  cessa  plus de prêcher la  clémence  de Notre-Dame  envers  les  pauvres  âmes  souffrantes,  surtout envers  celles  qui ont eu une grande dévotion pour  son culte  et une  grande  charité pour les  pauvres  (1).  1) Ross. Merv.12



Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières



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LXII. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Mortification chrétienne.



Le  troisième  moyen  de  bien satisfaire  en  ce  monde, c'est la pratique  de la mortification  chrétienne  et  l'obéissance  religieuse.

Lorsque  S. Jean Berchmans disait, que  sa  principale mortification  était la vie commune, il  ne disait  pas autre  chose,  parce que la vie commune pour lui  résumait tous  les devoirs  de son  état.  .



La  bienheureuse Emilie, dominicaine,  prieure  du monastère de Sainte-Marguerite  à Verceil, inspirait  ses  religieuses  l'esprit  d'obéissance  parfaite, en vue du purgatoire. Un des  points de  la règle  interdisait de boire hors des  repas,  Il moins d'une  permission  expresse  de  la supérieure. Or  celle-ci, sachant,  ce que nous avons  vu plus haut, combien  le  sacrifice d'un  verre d'eau a de  valeur auprès  de  Dieu,  avait pour  pratique ordinaire  de  la refuser,  afin de  fournir à ses  sœurs  l'avantage  d'une  mortification facile;

 mais elle avait soin de leur adoucir  ce refus  en  leur  disant d'offrir  leur  soif  Il Jésus,  tourmenté d'une  soif si cruelle sur  la croix;  elle  leur conseillait  aussi de  souffrir  cette peine  légère  en vue  du  purgatoire  afin d'être moins  tourmentées  par les  ardeurs  des flammes expiatrices.

Il  y  avait  dans  sa  communauté  une  sœur appelée Marie-Isabelle,  qui avait  l'esprit trop dissipé,  aimait trop les conversations  et autres distractions extérieures.  Il  en résultait qu'elle avait peu  de goût pour  la prière, qu'elle était négligente  à l'office et s'acquittait à contrecœur  de
ce  devoir  capital. 

 Aussi  ne montrait-elle  aucun  empressement  à se  rendre  au chœur; mais  dès  que l'office ,était fini,  elle sortait  la première. Un jour  qu'elle s'en  allait ainsi à  la hâte et passait devant la  stalle de la Prieure, celle-ci l'arrêta:  « Où donc allez vous  si vite, ma bonne sœur  lui  dit-elle,  et qui  vous presse  de sortir  avant toutes  les  autres « La sœur,  prise  au  dépourvu, garda d'abord  respectueusement  le  silence;  puis  elle avoua  avec  humilité  qu'elle s'ennuyait à l'office et qu'il lui paraissait bien  long: -  «  C'est  fort  bien,  reprit  la Prieure; mais  s'il  vous en  coûte  tant de chanter, commodément  assise,  les  louanges de Dieu au milieu  de vos sœurs, comment ferez-vous dans  le  purgatoire, quand  vous  serez  retenue  au milieu des  flammes.  Pour vous épargner  cette  terrible épreuve,  ma chère  fille,  je vous  ordonne à l'avenir, de ne plus quitter votre  'place que  la dernière.

La sœur  se soumit avec  simplicité, comme  une  véritable enfant d'obéissance;  elle en  fut  bien récompensée.
Le dégoût  qu'elle  avait  éprouvé  jusqu'alors  pour des  choses de Dieu,  la quitta  et fit  place  à  une dévotion pleine  de douceur.  De  plus, comme  Dieu  le fit connaitre  à.  la Bienheureuse  Émilie, étant morte à  quelque  temps  de  là,  elle obtient une grande diminution  des peines qui  l'attendaient  dans  l'autre vie:  Dieu  lui  compta comme autant d'heures  du purgatoire,  les heures qu'elle avait passées dans  la prière en esprit d'obéissance .
 1) Diario  domenic.  3 mai.  Cf.  Mer".  60.  ---


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières




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LXIII. – Moyens d'éviter le purgatoire. – Les derniers sacrements.


Nous  avons  indiqué  comme  quatrième.-moyen de satisfaire en ce monde,  l'usage des sacrements,  et surtout  la réception  sainte et chrétienne  des  derniers  sacrements à l'approche de la mort.

Les  sacrements  qu'on doit recevoir  en  temps de maladie sont au nombre de  trois: la  confession,  que  l'on peut faire aussitôt  que  l'on veut; le saint  Viatique  et  l'Extrême- Onction,  que l'on  peut recevoir  dès qu'il  y a danger  de mort.'

Saint Alphonse  parle d'un malade,  qui ne  reçut que fort  tard  Extrême-Onction,  et mourut  bientôt après.
Or, Dieu  fit connaître,  dit  le saint Docteur, par voie  de révélation,  que s'il  eût reçu ce Sacrement  plus  tôt,  il aurait recouvré  la santé.1) Praxis  confess,  n. 274.

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LXIV. – Moyens d'éviter le purgatoire. – La confiance en Dieu,en sa miséricorde.




Le cinquième moyen d'obtenir  indulgence devant le tribunal de Dieu, c'est  d'avoir une  grande  confiance  dans sa miséricorde.  J'ai mis, Seigneur,  ma confiance  en  vous, dit le Prophète,  et  je ne  serai  point confondu  (1). Certes, celui qui a dit  au bon larron: Aujourd’hui tu seras  avec moi dans  le  paradis, mérite bien que  nous ayons en  lui une confiance sans bornes.  Saint  François de  Sales avouait, qu'à ne considérer  que  sa misère,  il  ne méritait que  l'enfer;  mais plein  d'une humble  confiance  en  la miséricorde  de Dieu  et dans  les mérites  de Jésus-Christ, il  espérait fermement  partager  un  jour  le bonheur des élus. «Et  que ferait Notre-Seigneur  de  sa  vie éternelle, disait-il, s'il ne  la donnait aux pauvres,  petites et chétives créatures  comme  nous, qui ne voulons  espérer qu'en  sa souveraine  bonté?  Vive Dieu!  J'ai cette  confiance  bien  ferme  au fond  du  cœur:,  que  nous  vivrons éternellement  avec  Dieu. Nous  serons  un jour  tous ensemble  au  ciel:  il  faut  prendre  courage,  nous  irons bientôt  là-haut. 

Il  faut disait-il  encore,  mourir  entre deux oreillers, l'un de  l'humble confession  que  nous ne méritons  que l'enfer;  l'autre d'une  ,entière  confiance  que Dieu dans sa  miséricorde  nous  donnera  son  paradis.


Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières

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LXV. – Moyens d'éviter le purgatoire. - Acceptation sainte de la mort.



Le  sixième  moyen  d'éviter  le purgatoire, c'est  l’acceptation humble  et soumise  de la mort, comme expiation  de nos péchés;  

c'est  l'acte  généreux  par lequel  on  fait à Dieu le sacrifice  de sa  vie, en  union  avec  le sacrifice  de  Jésus- Christ sur la croix.

Le  2  décembre  1638 mourut à Brisach,  sur la rive droite  du Rhin, le Père Georges  Aquitanus,  de  la Compagnie  de Jésus.  Deux fois il  se  dévoua au service des pestiférés. 

 Il  arriva qu'à deux  époques  différentes  la peste  exerça  ses  ravages  avec  tant de  fureur, qu'on ne pouvait guère  approcher  des malades  sans  être atteint de  la contagion.  Tout le monde  fuyait et  abandonnait les mourants  à leur  malheureux  sort; mais  le Père Aquitanus, mettant sa vie entre  les mains  de Dieu, se  fit le  serviteur et  l'apôtre des malades: 

 il  s'employa  tout entier  à les soulager et à leur  administrer les sacrements.  Dieu  le  conserva  durant  la première  période; mais lorsque  la  peste  eut repris  avec  recrudescence,  et que l'homme  de Dieu  fut accouru  une  seconde  fois au  milieu des  malades,  le Seigneur  accepta  son  sacrifice.

Alors,  quand,  victime  de  sa  charité,  il était  étendu  sur son  lit  de mort,  on  lui  demanda  s'il  faisait  volontiers  à Notre-Seigneur  le sacrifice  de sa  vie? --  «Oh!  Répondit- il  plein de  joie, si  j'en avais  des  millions à  lui  offrit,  il sait  bien  de  quel  cœur  je les  lui donnerais.  »

Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières

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LE CONDAMNE A MORT


 Le P. Vincent  Caraffa,  général  de  la Compagnie de Jésus,  fut  appelé à  préparer à  la  mort  un  jeune Seigneur condamné  au  dernier supplice et qui  se croyait voué à  la mort  injustement. 

Mourir à la  fleur de l'âge, quand   on est  riche, heureux,  et que  l'avenir nous  sourit, c'est  dur,  il  faut l'avouer; toutefois  un criminel, en proie aux remords de sa conscience,  pourrait s'y  résigner et accepter  le châtiment pour expier  son forfait;  mais un innocent!

Le Père  avait donc  une  tâche  difficile à  remplir. Néanmoins, aidé de  la grâce,  il  sut si bien prendre  le malheureux,  il  lui  parla avec  tant  d'onction des  fautes  de  sa  vie passée  et de  la nécessité  de satisfaire  à  la divine  justice, il  lui  fit si bien comprendre  comment  Dieu  permettait  ce châtiment  temporel  pour son  bien, qu'il dompta  sa  nature révoltée  et changea  complètement  les sentiments  de son cœur.  

Le  jeune  homme,  envisageant  son  supplice  comme une expiation qui  lui  obtiendrait  le  pardon de Dieu, monta sur  l'échafaud,  non seulement  avec  résignation, mais avec une joie  toute chrétienne. Jusqu'au dernier moment,  jusque sous  la  hache du  bourreau  il  bénissait en  implorant  sa miséricorde,  à  la grande  édification du peuple  qui assistait  à son  supplice.

Or, au moment  où sa tête tombait,  le  Père  Caraffa  vit son  âme monter  triomphante  au  ciel.  Il  alla  trouver aussitôt  la mère  du condamné,  et, pour la consoler,  il  lui raconta  ce qu'il  avait vu. Il  en était si transporté  de  joie, que,  de  retour dans sa cellule, il  ne cessait  de s'écrier:
Oh!  le bienheureux!  oh! le bienheureux!
La famille voulait  faire célébrer un  grand nombre  de messes  pour  le  repos  de  son  âme: « C'est superflu,  répondit  le  Père;  il  faut  plutôt  remercier Dieu  et  nous réjouir:  car  je vous  déclare  que  cette  âme  n'a pas  même par  le purgatoire.»
1) Par le Père  Bartoli.  Rossign.  Merv. 97. p.340
 Un autre  jour, qu'il  était occupé  à  quelque  travail,  il s'arrêta  tout  à  coup,  changeant de  visage  et regardant vers le ciel  comme  s'Il y apercevait un spectacle  merveilleux; puis on  l'entendit s'écrier: 0  l'heureux sort l O l’heureux  sort I  Et comme son  compagnon  lui  demandait  l’expiation  de ces paroles:   Eh! mon Père,  répondit-il,  c'est  l'âme du supplicié  qui m'est  apparue  dans  la gloire, Oh! que  sa  résignation lui  a été  profitable!»

Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières

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Si le malade  se  berce  lui-même d'illusions

si  au  lieu de  se  remettre  entre les mains de Dieu, il  ne songe  qu'à guérir. Lors même qu'il  recevrait tous les  sacrements,  il se  fait à lui-même un tort déplorable.



On  lit  dans  la Vie de  la vénérable  Mère Françoise du Saint-Sacrement,  religieuse de  Pampelune (2), qu'une âme  fut condamnée  à un long purgatoire  pour  n'avoir pas ,  eu au  lit  de  la mort,  une vraie soumission  à la  volonté, divine.

 C'était une jeune personne,  d'ailleurs pleine de piété; mais  quand  la main glacée  de  la mort voulut cueillir  sa  jeunesse  dans  sa  fleur, elle éprouva  dans  sa nature les plus vives résistances,  et n'eut pas le  courage  de se remettre entre  les mains, toujours bonnes,  de son Père céleste: elle ne  voulait  pas mourir  encore!... 

Elle  n'en mourut pas moins; et  la vénérable  Mère  Françoise,  si  fréquemment  visitée par les âmes  des défunts  connut  que celle-ci eut à expier  par de  longues  souffrances  son manque  de  soumission  aux décrets  de  son Créateur.

Abbé François-Xavier Schouppe,s.j. (1823-1904) Le Dogme du Purgatoire illustré par des Faits et des Révélations Particulières


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les-ames-du-purgatoire-sont-abandonnees


http://pecesita26.over-blog.com/article-les-ames-du-purgatoire-sont-abandonnees-111069624.html


résumé ;
Les âmes du Purgatoire sont abandonnées ; toutes les anciennes indulgences restent valables
Les morgues deviennent des lieux de supplice pour les défunts, parce que plus personne ne prie pour eux

L'incinération des corps n'est pas acceptée par le Ciel
« Le Ciel n'aime pas non plus que l'on incinère les corps. Après l'incinération du corps, il n'en reste plus grand chose. Il n'est plus possible, de ce fait, d'accompagner le corps à l'Église ou au cimetière.

 Il ne reste plus qu'un peu de poussière et de cendre. Le Très-Haut ne veut pas de l'incinération des corps. Il y aurait bien assez de place sur la terre pour construire des cimetières. On ne devrait pas construire tant d'autoroutes, qui ne sont pas vraiment utiles, et qui sont aussi l'occasion pour les hommes de commettre des péchés.

À chaque Messe, on doit faire mémoire des âmes du Purgatoire qui sont les plus tourmentées

Les cierges bénis et l'eau bénite soulagent les âmes du Purgatoire

Autrefois, dans de nombreuses régions, on faisait mémoire des âmes du Purgatoire en priant et en faisant brûler des cierges bénis sur les tombes, surtout pendant la veillée de Noël et le Jour de Noël. Plus qu'à tout autre moment de l'année, des âmes quittent le Purgatoire pendant la nuit de Noël, comme cela a déjà été révélé par le Ciel à différentes âmes privilégiées. »

A nos prières, les Anges gardiens descendent en Purgatoire
« On peut aussi envoyer au Purgatoire son Ange gardien, et les autres Anges aussi. Ils veulent consoler les âmes du Purgatoire, et c'est ainsi qu'ils le font : ils ne vont pas directement dans les degrés les plus bas, car ils n'en ont pas le droit. Ils ne peuvent y aller que si le Très-Haut les y autorise, parce que de telles âmes ont beaucoup, beaucoup péché. Mais, en dehors de ces cas-là, ils peuvent accéder à tous les degrés du Purgatoire pour consoler les pauvres âmes qui s'y trouvent. »


Les secours procurés par la prière aux âmes du Purgatoire profitent à ceux qui prient pour elles

« Comme nous devrions nous efforcer de changer de vie ! Ô vous, les hommes, vous avez tant de pouvoir entre les mains et vous faites si peu de choses, vraiment si peu de choses ! 

Vous passez devant les tombes de ceux que vous avez connus, comme des aveugles et des indifférents, devant ceux, qui, pourtant, ont vécu aussi, qui peut-être ont eu autant de succès que vous, dans la vie, et qui peut-être, eux aussi, ont été beaux, vivants, impulsifs et pleins de cordialité.

On les oublie, ou plutôt, on oublie de prier pour eux. On ne les oublie peut-être pas habituellement, mais, on prie beaucoup trop peu pour eux. On devrait, en cette époque de l'année...en ce mois des défunts, et tout particulièrement demain ou cette nuit, on devrait consacrer quelques heures à la prière pour les âmes du Purgatoire, si on en est capable et si on a une santé qui permet de le faire.

 Il y a un très bon petit livre de prières pour les âmes du Purgatoire, avec beaucoup d'indulgences, et où chaque indulgence est efficace, qu'elle soit de 300, 500, 700 jours ou de 5, 7, ans, etc. On devrait réciter toutes les prières de ce petit livre, plusieurs fois, ces jours-ci.